- Tour de France
- 13e étape
- Bourg-Saint-Andéol et la Caverne du Pont-d'Arc
Dumoulin en rouleur, Froome en patron
Si le maillot jaune a trouvé plus fort que lui lors du premier contre-la-montre de ce Tour, il continue de creuser l’écart sur ses adversaires au général. Et si la course pour les deux autres places du podium était déjà lancée ?
L’époque n’aime pas le contre-la-montre. Pas assez spectaculaire et générateur d’audience paraît-il, l’effort solitaire a été réduit à sa portion congrue ces dernières années sur le Tour, loin des morceaux de bravoures de plus de 80 bornes (87,5km même lors de la victoire de Stephen Roche au Futuroscope en 1987) ou d’un tracé sur une autoroute luxembourgeoise qui vit Miguel Indurain reléguer la concurrence à quatre minutes. Le chrono tuerait le spectacle et serait injuste pour les corps trop légers des grimpeurs. Reste qu’il ne ment jamais sur l’état de forme des champions et qu’il oblige les escaladeurs largués à arrêter de jouer aux petits épiciers et d’enfin lâcher les chevaux sur leur terrain de jeu favori. Enfin, on est toujours en droit de rêver.
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Avec ses 37,5km, ses relances incessantes, son profil « mal plat » , ce contre-la-montre tracé dans les gorges de l’Ardèche a fait tomber quelques masques. À commencer par celui, inexpressif, de Nairo Quintana. Jamais dans le coup, le Colombien a déboursé plus de deux minutes sur Chris Froome, deuxième de l’étape derrière l’intouchable Tom Dumoulin. Impossible de bluffer pour le leader de la Movistar qui sera ravi de voir que son supposé équipier, Alejandro Valverde, ne s’est pas mis en RTT et a l’a même devancé de 20 secondes. Méga surprise, l’Espagnol n’a aucune intention de sacrifier ses ambitions personnelles. On ne devient pas altruiste à 36 ans.
Et on ne s’improvise pas non plus coureur de grands tours la trentaine entamée. Parti comme une bombe, Richie Porte s’est écroulé au fil des kilomètres. L’Australien devait effectuer un rapproché au général sur son exercice de prédilection, il risque de passer la troisième semaine dans la peau de l’équipier d’un Van Garderen toujours placé au général (6e) à moins qu’il préfère ouvrir la route pour Froome au nom de leur belle amitié. Comme prévu, l’addition a été salée pour les grimpeurs comme Fabio Aru, Dan Martin ou un Romain Bardet (7e) qui limite la casse malgré un départ diesel et quelques virages hasardeux. Moins bien qu’un Adam Yates qui continue d’étonner et s’accroche au podium à la troisième place.
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Et que dire de Baule Mollema ? Avec son style qui rappelle les heures sombres de Paco Mancebo ou Fernando Escartin, le Néerlandais pédale moche, mais efficace. Le leader de la Trek ne lâche que 51 secondes sur Froome et prend ses aises à la deuxième place du général. Voilà qui promet une belle bataille avec Quintana, Valverde, Bardet, Yates et les autres pour les marches basses du podium. Pour la plus haute, un homme en jaune a rappelé qu’il serait difficile à déloger si une moto ne pile pas sans prévenir devant lui. Avec une marge de 1’47’’, Froome peut voir venir. À moins qu’il nous surprenne encore et cherche à ambiancer encore une fois ce Tour de France lors des prochaines étapes.
Un mot sur le vainqueur de l’étape du jour. Wiggins quasi retraité, Cancellara proche du pot de départ, Tom Dumoulin confirme qu’il est la nouvelle référence chez les rouleurs. Le Néerlandais sait varier les plaisirs. Après son succès au sommet d’Arcalis, il a fait parler les watts et sa puissance sur un parcours taillé pour lui. Un type qui grimpe pas trop mal et roule très fort, quelque chose nous dit qu’il reviendra pour viser un podium. Et pourquoi pas plus si affinités.
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Par Alexandre Pedro