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Bleus : silence, ça pousse !

Par Maxime Brigand, à Doha
7 minutes
Bleus : silence, ça pousse !

Débarquée à Doha il y a douze jours, l’équipe de France traverse jusqu’ici son Mondial qatari avec maîtrise, et ce, malgré un début de tournoi marqué par les forfaits de Karim Benzema et de Lucas Hernandez. Résultat, entre les cris post-victoires et l’annonce du grand retour de la force collective, on entendrait presque les mouches voler. Rarement un mauvais signe.

La question est tombée entre le déclenchement d’une alarme incendie, un « no comment » lâché au sujet de l’un de ses anciens coéquipiers devenu chômeur et un échange sur la collection d’armes d’une équipe de France que son vice-capitaine, Raphaël Varane, est venu décrire dimanche comme « imprévisible ». Imprévisible, car aujourd’hui en possession d’armes lui permettant de changer de visage comme de chemise, ce qui la place déjà dans un tiroir assez unique au moment de ranger les différentes équipes lancées dans ce Mondial. Le patron de la colonne défensive des Bleus venait de s’essuyer le front, et un journaliste présent lui a proposé de faire un jeu des différences entre l’équipée de 2018 et celle de 2022. Varane a alors choisi de prendre une nouvelle feuille : « Je pense qu’il faut éviter de faire trop de comparaisons. C’est un autre moment. La difficulté d’une Coupe du monde, c’est de répondre présent sur l’instant. Chaque grand tournoi a son histoire. Il y a des joueurs différents, des états de forme différents, un contexte différent, les équipes ont énormément évolué… Quatre ans dans le foot, c’est une éternité, donc on va éviter de faire des comparaisons. Il faut plutôt s’adapter à notre moment. » Le moment : voilà aujourd’hui douze jours que Didier Deschamps a jeté l’ancre au Qatar pour vivre la cinquième phase finale de sa vie de sélectionneur et il faut avouer qu’il est difficile de trouver des poux dans les différentes têtes d’un groupe qui monte en puissance sportivement. Un groupe qui continue, en parallèle, à travailler au quotidien sur son mix interne. On l’a déjà dit et on le répète : cette bande d’affamés n’est pas venue à Doha pour s’enquiquiner avec le storytelling. S’ils doivent raconter une histoire, ces Bleus ne racontent jusqu’ici que celle d’une vingtaine d’hommes qui ne vivent que pour la performance, qui tuent des journées « parfois un peu longues » (Guendouzi) en jouant au Uno, au poker ou devant des séries Netflix, et qui ont réussi à nouer de premiers fils entre eux.

Des oiseaux en rage

Paul Pogba n’étant pas du voyage, il a malgré tout fallu que des voix – Raphaël Varane, Steve Mandanda, Olivier Giroud, Hugo Lloris – s’élèvent lors des premiers jours pour poser un cadre fort et planter une graine dans la tête d’un collectif devenu publiquement insensible aux secousses. Ainsi, après le forfait de Karim Benzema en début de compétition, qui a passé des examens en pleine nuit et a dû partir au petit matin de Doha, le Ballon d’or ne pouvant alors dire au revoir qu’à son pote Marcus Thuram, plusieurs joueurs se sont relayés pour raconter la même histoire. Ibrahima Konaté l’a résumé : « Bien sûr, on a été très triste parce que Karim pouvait énormément nous aider, mais l’objectif ne change pas. Les blessures font partie du foot, on doit vivre avec, avancer et ne pas regarder derrière nous. Si on commence à le faire, je pense que ça risque d’être compliqué. » Lorsque Lucas Hernandez, très proche de plusieurs joueurs (Pavard, Giroud, Upamecano, évidemment son frère), s’est blessé à son tour lors du match face à l’Australie, rebelotte : le groupe a encaissé, mais il a aussi vite basculé tout en voyant les nuages autour de l’état de forme de Raphaël Varane se dissiper pour de bon. Les joueurs ont également pu avoir quelques moments avec leurs proches, ce qui n’avait pas été le cas lors du premier tour en 2018. Jusqu’ici, tout va bien dans le meilleur des mondes, au point qu’on entendrait presque les mouches voler. « Il y a une force collective qui est là, qui se dégage en dehors du terrain, et quand on est sur le terrain, ça se voit aussi », s’est félicité Didier Deschamps samedi soir après la victoire des siens face au Danemark (2-1), venant appuyer sur l’impression.

Dans le même temps, Aurélien Tchouaméni a saisi le moment de l’après-match pour sauter des deux pieds au micro de RMC sur un papier publié par L’Équipe dans la matinée de samedi évoquant une libération du groupe – alors que l’ambiance n’a pas bougé d’un iota – depuis le départ de Karim Benzema : « C’est totalement faux ! » Puis, le Madrilène, symbole parfait d’une nouvelle génération qui ne glisse sur aucune tache d’huile et dont les différents membres (Ibrahima Konaté, Dayot Upamecano, Axel Disasi, William Saliba, Youssouf Fofana, Aurélien Tchouaméni, Jules Koundé, Matteo Guendouzi, Marcus Thuram, Eduardo Camavinga, Randal Kolo Muani) sont construits au millimètre sur tous les points – la tactique, la technique, la préparation mentale, la communication, le sommeil -, a annoncé à tous les présents vouloir, comme tous les joueurs, enchaîner contre la Tunisie. Ce troisième match est toujours un drôle d’équilibre pour un sélectionneur qui doit veiller à deux choses : impliquer le plus de joueurs possible aux batailles pour éviter les tensions et entretenir les équilibres tout en veillant à ne pas briser l’élan positif d’un onze titulaire qui semble se dégager. La rencontre face au Danemark était en ce sens un test, car elle devait permettre de voir un peu plus ce que ce groupe pouvait avoir dans le ventre lorsqu’il serait bousculé. On a vu et on a entendu. Jules Koundé, d’abord : « On s’est dit avant la rencontre que si on parvenait à matcher avec l’intensité des Danois, des choses allaient s’ouvrir pour nous. » Raphaël Varane, ensuite : « Il fallait mettre de la rage de vaincre, et il y a beaucoup de satisfaction par rapport à ça. On sait que si derrière, on est à la hauteur dans l’intensité, dans les duels, ceux de devant finiront toujours par trouver une ouverture. On doit les mettre collectivement dans les meilleures dispositions. »

Petite bête dont il faut prendre soin

Tous, mais surtout un : Kylian Mbappé, détaché de l’animation défensive, ce qui laisse planer une menace constante et « pousse l’adversaire à réfléchir avant d’attaquer » (Varane). Le numéro 10 bleu vit bien loin des micros depuis le début de la compétition et ne devrait d’ailleurs pas se présenter une seule fois devant une caméra avant la finale. En creux, une impression se dégage tout de même. Si le départ de Benzema n’a pas bousculé l’ambiance de la vie de groupe, il a sans doute facilité la vie de Didier Deschamps : Antoine Griezmann a retrouvé sa zone préférentielle, l’équilibre défensif bancal vu à l’Euro et depuis l’Euro semble un poil plus certain, l’animation offensive a gagné en clarté malgré la présence de quatre offensifs sur le gazon, et seul Mbappé a aujourd’hui un statut fort là où, et c’est la conséquence d’avoir des grands joueurs dans son groupe, il y en avait deux avec Benzema. Décrire cette équipe reviendrait presque aujourd’hui à dessiner sur une feuille dix soldats – on a même vu Ousmane Dembélé défendre comme un enfant de Diego Simeone face au Danemark – rangés en rang serré derrière Mbappé qui assume cette responsabilité (déjà trois buts dans les valises).

Les résultats positifs débouchant automatiquement sur des sourires, on a alors vu les guerriers – Benjamin Pavard et Matteo Guendouzi en tête, deux hommes qui n’ont pas joué une minute face aux Danois, ce qui dit deux-trois choses de l’esprit de ce groupe – poser leur épée quelques minutes, samedi soir, pour monter sur des tables et sauter au rythme de Freed from Desire. Chaque acteur – le staff, les joueurs – se tue à le répéter : le projet en cours dépasse, et doit continuer à le faire, le simple cadre des onze titulaires et des quelques remplaçants. Le match face à la Tunisie doit maintenant aider à renforcer cette idée pour que personne ne soit laissé sur le bord de la route, mais doit aussi aider Deschamps à trancher sur l’identité de l’homme appelé à tenir la droite sur l’ensemble de la compétition pour cesser de jongler entre Benjamin Pavard et Jules Koundé, à moins qu’Axel Disasi ne soit testé au poste (il y a déjà joué et dans l’animation avec ballon des Bleus, il retrouverait une zone préférentielle de troisième central). En attendant, la force collective est de retour : il faut maintenant prendre soin de cette petite bête.

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