- Disparition de Michel Hidalgo
Tigana sur Hidalgo : « C’était programmé, on le savait très affaibli »
Il a été l’un des premiers à apprendre le décès de Michel Hidalgo survenu hier après-midi, à l’âge de 87 ans. Débordé depuis par une vague d’appels, Jean Tigana est sorti ce vendredi matin de son habituel silence médiatique pour rendre hommage à l’homme qui lui a offert l’essentiel d’une vie d’homme : une carrière, et des souvenirs.
« C’était hier… Je ressens de la tristesse, évidemment, mais c’était programmé. On le savait, il était très affaibli. C’est d’ailleurs pour cela qu’on avait fait son anniversaire un mois et demi en avance, dans ce restaurant à Marseille. On était tous là. On était plusieurs à prendre la parole, il y a eu Michel (Platini), Henri Émile et moi. J’ai essayé de lui dire ce que je voulais lui dire, on a tous essayé de lui dire. Mais c’était compliqué parce que vous savez, il était très fatigué. Il avait des moments de lucidité, et à d’autres instants, il ne comprenait pas. Mais il était très heureux de nous voir, cela se lisait sur son visage. Ça fait partie des choses de la vie, malheureusement. Comme de devoir l’apprendre aux autres. Marius (Trésor), il ne savait pas avant que je l’appelle. »
« Au cours de ma carrière, j’ai eu la chance de le connaître deux fois : en équipe de France et à Marseille, lorsqu’il est revenu comme directeur général (de 1987 à 1991, N.D.L.R.). Sans Michel, je n’aurais pas fait cette carrière-là. Ce n’est pas grâce à lui que j’ai créé ma légende, c’est lui qui a créé ma légende. Avant, je n’avais jamais été sélectionné dans aucune sélection nationale, alors que j’avais tout gagné en jeunes. C’est lui qui m’a pris en A, sinon j’étais passé à travers les mailles de tous les filets. Et après ma carrière, j’ai eu la chance de vivre à Cassis, donc il venait régulièrement me voir à la propriété. On déjeunait ensemble, puis on passait l’après-midi à parler football. Il devait avoir d’autres passions dans la vie, sûrement même, mais à chaque fois, on parlait football. On évoquait des souvenirs, des anciens, des matchs, le passé. Il était toujours très curieux de ce que devenaient les anciens. Il se renseignait, savoir ce qu’ils faisaient de leur vie. Pour le moment, on ne peut même pas aller à l’enterrement. Donc on va organiser une messe à Marseille après tout cela, dès que l’on sera sortis de cette situation. Et puis j’organiserai quelque chose où on se retrouvera tous ensemble. On est en train de travailler dessus, on a déjà une idée de ce que l’on va faire. »
Et ce sera bien, forcément.
Propos recueillis par TD