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Bouanga, Khazri, Boudebouz et le Forez enchanté
En bien meilleure forme depuis plusieurs semaines, l'AS Saint-Étienne est portée par son trio magique Bouanga-Khazri-Boudebouz, bien déterminé à porter le club vers le maintien. Face à Troyes, le peuple vert espère que l'enchantement sera encore de la partie pour terrasser un concurrent direct. Et c'est toute la Ligue 1 qui profite du talent de trois hommes retrouvés.
Messi, Neymar et Kylian Mbappé ? Dimitri Payet, Arek Milik et Cengiz Ünder ? Delort, Gouiri et Dolberg ? Ou même Martin Terrier, Gaëtan Laborde et Benjamin Bourigeaud ? Non, l’un des plus beaux trios de Ligue 1 de ces dernières semaines n’officie pas dans un club à la lutte pour le podium, mais bien pour sauver ses miches en Ligue 1. C’est dans le Forez qu’il faut se rendre pour voir à l’œuvre les trois artistes, à l’origine de la belle forme des Verts lors des dernières semaines. À la finition : un Denis Bouanga retrouvé, buteur décisif contre Metz, le 6 mars dernier. Le Gabonais relaie parfaitement Wahbi Khazri, touché récemment à la cheville, mais qui n’en reste pas moins le meilleur goleador des siens. À la baguette, derrière les deux flèches : Ryad Boudebouz en chef d’orchestre, plus haut sur le terrain depuis fin décembre.
Pascal Dupraz, atout confiance
Une date charnière qui correspond à l’installation sur le banc de Pascal Dupraz, homme décisif dans la mise en branle de la triplette sur cette deuxième partie de saison. « C’est un deuxième papa pour nous. Il est assez proche de tous les joueurs, même ceux qui ne jouent pas beaucoup, confiait récemment Boudebouz à Téléfoot à propos de son nouveau coach. Il donne beaucoup d’amour et aujourd’hui dans le football, certains ont oublié ce côté qui fait la beauté du foot. Les joueurs sont des hommes, on aime se sentir aimé dans un club. Ce coach-là nous l’apporte, cela fait la différence aujourd’hui. » De l’amour, Ryad et ses deux compères en reçoivent en pagaille, eux qui s’occupent match après match de redonner vie à un peuple vert qui ne demande qu’à s’enflammer.
De l’affection. Tel était donc l’un des ingrédients principaux pour voir le trio retrouver toute sa grâce. « Je suis vraiment passionné de football. J’exerce ce métier pour kiffer, affirmait déjà ce même Boudebouz à l’automne dernier dans les colonnes de L’Équipe. Mettre mon pote dans les meilleures conditions m’offre une forme de jouissance. » La même chose semble vraie pour ses supporters. Bon dernier avec 12 petits points et 8 longueurs de retard sur la ligne de flottaison au soir d’une défaite dans le derby contre Lyon fin janvier, Saint-Étienne – qui accusait alors un match en retard – a depuis enchaîné quatre succès, deux nuls et un seul revers, sur la pelouse du Parc des Princes. Une série largement permise par les trois hommes, auteurs des quatre derniers pions de leur équipe.
Les magiciens du Forez
Absent face au PSG, puis entré en fin de rencontre face à Metz et Lille, Wahbi Khazri sera de retour dans le onze face aux Troyens, brassard autour du biceps. Attention, il pourrait être surpris par la forme actuelle de son compère d’attaque, Denis Bouanga, métamorphosé depuis son retour de la CAN. « Il a des qualités pour jouer la Ligue des champions, mais j’avais l’impression qu’il ne les exploitait pas, soufflait récemment Dupraz en conférence de presse à propos de l’ancien Lorientais. C’est le Denis que je connais. Celui qui a performé notamment à Nîmes. » Une époque pas si lointaine où il se permettait de mettre dans le vent Sakai et consorts pour porter les Crocos vers un succès de prestige face à l’OM pour le retour de la Ligue 1 aux Costières.
Portée par ses trois magiciens, l’ASSE se prend à rêver d’un sauvetage qui était encore bien hypothétique à mi-parcours. Et avec style, si possible. Très actif lors du mercato d’hiver, le club avait déjà en son sein depuis plusieurs saisons les clés de son salut. Reste désormais à garder cette belle dynamique dans une fin de saison à couteaux tirés. Viendra ensuite le temps des questions sur l’avenir des trois bonhommes, parmi lesquels seul Bouanga possède encore un an de contrat au-delà du mois de juin. Alors profitons : on ne sait jamais trop combien de temps la magie pourra opérer.
Par Tom Binet