- Tour de France
- 8e étape
- Pau–Bagnères-de-Luchon
Christopher frime
Dans une étape mouvementée, un temps menée par Thibaut Pinot, c'est finalement Christopher Froome qui s'est imposé en attaquant dans la descente du col de Peyresourde. Le message est clair : Froome ne se laissera pas déloger facilement.
Dans la région de l’immense François Bayrou, les coureurs ont passé une étape à basculer de gauche à droite, puis de droite à gauche. En danseuse sur les trois cols de ce parcours compliqué, le peloton a dû affronter la chaleur et l’immense Tourmalet. Tout le monde a semblé souffrir. Tout le monde, sauf les coureurs de la Sky et leur leader, Christopher Froome. S’il a déjà prouvé qu’il était un immense grimpeur – il n’y a qu’à voir la facilité avec laquelle il a déposé Majka en haut de Val Louron-Azet –, il vient de prouver qu’il était devenu un bon descendeur. Il aurait même pu devenir un excellent castrat s’il avait croisé un nid de poule.
Pinot plante une mine et l’explose lui-même
Pour ce deuxième jour dans les Pyrénées, les coureurs avaient semble-t-il décidé d’offrir du spectacle aux spectateurs. Dans le défilé, Thomas et Bakelants chutent avant de reprendre leur place sans bobos. Une fois le départ réel donné, aucune échappée ne parvient à partir. Le peloton reste vigilant jusqu’au bas du Tourmalet où le grand perdant de la veille, Thibaut Pinot, plante une mine et s’en va affronter, avec Rafal Majka et Tony Martin, le col le plus myhtique du Tour. La Sky prend alors les choses en main et tente de combler l’écart qui atteint rapidement les deux minutes. Mais Pinot, qui vise le maillot à pois, attaque près du sommet pour aller chercher les points devant Rafal Majka. Dans le col suivant, on prend les mêmes et on recommence. Pinot passe en tête devant Majka et s’empare virtuellement du maillot du meilleur grimpeur.
Chris Froome et Wout Poels qui n’ont pas respecté Rafal Majka. 😂 #TDF2016 pic.twitter.com/F5fyRUFJKl
— Le Gruppetto (@LeGruppetto) 9 juillet 2016
Seulement, après ses deux gros efforts pour animer la course, Pinot se relève et se fait reprendre par le peloton, toujours sous l’impulsion de la Sky. Près de rencontrer l’homme au marteau, le coureur français est même complètement distancé par le groupe qui se réduit de kilomètre en kilomètre. Dans le col de Val Louron-Azet, Majka parvient à se placer, mais se voit priver des dix points par Poels et Froome, trop faciles pour lui. Qu’importe, Majka prend six points et enlève le maillot à pois des épaules de Pinot, loin, très loin du groupe de tête. Alors qu’on n’en comptait aucun jusqu’alors, le Tour a connu son premier abandon : Michael Morkov, le coureur de la team Katusha qui avait fortement chuté lors de la première journée.
Sky’s the limit
Toujours emmené par les agents Smith, le peloton s’égraine et dépose tous les maillots distinctifs avant la dernière difficulté du jour : le col de Peyresourde. Comme souvent depuis quelques années, la performance de la Sky est invraisemblable de sérénité. Le peloton n’en est plus vraiment un et tous les grimpeurs français ou presque se font distancer. Seuls Dan Martin et Nairo Quintana restent au contact pour répondre à l’attaque puissante de Froome à 17 kilomètres de l’arrivée. Tout s’accélère alors et Froome, Quintana et Bardet se jaugent attaque après attaque. Dans ce mini-peloton de 14 coureurs seulement, c’est Froome qui passe en tête au sommet de Peyresourde et qui attaque dans la descente.
Chris Froome qui attaque au début de la descente ! C’est nouveau ça ! #TDF2016 pic.twitter.com/ChjfS4sB1n
— Le Gruppetto (@LeGruppetto) 9 juillet 2016
S’ensuit une descente hallucinante, dans une position nouvelle et pas vraiment esthétique. À plus de soixante kilomètres par heure, Froome et le peloton se courent après. Coup de génie ou risque inconsidéré, toujours est-il que le tenant du titre s’en va tranquillement vers sa première victoire d’étape et le maillot jaune. Derrière, Pierre Roland racle le mur et déchire son cuissard. Plus de peur que de mal, heureusement, pour le coureur français. Au final, Froome tient son premier exploit du Tour et envoie un message fort à ses quelques adversaires : il est toujours aussi fort. Et maintenant, il attaque même en descente.
Par Gabriel Cnudde