CAN : Bienvenue à Benguela
Benguela, à 400 kilomètres au sud de Luanda tresse son ennui provincial à la limite du désert. Un drôle d’endroit, façon « Coup de torchon », qui peut se vanter d’être paraît-il la capitale de la banane en Angola.
Ici, les Chinois sont partout. Ils construisent des casernes, un chemin de fer, un port et bien sûr le stade, Estadio Nationale Ombaka. Il sera peut-être achevé cet après-midi à 16h55, cinq minutes avant le coup d’envoi. Hier soir, les Angolais faisaient chauffer la perceuse pour essayer de terminer la construction des cabines de commentateurs. Les Chinois sont déjà en vacances. Ils regarderont Egypte-Nigeria avant de repartir au bled pour quelques mois. Peut-être que les Chinois ne le savent pas mais l’affiche aurait eu de la gueule il y a 15 ou 20 ans. Un peu moins aujourd’hui. La faute aux Nigerians, devenus quelconques à force de faire n’importe quoi.
Comme d’habitude, Shehata, le coach égyptien a instauré un « silenzio stampa » avant le match, histoire d’énerver tous les journalistes. Les Super Eagles étaient tout détendus. Daniel Amokachi, devenu assistant coach filmait avec sa petite caméra le moindre sous-événement du quotidien de sa sélection. Il y avait même Kanu, bientôt 67 ans, qui a fait semblant de courir. Un peu plus tard, les Mozambicains ont attendu 45 minutes leur escorte policière avant de se rendre à l’entraînement. Cela ne servait à rien de se presser. Ils ont couru trois minutes et pouf, le stade a été plongé dans le noir. Beaucoup de gens avec des accréditations autour du coup ont hurlé des « caralho! » dans leur téléphone mais la lumière n’est jamais revenue.
Les Mozambicains ont fait déplacer une voiture au bord du terrain. Ils se sont entraînés, sans ballon, à la lumière des phares. Du « air football » dans le noir. En Afrique, on a l’art de la débrouille.
JB