Décès de Maurice Vidal
Sale temps pour le communisme Français. Alors que le PC fête son 90ème anniversaire en se demandant s’il ne s’agira pas de sa dernière grande commémoration, l’hécatombe continue parmi les figures historiques qui incarnèrent, dans tous les secteurs de la société, sa période faste -et paradoxe, rarement souligné, stalinienne- (en gros de 45 au début des années 70).
Maurice Vidal nous a ainsi quittés hier, 6 janvier, à près de 91 ans. Si son nom ne dit pas grand chose aux plus jeunes, le parcours de cet homme symbolise pourtant, à plus d’un titre, le rayonnement du communisme français dans cette France des trente glorieuses. Entré précocement dans le réseau « Combat » durant l’occupation, puis membre de l’organisation de jeunesse du parti à la libération, l’URJF, il va cependant surtout se faire un nom dans la presse sportive, qu’il rejoint auréolé de son passé de résistant (il est vrai que parmi les plumes de l’époque, les cas d’engagement patriotique s’avèrent assez rares et Jacques Goddet, patron de l’Auto puis éminence cachée de l’Equipe, ne se révéla pas par exemple particulièrement critique envers Vichy).
A ce moment le Parti Communiste, qui rassemble un quart des électeurs et certainement plus de 500 000 adhérents, veut sa presse spécialisée. Ce sera d’abord le quotidien « Sports » , qui périclitera devant le rouleau compresseur économique de l’Équipe. Maurice Vidal passe donc à la rubrique sportive de « Libération » (pas l’actuel, l’autre, fondé par Emmanuel d’Astier de la Vigerie). Toutefois ce sera surtout dans l’aventure de Mirroir Sprint, qu’il reprend à partir de 1949 – puis surtout avec « Miroir du Cyclisme » , cher au cœur de ce grand passionné de la petite reine, pendant qu’il laisse le soin de « Miroir du football » à François Thébaud – , qu’il acquiert ce que l’on appelle pudiquement « le respect de la profession » . Au point de recevoir en 1967 de la part de l’académie des sports le prix Henri Desgranges (un comble si l’on raisonne politiquement). Avec lui, se referment dans la tristesse parmi les plus belles pages de la gloire sportive du « grand parti de la classe ouvrière » .
Nicolas Kssis-Martov