- Sortie So Foot #182
« Rashford, c’est le footballeur de demain »
C’est une histoire d’union qui excave les failles d’une nation divisée, mais raconte aussi la possibilité d’une société différente. Alors que le football est présenté comme une planète s’enfonçant toujours plus dans une dystopie où l’argent est roi, un jeune homme a décidé de sauver le monde.
À seulement 22 ans, Marcus Rashford a fait plier par deux fois le gouvernement quasi hégémonique de Boris Johnson afin qu’il prolonge l’aide alimentaire aux enfants défavorisés, de plus en plus nombreux en ces temps de crise. Partout dans le pays, et surtout à Wythenshawe, la banlieue sud de Manchester où il a grandi, il est devenu une icône populaire. Posé sur un pouf gris, Gavin Evans a les yeux qui pétillent dès qu’on évoque celui qu’il appelle naturellement Marcus. C’est au Norbrook Youth Club, le centre jeunesse qu’il gère à Wythenshawe, qu’il a rencontré un enfant qu’il décrit comme gentil, bien élevé, timide avec les adultes, mais à l’aise avec ses pairs. De 8 à 13 ans, Marcus s’y rendait tous les mercredis, plutôt que de participer à l’attroupement près des magasins en face de chez lui, où les gamins se précipitent aujourd’hui encore s’empiffrer de fried chicken en sortant de l’école.
Il participait à toutes les activités, que ce soit l’atelier d’arts plastiques, les jeux sur ordinateur ou jeux de société. « Un jour, il m’a battu à Puissance 4 en quatre coups, rigole Gavin. Alors que je lui avais dit que j’allais lui mettre une raclée. Il était mort de rire. Il est parti en courant le dire à tout le monde. » Le regard du quadragénaire est perdu entre les gouttes qui viennent s’écraser sur le synthétique du city stade du youth club. « Je pense vraiment que son aura, sa personnalité de leader tranquille feront qu’il sera un jour capitaine de l’équipe d’Angleterre, prédit-il, rêveur. Juste après Harry Kane. Ce serait incroyable pour Wythenshawe. »
Plongé dans ses pensées, Gavin laisse des blancs entre les phrases. On entend juste le bruit des pneus qui écrasent des flaques à l’extérieur et le groupe de vieilles dames qui jouent aux cartes dans la pièce adjacente, en fredonnant un air de Simon & Garfunkel. « C’est le héros de tous les enfants de Wythenshawe, conclut-il enfin. C’est le footballeur de demain. Maintenant, les enfants qui rêvent de devenir Marcus voient les joueurs professionnels comme des gens qui peuvent influencer les politiques et changer les comportements. Ils savent qu’il ne s’agit pas seulement de devenir joueur professionnel, mais aussi de revenir à ses racines et faire tout son possible pour inspirer un changement. Tu imagines, le genre de monde que l’on pourrait avoir, si tous les gosses qui l’idolâtrent se mettent à faire comme lui ? »
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