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Deux années d’emprisonnement avec sursis requis contre Christophe Mercier, auteur d’un tir de flash-ball ayant éborgné un supporter bastiais
« Ça ne me rendra pas ma vie d’avant, ça ne me rendra pas mon œil, ça ne m’enlèvera pas mon handicap. Je pense que j’ai perdu quoi qu’il arrive. » Ce témoignage, datant de 2017 est celui de Maxime Beux, un supporter du Sporting Club de Bastia.
Tout commence le 14 février 2016, lorsque le jeune homme se réveille à l’hôpital de Reims avec la moitié de l’œil gauche arrachée. Selon les premiers rapports de police, il se serait blessé seul, en tombant sur un poteau. Lui assure avoir été victime d’un tir de flash-ball. Le 25 janvier 2021, le tribunal administratif de Reims ordonnait la mise en accusation de Christophe Mercier, gardien de la paix, pour « violences volontaires avec usage ou menace d’une arme ayant entraîné une mutilation permanente ». Matthieu Bourrette, l’avocat général du supporter bastiais, a requis ce vendredi contre le policier une peine de deux années d’emprisonnement avec sursis.
Sans le jeter dans la fosse aux lions pour autant, l’avocat a tenu à ce que justice soit faite : « Une peine signifiante pour tous, mais une peine infamante pour personne… À la place qui est la mienne, j’accuse, mais je n’accable pas Christophe M.. Je l’accuse de sortir du cadre de la loi. Je l’accuse d’avoir frappé sans nécessité absolue et de manière disproportionnée. Je l’accuse d’agir en pleine possession de ses moyens, mais je ne vous accable parce que cette journée a été très tendue, parce que la situation à laquelle vous avez fait face était délicate, et la chance a pris la fuite. C’est compliqué, c’est un métier lourd d’être policier… Vous avez manqué de mesure, et votre jugement a été erroné, vous êtes sorti du cadre… »
Peu importe la peine retenue ou la disparition de la douleur, pour Maxime Beux, qui avait à nouveau pris la parole en mars dernier, c’est trop tard, les séquelles psychologiques sont trop profondes : « Quand tu m’avais interviewé en 2017, je crois que je t’avais dit que de toute façon, j’avais déjà perdu. Je maintiens ça. C’est la vérité. »
BG