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C’est quoi ce bordel au Benfica Lisbonne ?
Au regard du classement, la situation du Benfica Lisbonne semble bonne, puisque le club lisboète est actuellement second avec le même nombre de points que le leader, le FC Porto. Ce serait oublier les dernières rencontres du SLB et la colère des supporters, qui ont caillassé le bus et vandalisé la maison de certains joueurs après un nul contre Tondela (0-0). Plus que jamais, la victoire semble impérative face à Portimonense pour les hommes de Bruno Lage.
Le 4 juin au matin, les supporters du Benfica Lisbonne pouvaient avoir le sourire. Après trois mois de pause en raison de la pandémie du coronavirus, ils allaient retrouver leur SLB. Et s’ils ne peuvent pas se rendre au stade, ils ont tout de même le droit d’aller au café du coin où la capacité d’accueil n’est plus limité à 50%. Mieux, 24 heures plus tôt, le FC Porto a manqué sa reprise à Famalicão (2-1), laissant la possibilité au Benfica de prendre la tête de la Liga Nos en cas de succès face à Tondela. Raté. Malgré le passage de l’aigle Vitória avant la rencontre et les 21 000 écharpes de supporters accrochées en tribune, les hommes de Bruno Lage se sont cassé les dents sur la défense de Tondela (0-0). Le début d’une soirée cauchemardesque. Alors que le bus ramène les joueurs au centre d’entraînement de Seixal, des pierres sont jetées sur les vitres dont les bris de glace touchent Andrija Živković et Julian Weigl, qui a forcément repensé à l’attentat dont il a été victime avec son club du Borussia Dortmund trois ans plus tôt. Dans le même temps, les domiciles de Bruno Lage, Rafa ou encore Pizzi – dont le portail a été tagué d’un sympathique « Fils de p***, tu es prévenu » – ont été vandalisés. Ambiance.
Une montée de la violence
Des agissements que Luís Filipe Vieira a très vite condamnés dans des propos relayés par Record : « Ce qui est arrivé avec le bus est un crime. C’est l’une des choses les plus dégoûtantes et machiavéliques que j’ai vues. Les conséquences auraient pu être bien pire. Je ne sais pas si les auteurs sont des Benfiquistas ou pas, mais si ce sont des socios, ils seront bannis. » Si le président du Benfica Lisbonne a « espéré » que les coupables ne soient pas des supporters du SLB, le Correio da Manhã a confirmé que la police a identifié les suspects de l’attaque du bus : « Des éléments de la frange radicale des No Name Boys qui agissent pour leur propre compte. » Les No Name Boys étant un groupe de supporters non officiel du Benfica. C’est d’ailleurs un des membres des NNB – Luis Pina – qui avait provoqué la mort d’un supporter du Sporting Portugal en marge d’un derby en mai 2017 après l’avoir percuté en voiture et pris la fuite. Pour autant, cette montée de la violence au Portugal ne date pas de cette attaque du bus.
Il y a d’abord eu cet épisode de mai 2018 où une cinquantaine de supporters sont venus agresser les joueurs du Sporting Portugal. Provoquant ainsi les départs de Rui Patrício, Gelson Martins ou encore William Carvalho. Puis il y a eu le déplacement du FC Porto à Guimarães qui a vu Moussa Marega être victime de cris racistes et de jets de sièges. C’en est trop pour Pinto da Costa, qui a accusé João Paulo Rebelo, secrétaire d’État à la Jeunesse et aux Sports, quelques minutes après sa réélection à la tête du FC Porto : « Le gouvernement ferme les yeux sur ce qui se passe malgré les nombreux signalements qu’ils ont reçus. Il est responsable de la situation que nous vivons et de la violence dans le sport. » Avant de – Portugal oblige – mettre un petit tacle au Benfica Lisbonne : « Les responsables moraux sont ces messieurs qui, par fanatisme ou autre chose que je ne connais pas, essaient de blanchir tout ce qui est fait de mal de la part des supporters du Benfica. On (João Paulo Rebelo, N.D.L.R.) ne l’a pas entendu après les évènements de cette soirée. Alors que lorsque João Félix s’est fait bousculer par un gamin de 16 ans, il est monté au créneau. »
Une victoire en neuf matchs
Pour comprendre la colère des supporters du Benfica, il faut remonter avant le début du confinement. Non pas au 6 décembre, quand Bruno Lage est devenu l’entraîneur du SLB le plus rapide à atteindre la barre des 30 victoires en championnat (en 32 rencontres !). Mais plutôt au 8 février dernier et cette défaite à l’Estádio do Dragão face au FC Porto (3-2). Plus que relancer le championnat, ce revers va totalement déboussoler les Águias qui n’ont dès lors remporté qu’un seul match – un déplacement à Gil Vicente – pour deux défaites et cinq nuls, dont une élimination en Ligue Europa contre le Shakhtar Donetsk (2-1, 3-3). De quoi justifier le geste de certains supporters du Benfica ? Non.
En revanche, cela peut expliquer le passage de Luís Filipe Vieira dans les vestiaires à l’issue de la rencontre contre Tondela où il aurait balancé aux joueurs, selon plusieurs médias portugais : « Nous sommes le seul club en Europe qui n’a pas baissé les salaires pendant la pandémie, vous êtes des ingrats. Ce qu’il s’est passé ce soir est une honte. » Il faut dire que les chiffres donnent raison au président du SLB puisque le Benfica Lisbonne n’a donc remporté qu’une seule victoire sur ses neuf dernières rencontres toutes compétitions confondues. En cas de contre-performance sur la pelouse de Portimonense, Bruno Lage égalerait donc le « record » de José Antonio Camacho et de son remplaçant intérimaire Fernando Chalana en 2008. Entre-temps, Quique Sánchez Flores, Jorge Jesus et Rui Vitória n’avaient jamais fait pire que quatre victoires sur une série de dix matchs. Ce dernier connaît d’ailleurs bien cet Estádio Municipal de Portimão, puisque c’est à la suite d’une défaite là-bas en janvier 2019 qu’il s’est fait dégager de Lisbonne, laissant place à… Bruno Lage. Un éternel recommencement.
Par Steven Oliveira