- Décès
Ben Bella ne dribble plus…
Ahmed Ben Bella, premier président de l’Algérie indépendante, vient de décéder à 96 ans.
Vous l’aurez sûrement entendu en boucle, celui que ses ennemis au bled aime d’abord à présenter comme un « marocain » , a connu une brève carrière de footballeur pro dans les rangs de l’Olympique de Marseille. Nous sommes en 1939. L’originaire de Maghnia est un jeune sous-officier au 141e régiment d’infanterie alpine, qui pour tuer le temps pendant cette « drôle de guerre » , joue beaucoup au foot. Or le club phocéen, s’il peut compter sur quelques pros étrangers non concernés par la mobilisation générale (le grec Dimitri Contopanos , le suisse Ferdinand Bruhin , …), doit remplumer ses rangs.
Ahmed Ben Bella endosse ainsi le maillot ciel et blanc, succédant dans le filon nord-africain à la « perle noire » Ben Barek. Il y retrouve Camille Malvy, pied-noir oranais et Emmanuel Aznar de Sidi Bel Abbès. Il ne rentre toutefois pas dès le départ dans l’équipe type, mais il est quand même titulaire face au FC Antibes ce 21 avril 1940, ou il score un des neuf buts des visiteurs. Le 10 mai, les panzers percent à Sedan. Il range les crampons, et sera un soldat exemplaire de la France Libre. Puis il rentre en Algérie et il sera donc un des neuf « chefs historiques » du Comité révolutionnaire d’unité et d’action (CRUA).
La suite est connue, comme son arrestation avec une délégation des principaux dirigeants du FLN après le détournement de leur avion le 22 octobre 1956 (il ne sera donc pas de la constitution de l’équipe du FLN). Il est ensuite renversé par le coup d’État de Boumedienne le 19 juin 1965, obsédé jusqu’à l’aveuglement selon la légende par la venue de la sélection brésilienne à Oran le 17 juin (il posa longuement en compagnie Pelé et Garrincha). Emprisonné jusqu’en 1979, il ne retournera en Algérie qu’en 1990.
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Nicolas Kssis-Martov