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Dalić : « Si l’on perd demain, ce sera un séisme »
Zlatko Dalić, le sélectionneur de la Croatie, est venu souligner samedi en conférence de presse l'importance de l'esprit de famille qui règne au sein de son groupe et a même ouvert la porte à un début de spleen.
Depuis plusieurs semaines, Zagreb vit au rythme des exploits de la sélection et les images rappellent celles vues lors de la victoire de Goran Ivanišević à Wimbledon, en 2001. Comment le vivez-vous ?D’ici, on ne peut voir qu’une partie de ce qu’il se passe en Croatie, mais on peut déjà être fiers de ce que l’on a réussi à faire. Malgré la crise, malgré tous les problèmes que rencontrent les Croates au quotidien, on a réussi à donner du plaisir à notre peuple et je sais que si l’on perd demain, ce sera un véritable tremblement de terre, un séisme. Nos supporters sont notre première motivation.
La Croatie arrive à cette finale après avoir dû passer par trois prolongations successives. Comment sentez-vous vos joueurs physiquement ?
Demain, on s’apprête à disputer une finale de Coupe du monde. Les joueurs savent ce que ça représente et ce qui me fait plaisir, c’est qu’ils sont honnêtes avec moi. Si l’un d’entre eux ne se sent pas à 100% de ses capacités physiques pour demain, il me le dira. Il y a quelques petites blessures qui, j’espère, seront réglées d’ici demain.
Justement, quelle est la clé de votre succès en matière de gestion ?La relation que j’ai avec mes joueurs s’appuie sur le respect et la confiance. Je veux être ami avec mes joueurs. Ils acceptent mon rôle. Je suis celui qui prend les décisions, mais ils ont confiance en moi. On n’a pas le temps d’avoir des conflits, des litiges, des disputes… Je ne prends aucune décision avant d’avoir discuté avec eux. C’est un choix personnel. Nous sommes ici comme une famille depuis six semaines, et à la veille de notre retour à la maison, je peux vous dire que ça sera très difficile de se quitter.
Quelle est l’importance de Mario Mandžukić dans cette équipe ?Mario est un excellent joueur et il le montre partout où il passe, depuis le début de sa carrière. Tout entraîneur a besoin d’un joueur comme Mandžukić : il donne tout ce qu’il a en lui, ne fait aucune différence, une fois sur le terrain, entre ses amis et ses ennemis. Après notre tournée américaine il y a quelques mois, je lui avais expliqué qu’il serait mon avant-centre au Mondial. Il l’a accepté et il a marqué le but qualificatif contre l’Angleterre alors qu’il était aussi le premier à revenir défendre pour l’équipe. Et le plus important dans tout ça, c’est qu’il s’amuse en faisant tout ça.
Statistiquement, la Croatie n’a jamais réussi à battre l’équipe de France en cinq rencontres (trois victoires tricolores, deux nuls). Pensez-vous vos joueurs capables de changer le cours de l’histoire ?Je ne suis pas quelqu’un qui accorde une grande importance aux statistiques et elles existent pour être détruites. Demain, c’est une finale de Coupe du monde, nous nous sommes battus pour en arriver là et nous ne nous intéressons pas à l’adversaire. On veut que le monde entier nous
regarde jouer. On veut profiter de ce moment, c’est un instant incomparable dans une vie. Les joueurs qui sont là depuis dix ans ont joué dans des stades vides, parfois sans supporter, et sans courage, ils n’auraient pas pu en arriver là. Ça, les statistiques ne le racontent pas et demain, on jouera notre meilleur football. Le résultat, c’est Dieu qui le décidera.
N’est-ce pas finalement plus facile d’aborder cette finale que le huitième contre le Danemark ?C’est vrai que le huitième de finale contre le Danemark a été notre match le plus difficile de ce Mondial. Avant la rencontre, j’ai dit à mes joueurs que les neuf points pris lors de la phase de poules ne servaient à rien si l’on sortait de la compétition à ce moment-là. Aujourd’hui, il n’y a pas de pression. On va jouer dans un stade plein, le monde entier nous regarde. Chapeau aux joueurs de mon effectif qui ont remporté la Ligue des champions, mais là, c’est au-dessus. Nous représenterons la Croatie de la manière la plus digne possible et nous sommes prêts à accepter notre défaite si elle est méritée.
MB, à Moscou