- La rubrique du mercredi
Surnom du jour : L’araignée noire
Lorsqu’on est le seul gardien à avoir gagné un Ballon d’Or depuis la création de l’institution en 1956, on mérite forcément un surnom qui a de la gueule. Né le 22 octobre 1929 à Tuchino dans la banlieue de Moscou, Lev Yachine a, donc, tour à tour eu droit à « la panthère noire » , « le lion de Moscou » ou « la pieuvre noire » . Mais celui qui restera à la postérité c’est « l’araignée noire » . Ces surnoms lui viennent de son habitude à être toujours vêtu d’une tenue noire et d’être doté d’une taille et d’une agilité hors norme qui lui permettent de réussir des arrêts incroyables, notamment sur les penaltys avec un total de 150. Respect.
Gamin, Lev n’est pas du tout destiné au ballon rond. Après s’être essayé à l’escrime, le tennis ou le water-polo, il se positionne en tant que gardien de hockey du Dinamo Moscou. Ces derniers cherchant un portier pour leur équipe de foot, Yachine passe de la glace à l’herbe, tout en restant fidèle au club géré par le police politique soviétique.
Il faudra attendre 1953 et le départ du titulaire habituel, Alexei Khomich, pour le Spartak Minsk, avant de voir Yachine devenir titulaire régulier tant avec son club qu’avec la sélection d’URSS. S’en suit cinq titres de champions d’URSS (1954, 55, 57, 59 et 63). Avec le maillot rouge « CCPP » , le gardien se démarque avec le premier Championnat d’Europe des nations, en 1960, où en finale, il écoeure l’attaquant yougoslave Bora Kostic, ce qui permet aux soviétiques de planter le but de la victoire en prolongation.
La suite de son idylle avec la sélection est moins glorieuse. Pour la Coupe du Monde 1962, victime d’un traumatisme crânien, le gardien commet des bourdes inhabituelles, notamment en encaissant quatre buts contre le Chili. Alors que l’Equipe le dit cuit pour le football, Yachine revient à son meilleur niveau la saison suivante. Son dernier titre de champion d’URSS en poche, le gardien se voit attribué le Ballon d’Or. Cerise sur le gâteau d’une carrière qui le verra auréolé de six titres de « meilleur gardien européen » et même meilleur gardien du siècle selon l’IFFHS (International Federation Football History & Statistics, ndlr). Enfin, il mettra tout le monde d’accord sur le pré, lors de l’édition anglaise de 66, où à 36 piges, il permet à son équipe d’atteindre la demi-finale, perdue contre l’Allemagne de Beckenbauer.
Amputé d’une jambe en 1986, Lev Yachine mourra quatre ans plus tard. Près de 20 ans après sa mort, la mémoire du dixième joueur du siècle, selon France Football, perdure. La force d’un mec qui a su avoir près de cinq surnoms.
NB