- C1
- 8es
- Real Madrid-PSG (3-1)
Benito Floro : « Plus Benzema est près du but, mieux c’est »
Ancien entraîneur du Real Madrid entre 1992 et 1994 et directeur sportif de la Casa Blanca en 2005-2006, Benito Floro a observé le huitième de finale retour entre le Real et le Paris Saint-Germain depuis la région de Valence, où il coule des jours heureux. Après une bonne nuit de sommeil et les idées bien claires, l’homme de 69 ans analyse la remontada madrilène, la prestation de Benzema et la nouvelle liquéfaction du PSG.
Bonjour Benito. Qu’avez-vous pensé de ce match ? Ce match était beau parce que cela rappelle les grandes soirées européennes du Real, mais, en tant qu’admirateur du football, j’ai été déçu par la manière dont Paris a joué. C’est une équipe considérée comme faisant partie de l’élite, et elle ne peut pas montrer autant de lacunes en aussi peu de temps. Le PSG a marqué son but, et ensuite… À Valence, on a l’habitude de dire la traca : ils ont perdu les pédales. Après le premier but madrilène, Madrid s’est relevé : Benzema est arrivé dans la zone où il est le plus efficace, le Real s’est lancé et il a gagné. Paris aurait dû être plus actif. J’ai vu beaucoup de joueurs marcher pendant le match, peu de connexion. Dans la globalité, Paris a mal joué son match. Et la prestation de Karim Benzema, vous en pensez quoi ? Quand je vois Karim aller une ou deux fois vers la gauche, ça me va. Mais l’endroit où il pèse le plus, c’est dans la demi-lune juste devant la surface. Benzema a énormément de qualités, mais là où je l’apprécie le plus, c’est dans la zone centrale. Benzema possède une bonne impulsion, une bonne condition physique, une excellente technique et une qualité de frappe. Dès lors, l’axe de l’attaque est l’endroit où il bénéficie le plus au Real Madrid. Plus il est près du but, mieux c’est.
Mercredi, Benzema est entré un peu plus dans la légende du Real Madrid en dépassant le nombre de buts inscrits par Alfredo Di Stéfano. Jusqu’où peut-il aller selon vous ? S’il continue à ce rythme et à cette efficacité-là, je crois que seul le physique va l’arrêter. Mais il en a encore sous la semelle… Et s’il veut améliorer encore ses chiffres, je le répète : ce ne sera pas sur le côté où il va peut-être marquer un joli but, mais ce sera dans l’axe où il pourra marquer deux, trois ou quatre buts en une rencontre. Il est parfaitement capable de réaliser ce genre de performance.
Que pensez-vous de la réaction des Parisiens qui critiquent le premier but du Real pour une prétendue faute de Benzema ? C’est possible qu’il y ait faute, mais ce qui est certain, c’est que la personne qui commet l’erreur initiale sur cette action, c’est le gardien. Pourquoi ? Parce qu’on ne peut pas avoir ce type de comportement depuis sa surface de réparation. Karim est arrivé, et puis l’action a suivi. Les arbitres ont considéré que la VAR n’avait pas lieu d’intervenir. Cela va rester au rang d’anecdote. En vérité, j’ai l’impression qu’aujourd’hui, tous les joueurs doivent toucher le ballon. Il n’y a plus de fonction clairement attribuée à un gardien, un latéral ou un attaquant. Cela comporte une forme de risque… Mais ce genre d’action n’arrive pas que depuis mercredi, c’est déjà arrivé plein de fois à d’autres gardiens. Un défenseur central, ce n’est pas un ailier. Le gardien a voulu jouer dans cette zone du terrain ? Hé bien, il n’aurait tout simplement pas dû.
Quel a été le joueur du Paris Saint-Germain qui vous a le plus déçu mercredi soir ?L’échec est plus collectif, même si certains n’ont pas été à la hauteur des attentes placées en eux. Mbappé a été bon. Neymar et Messi avaient envie de bien faire, mais ils n’ont pas été dans un bon état physique, et cela s’est assez ressenti. Ils ont lutté comme leurs coéquipiers, mais il leur a manqué de l’exigence pour renverser la dynamique quand Madrid a égalisé. Après le premier but du Real, ils ont décroché.
Qu’est-ce qui sépare le Real du Paris Saint-Germain aujourd’hui ? Oh beaucoup de choses ! La réalité la plus importante à comprendre, c’est que le football est un jeu. Et dans un jeu, tu dois parfois savoir composer avec le facteur chance. Il peut parfois y avoir une erreur, il faut parfois faire preuve de discernement, et peu importe si les choses vont dans le bon ou dans le mauvais sens. Je me souviens de la remontada que nous avions subie face au PSG où nous avons pris un but à la dernière minute du match (défaite 4-1 au Parc en 1993, NDLR). Le football est ainsi fait, et il n’y a pas à réfléchir dessus plus que cela.
Propos recueillis par Antoine Donnarieix