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Thouroude : « Didier Roustan était le dernier punk du journalisme sportif »
Journaliste sportif français, Thomas Thouroude a passé de nombreux moments avec Didier Roustan, dont le décès a été annoncé ce mercredi. De la rencontre à Infosport + aux trajets en train pour Y a pas péno, l’ancien présentateur de L’Équipe du dimanche raconte son Didier Roustan.
« Didier, c’était avant tout un sentiment, une émotion. Je me souviens du jour où Maradona est mort. J’étais avec lui. Il parlait de Diego comme d’un “sentimiento”. Ça colle aussi pour lui. Didier était un penseur, un libre penseur d’une grande générosité et d’une grande bienveillance avec des idéaux auxquels il ne renonçait pas. C’était une personne formidable qui avait évidemment une très grande culture et connaissance du foot, mais qui voyait surtout le football dans sa globalité sous ses aspects culturels, politiques, économiques, sociaux. C’est pour ça que c’était toujours très intéressant de l’écouter raconter ses histoires de football. La dimension qu’il donnait au foot était globale et sociétale avant d’être purement sportive. C’était le football total, Didier Roustan. Ce football total qu’il aimait tant, romantique, esthétique. Le chemin plutôt que le résultat, ça l’a guidé toute sa vie.
Didier a toujours été en avance sur son temps, précurseur dans la manière de faire du journalisme sportif à la télé, dans les idées qu’il amenait dans ses reportages, la manière de filmer, parfois même dans la folie qu’il pouvait apporter. Il a perçu grâce à ce regard si particulier l’évolution du football, des médias et la manière de traiter le foot. Ça a été un des premiers à considérer le digital, à sa manière à lui avec ses podcasts interminables. (Rires.) Mais il a compris très rapidement que le digital allait révolutionner les médias dans leur ensemble.
Ma rencontre avec Didier s’est faite au début de ma carrière, à Infosport +. Il venait en plateau en tant qu’invité pour des émissions foot. Ce qui était magnifique avec lui, c’est qu’il considérait tout le monde comme son égal, tout le temps. Il vous mettait au même niveau qu’une personnalité, que n’importe qui. Il n’y avait jamais de condescendance chez Didier Roustan. Il était tellement passionné et dévoré par cette passion pour le foot, pour son métier, qu’il l’offrait, d’une certaine manière.
Le personnage Didier Roustan était fantastique. D’une certaine manière, il avait un côté punk. J’ai presque malheureusement envie de dire qu’il était le dernier punk du journalisme sportif. Il s’affranchissait de tout dogme, était tellement libre, d’un naturel absolu. S’il avait envie de venir en claquettes, il venait en claquettes, et ce, même sur un plateau TV ou pour une interview avec le plus grand footballeur de tous les temps. Il ne mentait jamais.
Si je dois citer un moment, je dirais les déplacements pour l’émission Y a pas péno. On allait parfois dans les clubs et les villes de France. J’essayais toujours de me mettre à côté de lui dans le train pour le faire parler de foot et qu’il me raconte ses histoires. Naturellement, il ne racontait pas forcément toutes ses histoires. J’allais les chercher. Il me racontait par exemple la manière dont il avait créé l’association des footballeurs (en concertation) avec Maradona, les heures, jours et semaines passées devant la maison de Diego en attendant qu’il veuille bien sortir. Il appelait Di Stéfano en direct, était en contact avec les plus grands tout le temps. »
AC