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Au Mexique, l’entraîneur d’une équipe féminine accusé d’agressions et de harcèlement sexuels
Témoignages à l’appui, le média mexicain Proceso a publié une enquête au sujet de Jorge Gómez, entraîneur de l’équipe féminine de Necaxa, qui officie en première division mexicaine. Ce sont ceux de quatre joueuses anonymes (dont certaines ont quitté le club depuis) et de Rosa Romero Hernández, ancienne adjointe de Gómez. Elles l’accusent de harcèlement sexuel et d’agressions verbales et sexuelles. L’entraîneur de 42 ans, à la misogynie décomplexée, aurait même eu des relations avec des filles mineures, comme l’indique le témoignage d’une ancienne joueuse de Necaxa : « Ça me fait mal de savoir qu’il y a des filles que je connais qui sont tombées dans ça et, pire encore, des mineures. »
Las jugadoras del Necaxa, entre el acoso sexual, agresiones verbales y abuso de poder.
Un patrón en la Liga MX Femenil aparece de nuevo, ahora con el entrenador del Necaxa, Jorge Gómez, quien desde que dirigía al Puebla ha sido señalado por su conducta. https://t.co/RrzVlvw5Go
— Proceso (@proceso) December 7, 2023
Jorge Gómez avait déjà une certaine réputation avant d’arriver dans le club basé à Aguascalientes, comme l’explique une autre joueuse anonyme : « J’avais déjà entendu parler des rumeurs sur ce qu’il avait fait à Puebla et dans l’équipe nationale mexicaine, de coucher avec des joueuses pour les promouvoir comme titulaires. » La direction de Necaxa est au courant des pratiques de l’entraîneur consistant à inviter ses joueuses à son domicile (ou à leur demander qu’elles le conduisent à l’entraînement car il n’a pas de voiture) et de leur demander des faveurs sexuelles, avec pour elles le risque de se voir reléguées sur le banc en cas de refus.
L’une des joueuses témoigne aussi de certains messages qu’elle a reçus après avoir refusé de venir à une fête organisée par son entraîneur : « Quand je l’ai ignoré, il s’est énervé. Il nous a envoyé des messages sur WhatsApp ou Instagram, où il nous disait : “Venez à l’appartement” ou “Venez prendre un verre avec moi”. […] Lorsque j’ai appris que d’autres joueuses, y compris des mineures, étaient impliquées, j’ai contacté quelqu’un du conseil d’administration, mais rien ne s’est passé. Cette personne m’a raconté que lorsque le directeur sportif, Alberto Clark, a appris ce que faisait Jorge, il a dit : “Oh, il est très dragueur.” Il y a des joueuses qui ont fini par coucher avec lui, des mineures, parce qu’il leur avait promis qu’il allait booster leur carrière. Je connais deux mineures avec qui il a couché. Beaucoup de joueuses ont peur de lui. Des preuves ont déjà été présentées au conseil d’administration, des photos, des audios, des vidéos, des captures d’écran, et même les parents sont au courant, mais la direction ne fait rien. »
« Nous qui n’acceptions pas d’aller à des fêtes, en boîte de nuit avec lui ou dans son appartement, il a commencé à ne plus nous prendre en compte pour les matchs, raconte une autre joueuse. En revanche, celles qui étaient plus proches de lui ont commencé à obtenir plus de minutes. Environ quatre à six joueuses l’accompagnaient à des fêtes ou venaient à son appartement, et elles ont ainsi gagné leur place de titulaire. Certaines d’entre elles m’ont dit qu’elles ne voulaient pas continuer à sortir le soir avec lui, mais Jorge leur a dit que si elles disaient quoi que ce soit, elles ne joueraient plus pour Necaxa et qu’il ferait en sorte qu’aucune autre équipe ne les engage. »
En novembre, Rosa Romero Hernández a dénoncé sur ses réseaux sociaux le comportement de Gómez. « Il n’a pas de voiture, ce qui lui sert de prétexte pour demander aux joueuses de l’emmener en voiture », raconte-t-elle pour Proceso. « Au fil du temps, il a commencé à prendre des décisions étranges dans ses compositions d’équipe. Il a intégré des joueuses qui n’avaient pas beaucoup de qualités ni de temps de jeu auparavant, tandis que celles qui avaient plus de qualités étaient laissées de côté. Il y avait du favoritisme. »
De son côté, l’accusé nie et se dit ouvert à la discussion.
LP