Les vacances de Mr Berlusconi

S’il y en a un qui n’a pas perdu de temps cet été, c’est bien ce bon vieux Silvio. Pendant que ces cigares de ritals se la pétaient sur les plages de l’Adriatique, lui faisait voter des lois, passées comme des suppos.
Le 21 octobre dernier, un décret-loi visant à lutter contre la violence dans les stades de football italiens a ainsi été définitivement adopté par un vote des sénateurs.Ce texte, fortement décrié de l’autre côté des Alpes, prévoit notamment l’installation d’un grand nombre de caméras de surveillance dans les tribunes et aux alentours des stades, ainsi que la vente de billets nominatifs attribués à des places numérotées.

Selon ce décret-loi, l’accès aux stades sera tout simplement interdit aux personnes responsables d’incidents lors de matchs antérieurs ; des peines seront aussi infligées en cas de jets d’objets, de fumigènes, de scooters (San Siro, 2001) ou d’invasion du terrain, lorsque le match s’en trouve perturbé.
L’adoption de cette loi fait suite à une série de décrets ministériels discutés en juin. Le ministre de l’intérieur italien, Giuseppe Pisanu, s’est auto congratulé des premiers effets positifs de ces nouvelles mesures, claironnant que le nombre des blessés lors des rencontres avait diminué et que les arrestations avaient naturellement augmenté. La répression, quoi !

Ce décret-loi, approuvé par la Chambre des députés italienne, à l’origine voté pour lutter efficacement contre le terrorisme, donc « justifié et légitimé », ne fait pas l’unanimité au pays. Certaines dispositions de ce décret violent en effet le droit international ainsi que les normes en termes de droit humain. Par exemple, une personne peut être maintenue en garde à vue pendant 24 heures sans être inculpée, contre 12 heures jusqu’à présent. Elle autorise également les autorités chargées de l’application des lois à interroger un suspect sans la présence d’un avocat, ce qui supprime une mesure de protection importante d’une part contre la torture psychologique ou physique et d’autre part pour la tenue d’un procès équitable. On croirait lire le fameux « Patriot Act » de Buffalo Bush !

C’est afin de protester contre ces nouvelles mesures de sécurité du gouvernement italien, prévoyant l’introduction du « quasi flagrant délit », donc l’interpellation des fauteurs de troubles et contre le prix élevé des places que certains supporters du Milan AC ont décidé de boycotter le déplacement à Empoli, lors de la 9e journée de la Serie A : « nous allons continuer à protester contre les prix trop élevés des billets et contre le « décret Pisanu », en boycottant le match », a expliqué dans un communiqué l’un des groupes de supporteurs milanais du virage sud du stade de San Siro. « Nous n’organisons aucun déplacement (à Empoli). Sans les supporteurs, le football business n’existe pas et n’existera jamais. » Et sans Berlusconi, la connerie aurait-elle vraiment autant de sens ?

FS