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La vice-présidente de la fédé palestinienne dénombre « 353 footballeurs décédés dont 91 enfants »
Alors que le football palestinien est à l’arrêt depuis plus d’un an, Susan Shalabi, vice-présidente de la Fédération palestinienne de football, se livre depuis Ramallah à Marca. « On a dû suspendre notre championnat. C’était trop dangereux pour les joueurs et les supporters qui voyagent. Notre équipe nationale s’entraîne à l’étranger, loin des familles. Certains jouent sans savoir si leurs proches à Gaza sont toujours en vie. »
Malgré tout, Shalabi souligne l’importance de maintenir un espoir pour les jeunes Palestiniens : « Nous discutons de la possibilité de relancer un championnat, car nous devons offrir une lueur d’espoir, même infime. »
Les chiffres et l’horreur
L’espoir ne pourra rien face aux coûts humains dont ont dû s’affranchir les Palestiniens depuis octobre 2023. « Nous avons perdu au moins 353 footballeurs, dont 91 étaient des enfants. Toutes nos infrastructures sportives ont été détruites ou gravement endommagées, dénombre-t-elle. Ni plus ni moins qu’un génocide. » Elle poursuit : « Pour les Palestiniens, il ne s’agit pas d’atrocités “équivalentes à un génocide”, mais d’un génocide diffusé en direct, dans un silence assourdissant. Des milliers d’enfants sont tués, les agences humanitaires sont attaquées, les écoles et hôpitaux détruits… même les camps de réfugiés sont bombardés. Il ne reste aucun endroit sûr. » Les stades n’échappent pas à l’horreur. Le stade, refuge ultime ? « Le mythique Al-Yarmouk a été utilisé comme camp de concentration par l’armée d’occupation. Les Palestiniens y ont été arrêtés, déshabillés, torturés. Certains stades sont même devenus des cimetières faute de place pour enterrer les morts. »
Le moment de désigner les responsables. « On a dénoncé les violations à la FIFA. Clubs des colonies dans la ligue israélienne, racisme documenté… Tout est resté lettre morte. Ils ont ouvert une enquête le 3 octobre (dernier). Si vous me demandez, je dirai que la FIFA n’a rien fait. Ils doivent encore prouver qu’ils peuvent agir. » À l’inverse, la Confédération asiatique de football (AFC) s’est montrée plus réactive à ses yeux : « Ils ont financé un hôpital de campagne à Gaza. Ce n’est qu’un début, mais on leur en est reconnaissants. »
En Europe, des tribunes s’élèvent en faveur de la Palestine. PSG, Liga, Bundesliga : des gestes qui touchent les principaux concernés. « Tous les Palestiniens, ici ou à l’étranger, leur sont profondément reconnaissants. Ces actions nous disent : “Vous n’êtes pas seuls.” » Alors, le football peut-il être un terrain de réconciliation ? Shalabi reste lucide : « Peut-être dans un futur lointain, mais pas aujourd’hui. Pas quand une des parties est responsable des décombres sous lesquels des milliers d’innocents sont enterrés. Pas quand on nie ton existence. »
MJ