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Benjamin Bourigeaud, roi de Rennes
Ce vendredi midi, le Stade rennais a officialisé la prolongation de Benjamin Bourigeaud pour trois années jusqu'en 2026 quelques semaines après avoir vu le milieu excentré commencer sa sixième saison avec le club breton. Si le Nordiste naturalisé breton ne cache pas avoir eu l'envie de découvrir autre chose, il assure vouloir continuer à « écrire l'histoire avec le SRFC ». Une histoire dont il fait déjà partie, avec un statut de légende qui n'est pas usurpé.
Ce ne sera jamais l’homme d’un seul club, mais Benjamin Bourigeaud est entré un peu plus dans la légende du Stade rennais et dans le cœur de ses supporters. Ces derniers ont pu sabrer le cidre ce vendredi midi, moment choisi par le SRFC pour révéler un secret de polichinelle : le milieu de terrain est désormais lié aux Rouge et Noir jusqu’en 2026, soit une prolongation de trois ans pour celui dont le bail précédent prenait fin en juin prochain. La bonne nouvelle a été annoncée par son fils Timao, 6 ans, coqueluche d’un public rennais qui l’a vu grandir au fil de ses apparitions sur la pelouse du Roazhon Park après les matchs. Dans une vidéo sur le thème de la rentrée, le blondinet aux cheveux bouclés apparaît en train de bosser les mathématiques et la conjugaison, ce qui lui permet d’écrire un très mignon « Papa prolonge » sur son cahier pour mettre définitivement fin au suspense. « J’ai été très content de cette annonce, a rebondi le paternel quelques minutes plus tard en conférence de presse. Il y a mon fils dessus, et pour moi, c’est important. Ma famille fait partie de ma vie et du Stade rennais aujourd’hui. » Ce n’est pas un joueur qui a prolongé l’aventure dans la capitale bretonne, c’est une famille.
[CLUB]Semaine de rentrée scolaire, ?? ??????? ?????????? ?????? ?? ??????, ???? ??? ?’?́????. ? pic.twitter.com/SzwFL6YinO
— Stade rennais F.C. (@staderennais) September 2, 2022
Écrire l’histoire
Après cinq années passées sur les bords de la Vilaine, les Bourigeaud auraient pourtant pu mettre les voiles cet été. Ces derniers mois, le Calaisien de naissance n’avait pas caché ses envies d’ailleurs, notamment d’un nouveau challenge à l’étranger pour ne rien regretter à la fin de sa carrière, alors qu’Olivier Létang l’avait bloqué en 2019 quand il souhaitait rejoindre l’AS Monaco. Seulement, après une saison 2021-2022 remarquable (12 buts, 16 passes décisives en 48 match toutes compétitions confondues), le milieu excentré, qui s’était associé avec l’agent influent Federico Pastorello au printemps, n’a pas été approché par de grosses écuries européennes, et les dirigeants rennais se sont eux étonnés de n’avoir reçu aucune offre pour leur joueur. « Comme je l’ai dit, il y avait une envie de partir oui, une obligation, non. Je n’étais pas dans la certitude de vouloir quitter absolument le club. Ce sont des réflexions que j’aurais dû avoir si j’avais eu des opportunités meilleures que celle de mon club actuel, a-t-il déroulé en toute transparence. Forcément, il y a eu un peu de frustration, je ne vais pas vous mentir. Mais aujourd’hui, je suis très heureux de poursuivre l’aventure avec le Stade rennais. »
La proposition de contrat du club breton était sur la table depuis le début de l’été, avec un salaire quasiment doublé et la grande volonté de la famille Pinault de conserver un joueur devenu un symbole. « Avoir le soutien de la famille Pinault, ça a joué dans le fait de vouloir rester ici. Quand l’actionnaire veut que tu fasses partie de son équipe les années prochaines… Je n’aurais jamais imaginé ça auparavant », a confié Bourigeaud. Lui assure que la frustration de ne pas avoir été approché par des clubs prestigieux est digérée depuis plusieurs semaines, et l’annonce de sa prolongation n’était plus qu’une question de temps. « Après réflexion et plusieurs refus de ma part, j’ai tout de suite discuté, échangé avec le club pour une possible prolongation, car j’avais aussi envie de continuer à écrire l’histoire avec le Stade rennais, comme je le fais depuis 2017, a-t-il précisé. Après toutes ces années vécues, toutes ces émotions, forcément quand tu signes un nouveau contrat avec le club dans lequel tu grandis, tu repenses aux émotions que tu as pu avoir tout au long de cette période-là, et tu espères qu’il y en aura d’autres. Je suis focus sur ce que j’ai à faire, et non pas ce que j’ai fait. » Bourigeaud aurait pu prolonger son bail d’une année pour profiter de la revalorisation, il a choisi de « s’inscrire dans la durée » en l’étirant jusqu’en 2026.
Dans la légende
Le Ch’ti a débarqué en Bretagne à l’été 2017. Il avait 23 ans et 20 matchs de Ligue 1 au compteur ; il a aujourd’hui 28 ans et près de 200 apparitions dans l’élite du football français. Benjamin Bourigeaud a grandi en même temps que le Stade rennais est (re)devenu très ambitieux sur la scène nationale. Le milieu de terrain a connu quatre entraîneurs (Christian Gourcuff, Sabri Lamouchi, Julien Stéphan et Bruno Genesio), quatre présidents (René Ruello, Olivier Létang, Nicolas Holveck, Olivier Cloarec), des crises institutionnelles profondes, des déceptions et surtout beaucoup de joies, de la Coupe de France remportée en 2019, dont il est le dernier « vestige » avec le capitaine Hamari Traoré (lui aussi entame sa sixième saison avec le SRFC), aux soirées européennes contre le Betis ou Arsenal, marqué par son but iconique contre Petr Čech. « C’est important d’avoir ce genre de joueurs qui ont un vécu pour transmettre l’histoire du club et conseiller leurs coéquipiers », disait d’ailleurs Bruno Genesio ce vendredi.
Plus qu’un joueur rouge et noir, Benjamin Bourigeaud est devenu un Rennais qui a su s’imprégner de son environnement, comprendre la ville et ses gens. « C’est une fierté de voir l’amour des supporters contents de voir que je prolonge, a souri le nouveau roi de Rennes. J’ai envie de leur dire merci, car c’est aussi grâce à eux que je suis là aujourd’hui. C’est toujours important d’être dans un club où l’on se sent aimé. Ma famille se sent bien ici, moi aussi, alors continuons l’aventure. » La famille, toujours la famille, et celle-ci n’est jamais très loin de « Baja » . À Rennes, il n’y a pas qu’un Bourigeaud, il y en a trois : Benjamin, Timao et Marine Capon, sa compagne et ancienne basketteuse, qui avait raconté leur quotidien et le sien dans une série de quatre cartes blanches données par Ouest-France l’année dernière. Une vie en dehors, une autre sur le terrain. Le mois dernier, Bourigeaud a fait son entrée dans le top 20 des joueurs les plus capés en 120 ans d’histoire du Stade rennais, et il rejoindra Daniel Rodighiero à la 18e place avec 226 matchs ce dimanche après-midi, à l’occasion du déplacement des Bretons à Troyes. En fin de saison, il pourrait même intégrer le top 10, alors qu’il lui manque dix réalisations pour s’installer aux côtés des illustres buteurs Walter Kaiser, Laurent Pokou et Alexander Frei (52 buts). Le Stade rennais peut déjà préparer une place à son numéro 14 sur le mur des Légendes.
Par Clément Gavard, à Rennes