- Turquie
Peker, le mafieux derrière la crise
Dans son livre « Kirli Kramponlar » (Crampons sales), le journaliste turc Ecevit Kiliç décrit les relations entre la Mafia et le football local.
Interrogé par le Sunday’s Zaman, il juge les dernières décisions de la fédération turque (TFF) comme une preuve supplémentaire des corrélats entre dirigeants et crime organisé. Il décrit le rôle de Sedat Peker, condamné à 14 ans de prison en février 2007, dans le scandale des matchs arrangés. Il établit les liens entre le chef mafieux et le président du Fenerbahçe Aziz Yildirim, emprisonné à Metris depuis le début de l’enquête.
Kiliç pense que l’immobilisme de la TFF qui veut attendre le verdict des tribunaux avant de sanctionner est surtout motivé par la crainte des représailles. « Quand on regarde l’histoire du football turc depuis 1997-98, le nom de Peker revient souvent. Des présidents, des agents, des entraîneurs et même des joueurs ont bénéficié de son pouvoir. Mais avec Yildirim, c’est encore plus ostensible. En 1998, la Mafia est dans tous les grands clubs turcs. Ils ont leur propre candidat aux élections et quand Aziz devient président de Fenerbahçe, il n’a qu’une voix en plus que son adversaire » .
Le journaliste est alors persuadé que Yildirim est allé rendre visite à Peker, alors caché en Roumanie. Pour le compte du président, Peker aurait aussi organisé le tabassage du gardien Rüstü Reçber en 1999, coupable après une défaite de Fenerbahçe en Coupe de Turquie. Mieux, le criminel contrôlerait aussi par procuration des clubs comme Sivasspor, Rizespor et Giresunspor. Plusieurs élément viennent étayer la thèse de Kiliç et l’influence s’étendrait même bien au-delà « des footballeurs qui ont bénéficié de son aide pour leur business personnel. C’est le nom clé. Tout tourne autour de Sedat Peker. Il est au sommet. Et l’agence contrôlé par Olgun Peker (son frère d’armes) contrôle tous les transferts domestiques de joueur en Turquie. Son influence s’étend jusqu’au sein de la fédération. Les matchs arrangés n’en sont qu’une partie. Son système fonctionne depuis plusieurs années et à tous les niveaux du foot turc » .
Selon Kiliç, les matchs arrangés vont perdurer si la fédération choisit « de ne pas frotter la boue. Mais elle a peur de prendre des sanctions contre le Fener’ et que Yildirim se mette à parler » .
AlF