- SO FOOT #161
Quand Tapie faisait lui-même l’équipe
100 ans, ça se fête ! À l’occasion de l’anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale, So Foot a eu l’idée de proposer à son correspondant allemand 11Freunde d’imaginer un numéro spécial France-Allemagne.
Outre l’entretien croisé entre Michel Platini et Karl-Heinz Rummenigge, ce numéro propose de revenir sur la folle année du premier coach allemand à entraîner une grosse écurie française, 28 ans avant Tuchel au PSG : Franz Beckenbauer à la tête de l’Olympique de Marseille.
Dans cette table ronde d’anciens de l’OM, où Vercruysse, Boli, Amoros, Olmeta et tant d’autres se remémorent les meilleures anecdotes du passage du Kaiser sur le Vieux-Port, les entraînements sous les javelots d’athlétisme, les visites des policiers pour entendre les dépositions des joueurs ou les toros durant lesquels le coach allemand ne passait jamais au milieu, une scène revient dans toutes les bouches : l’agacement du coach face à l’interventionnisme de son président.
Celui qui le raconte le mieux est Gaëtan Huard, gardien remplaçant et victime indirecte de cette guerre des chefs. À l’époque, Beckenbauer lui annonce qu’il sera titulaire pour le match retour de Coupe d’Europe à Tirana, en octobre 1990 :
« Je vais jouer au golf l’après-midi et le président demande à ce que je le rappelle. « Ah Gaëtan, comment allez-vous? » Il me vouvoie déjà, ça sent pas bon. « J’ai appris que vous faisiez partie du déplacement. Beckenbauer a le pouvoir tactique et technique sur l’équipe, mais il n’a pas le pouvoir d’enlever certains joueurs sans me demander mon avis, et Olmeta fait partie de ceux-là. Alors vous restez à la maison. Ne vous inquiétez pas pour les primes, vous les aurez. » Le lendemain, on a rendez-vous au Vélodrome pour prendre le bus qui devait nous amener à Marignane. Tout le monde est en costard marron, j’arrive en jean et chemise à fleurs. Beckenbauer me voit et met un coup de coude à Osieck. Ils m’emmènent tous les deux dans le vestiaire du stade, où je leur raconte le coup de fil. Franz, dégoûté, me dit : « Ça commence à me casser les couilles, je vais aller au ski dans mon chalet à Kitzbühel et il va plus m’emmerder la vie. » »
À l’arrivée, Raymond Goethals est engagé deux mois plus tard pour remplacer Beckenbauer. La suite ?
MM