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Brest, le Finistère du divertissement

Par Simon Butel
Brest, le Finistère du divertissement

Déjà ébouriffant face à Lille avant la trêve internationale, le Stade brestois a confirmé samedi face à Saint-Étienne (4-1) son statut d'actuel meilleur troubadour de l'élite. Un championnat où l'équipe bretonne, aussi perméable derrière qu'emballante devant, alterne entre trous d'air, exploits et démonstrations collectives, le tout sans jamais déroger au spectacle. Ce qui fait du SB 29, véritable phare dans la grisaille de la Ligue 1, une bonne raison d'aimer à nouveau le foot en cette fin d'année 2020.

Il y a fin 2020 une forme de résignation, de renoncement, à s’enfoncer dans son canapé pour mater un match de foot. Qui plus est un samedi en fin d’après-midi : la soirée de la veille n’a été ni trop arrosée, ni festive, ni même animée, et celle qui vient ne le sera guère plus. D’autant que le constat est de plus en plus répandu : on frise l’overdose de ballon rond. Trop de matchs, trop de compétitions, trop de diffusions télé, et pas assez d’à-côtés pour faire la part des choses… Alors quelle place accorder à un Brest-Saint-Étienne, duel opposant les modestes 13e et 15e de Ligain ? Celle du désormais sacrosaint retour aux choses simples : un 4-4-2, des blases qu’on pourrait retrouver sur des feuilles de matchs de district, et un stade au nom de maire socialiste, ouvert aux quatre vents, bordé par un typique café-bar « Le Penalty » et aux tribunes surplombées par les immeubles voisins. Le foot du dimanche, planté en plein samedi au beau milieu de l’élite du foot français. C’est dans cet anachronisme que s’est une nouvelle fois noyé hier l’AS Saint-Étienne, battu pour la septième fois consécutive en Ligue 1 (4-1) à Francis-Le Blé. Ou plutôt fait rosser, par une équipe pourtant en mal de points elle aussi.

Le match d’après

Une surprise ? Pas pour quiconque a vu le Stade brestois à l’œuvre contre l’OM (2-3, 2e journée), Monaco (1-0, 6e journée), ou plus récemment contre Lille, à qui les hommes d’Olivier Dall’Oglio ont infligé leur unique défaite de la saison. C’était il y a deux semaines, dans la foulée de l’une des plus belles prouesses lilloises et françaises sur la scène européenne à San Siro. Une perf’ que les esprits les plus chagrins auront vite fait de relativiser, tant le traquenard semblait téléphoné pour les Dogues. Deux jours de récup’ à peine, un horaire de déjeuner, une humaine décompression : le couvert était dressé, et en bons crève-la-dalle, les Ty Zefs se sont gavés comme rarement, au point de friser l’indigestion après l’entracte. Mais les exploits ne trouvent leur sens que dans la rencontre d’après. Brest était donc attendu au tournant, samedi face à Sainté.

Verdict ? La Team Pirates a redonné un grand coup de collier pour éparpiller l’ASSE. Avec dans le rôle des locomotives Franck Honorat, Irvin Cardona (un but et une passe dé chacun) et le Ben Arfa du 2-9, Romain Faivre (un assist), de tous les bons coups. Difficile néanmoins de braquer le projo sur telle ou telle individualité, tant c’est collectivement que la force bretonne s’exprime – par intermittence certes – cette saison. Des sorties de balle propres sitôt que le jeu le permet, des récupérateurs (Belkebla et Lasne) se partageant l’organisation et le sale boulot dans la plus grande sobriété, des latéraux squattant dans le camp opposé et n’hésitant pas à s’incruster dans les seize mètres adverses avec succès (déjà trois pions pour Perraud, un pour Pierre-Gabriel), des ailiers permutant et flinguant à l’envi, de l’intensité dans les duels, des projections éclair vers l’avant, du jeu en première intention et une grosse présence dans la surface : ce cocktail maison, Saint-Étienne l’a bingé en première période, avant de traîner sa gueule de bois sur la pelouse de Le Blé.

Klopp, Bielsa, Gasperini… et Dall’Oglio

Le salut des Verts n’est ainsi passé que par les coups de pied arrêtés, un exercice dans lequel le SB 29 est pour le moins perfectible – ce qui le rend d’autant plus charmant – et a encaissé samedi son neuvième pion en onze journées. Un but portant à 42 le nombre de tremblements de filets lors des rencontres disputées par Brest : 19 pour, et 23 contre, pour une moyenne de 3,81 par match. Ce qui fait respectivement des Bretons la troisième meilleure attaque du championnat derrière les deux leaders actuels, Paris et Monaco, et la plus mauvaise défense de l’élite. Un paradoxe en forme de garantie, celle du spectacle, qui place la troupe de Dall’Oglio à la table des actuels meilleurs ambianceurs continentaux. À travers le Big Four européen, seules dix équipes présentent jusqu’ici meilleur rendement : le Liverpool de Klopp (4,25) et le Leeds de Bielsa (3,87) outre-Manche, le Bayern (5) et le Hertha Berlin (4,12) outre-Rhin, et un sextet transalpin composé de Benevento (4,28), l’Atalanta (4), Cagliari (3,87), Sassuolo, l’Inter et la Roma (3,85).

Inutile de zieuter du côté de Dortmund, de City, du Real ou du Barça : pour en prendre plein les mirettes, c’est dans le Finistère que ça se passe en ce moment. Ce n’était pourtant pas gagné. Entre les départs estivaux de Castelletto, Autret, Court ou Grandsir, celui programmé et conclu en fin de mercato d’Ibrahima Diallo, la volte-face de Grbić, la valise inaugurale à Nîmes (4-0) ou le zéro pointé lors des deux premières journées, il y avait franchement de quoi flipper pour les Ty Zefs cette année. Mais un recrutement malin et des principes de jeu simples, mais efficaces ont suffi en quelques semaines à faire du Stade brestois la caution plaisir d’un championnat qui – excepté Metz ou Lens – en est pour l’instant dénué. Une bonne raison d’aimer enfin 2020 et le foot dans une période où instances et diffuseurs sacrifient la qualité sur l’autel de la productivité. Une valeur refuge. Un peu comme cet ultime copain célibataire qu’on aime à retrouver le samedi soir quand tous les papas sont couchés, et qu’on sera tout heureux de rappeler sitôt le confinement levé. Pour ensemble écluser les bars et continuer de dire non à la maturité ou, mieux, s’offrir un pèlerinage au Pénalty et à Francis-Le Blé. Vivement 2021.

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Jean-Louis Gasset : « On n’est pas une équipe de merde »
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Lucas PERRIN of Racing Club de Strasbourg,Jean Eudes AHOLOU of Racing Club de Strasbourg and Matthis ABLINE of Auxerre during the Ligue 1 Uber Eats match between Strasbourg and Auxerre at La Meinau Stadium on March 19, 2023 in Strasbourg, France. (Photo by Franco Arland/Icon Sport)
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