- C4
- Barrages
- Qarabağ-OM
Boubacar Kamara, fort à la maison
Alors que l’Olympique de Marseille connaît une saison faite de très hauts et de très bas, entre matchs spectaculaires et brouilles internes, Boubacar Kamara, lui, retrouve de la sérénité. Tancé pour ses envies de départ, le milieu de terrain a préféré répondre sur le pré. Signe que l’OM ne saurait se passer de la patte de « Bouba » même pour, par exemple, s'assurer un avenir européen au moment de se déplacer à Qarabağ.
Jorge Sampaoli, Arkadiusz Milik, Dimitri Payet, Álvaro González, Steve Mandanda, Matteo Guendouzi ou Duje Ćaleta-Car. Autant de noms que de remous dans le vestiaire de l’Olympique de Marseille. Entre problèmes de positionnement sur le terrain ou griefs personnels, cette saison a « permis » aux Phocéens de retrouver une partie de leur identité : celle du chaos maîtrisé. Mais au milieu de ces crises éparses, Boubacar Kamara résiste. Sur la pelouse d’abord, en étant l’une des satisfactions de ces derniers mois ; et en dehors, en faisant preuve d’une maturité certaine face à ces vents contraires, parfois internes.
L’homme de terrain
Avant de se muer en leader discret, Kamara a d’abord laissé Sampaoli succomber à son charme. Non, l’inverse. Garantie dans l’entrejeu, « Bouba » a su monter en gamme afin de faire profiter l’Argentin de sa polyvalence. En 6, en 8 ou en défense centrale, difficile (aux côtés de Guendouzi) de trouver un joueur à la fiabilité aussi certaine. L’intéressé a tendance à banaliser sa capacité à s’adapter : « C’est évident, mais les footballeurs préfèrent jouer au sol plutôt que de dégager des ballons ou faire des têtes. Le coach Sampaoli a une nouvelle philosophie de jeu, et le poste de numéro 6 est différent avec lui. Avec Villas-Boas, on courait beaucoup, on permutait. Là quand je suis aligné dans une position définie, je dois apprendre à y rester. Le coach m’a, par exemple, appris à assimiler le rôle d’un numéro 6. Il nous a montré des images de Busquets et Rodri, notamment, qui le font très bien. » Un compte-rendu simplifié, ou simpliste, de prestations quasi parfaites.
Titulaire indiscutable (7 fois remplaçant sur 36 rencontres depuis le début de saison), Kamara a ainsi pu pallier les lacunes d’un secteur sans cesse pointé du doigt. Une zone de jeu minée par l’inconstance de Gerson ou les replacements de Valentin Rongier et Pape Gueye, tantôt relayeurs, tantôt latéraux, propices aux chantiers fous d’El Peludo Sampaoli. Des modifications, justement à l’origine des tensions visibles dans le vestiaire, dont « Arek » Milik s’est fait le porte-parole ces derniers temps. Confortablement installé au centre de cette organisation parfois illisible, Kamara s’est donc prémuni de tout débat. Pourtant, ce n’était pas gagné.
Partir pour mieux rester ?
Ce rythme de croisière, « Bouba » a bien failli ne pas y goûter. La faute à d’énièmes mercatos mouvementés, comme depuis près de deux saisons maintenant. Annoncé un peu partout en Angleterre, poussé par les millions de livres sterling émanant de Premier League, le joueur de 22 ans n’a jamais vraiment caché ses envies de départ. « Je n’ai pas encore pris ma décision, je suis toujours en réflexion. J’ai eu l’impression de ne pas avoir le choix, quand on m’a annoncé que je restais. Mais j’ai vite tourné la page. Ce n’est pas arrivé qu’à moi dans l’effectif. Mais maintenant, c’est passé. » En fin de contrat au mois de juin prochain et en position de force pour négocier, l’intéressé et son entourage n’avaient ainsi pas hésité à boycotter la conférence de presse prévue avant la réception de Troyes en novembre dernier.
Une attitude peu glorifiante, l’envoyant sur le banc dans cette victoire face à l’ESTAC (1-0). En arrière-plan, et au-delà de la bouderie, cette réaction illustre le manque de clarté d’un dossier siglé Pablo Longoria. Des négociations faisant un pas en avant, deux en arrière, laissant dans le flou l’un des derniers symboles de la formation marseillaise. En effet, il serait difficilement compréhensible de voir partir libre un gamin ayant intégré La Commanderie à 5 ans, aujourd’hui auréolé de 151 parties au plus haut niveau et dont les performances ont rarement déçu. La vingtaine à peine franchie, l’expérience et le vécu (déjà) de Kamara sauraient donc être récompensés d’une prolongation de contrat. Une donnée logique, à même de devenir réalité si l’OM parvenait à décrocher une place en Ligue des champions. De quoi assurer un avenir sportif concret à celui que l’on ne cesse d’évoquer aux portes de l’équipe de France (ou du Sénégal), et accessoirement renflouer les caisses d’un club provisoirement interdit de recrutement. Cette prolongation serait également l’occasion de faire basculer le statut d’un minot. Orphelin de Maxime Lopez, parti faire parler son talent à Sassuolo, Boubacar Kamara pourrait être le digne héritier d’un brassard de capitaine greffé aux bras des totems Payet et Mandanda. Un rôle dont il a sporadiquement pu profiter, mais auquel une nomination définitive ne saurait être qu’un bienfait. Surtout si ça lui permet de rester amarré au Vieux-Port.
Par Adel Bentaha