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Belotti, du coq à l’âne ?
Au-dessus de la mêlée la saison dernière, Andrea Belotti, le coq du Torino, peine à confirmer tous les espoirs placés en lui. La faute à un physique capricieux, mais aussi à la non-qualification de la Nazionale pour le Mondial, qui a porté un sale coup au moral de l'attaquant. L'avant-centre du Toro a pourtant montré qu'il lui en restait dans le moteur en plantant un but splendide face à l'Udinese la semaine dernière. Lui reste encore à prouver qu'il est effectivement bien plus que le tube d'une saison. En commençant par se mettre une nouvelle fois en évidence lors du derby de Turin, ce dimanche.
C’est un drôle de joueur, pas vraiment comme les autres. La saison dernière, Andrea Belotti avait soufflé un vent de renouveau sur la Serie A en plantant 26 pions en championnat. L’insouciance de la jeunesse, un dos un peu voûté qui lui donne des airs de tortue de guerre et un flair de renard qui sent bon les attaquants de surface des années 1990 : le gamin a son propre style, loin des standards actuels. Mais devait encore montrer qu’il pouvait exister sur la durée au plus haut niveau. Un challenge encore un poil trop relevé pour l’avant-centre grenat, plombé cette saison par un corps déficient et un mental convalescent.
Blues et Belotti
Il Gallo commence pourtant la saison dans le prolongement de l’exercice précédent. À deux cents à l’heure. Il inscrit ainsi deux buts en Coupe d’Italie en ouverture de la saison face à Trapani, puis trois lors des cinq premières journées de Serie A. Avant de se blesser au genou pour un mois. Lorsqu’il fait son retour sur les terrains fin octobre face à Cagliari, Belotti a surtout l’esprit occupé par une échéance capitale pour lui et le pays tout entier : la double confrontation que la Nazionale disputera les 10 et 13 novembre face à la Suède. Deux sommets aux allures de cauchemar pour l’attaquant. Titularisé au match aller, le natif de Calcinate, en dedans physiquement et esseulé devant, reste impuissant et ne peut empêcher la défaite des siens. Il est alors relégué sur le banc de touche au match retour, mais fait son entrée sur le pré à l’heure de jeu. Sans pouvoir influer sur la rencontre, qui débouche sur un nul insipide qui élimine l’Italie de la course au Mondial.
Dur à encaisser pour le ragazzo, qui pleure à chaudes larmes au coup de sifflet final, et semble être l’un des joueurs italiens les plus touchés par l’élimination. Une déception immense, qui affecte logiquement le numéro neuf du Toro, moins tranchant lors de son retour sur les terrains de Serie A. Son président, Urbano Cairo, ne cachait d’ailleurs pas que son poulain n’était pas ressorti indemne de l’expérience : « Je sais qu’il a été très choqué par l’élimination de la Nazionale… Il s’est senti très impliqué… Mais maintenant, le championnat doit devenir sa Coupe du monde à lui. La chose importante, c’est qu’il retrouve sa soif de buts, ce désir de jouer qu’il a toujours eu et que j’espère revoir dès le prochain match. » Plus facile à dire qu’à faire. Il Gallo inscrit un seul but en cinq journées, avant de se blesser à nouveau le 27 décembre, ce qui l’oblige à rester éloigné des terrains un bon mois.
Le grand ménage de Mazzarri
Sans doute un mal pour un bien. Car pendant l’absence de Belotti, la direction du Toro fait le ménage. Exit Siniša Mihajlović, licencié après une humiliante défaite chez la Juve en championnat (4-0), place à Walter Mazzarri. Un vieil habitué de la Serie A, réputé pour sa capacité à blinder la défense de ses formations. Le Mister toscan ne cache d’ailleurs pas être un pragmatique, un vrai : « Je préfère marquer moins et encaisser moins de buts. Parfois, vous pouvez gagner 4-3 en attaquant beaucoup, mais c’est une attitude qui ne paye pas à la longue. Moi, je suis quelqu’un de réaliste qui soigne beaucoup la phase défensive. » Cette priorité accordée à la défense ne l’avait pas empêché de mettre en place un jeu de contre chirurgical au Napoli de 2009 à 2013, où il avait contribué à faire d’Edinson Cavani le plus redoutable attaquant d’Italie, l’Uruguayen dépassant à chaque fois la barre des vingt pions en championnat.
Coq de combat
Cavani, avec qui Belotti partage certaines caractéristiques. L’attaquant du PSG, qui est un admirateur du garçon, est le premier à louer les qualités du Turinois : « Je trouve que Belotti est très bon… C’est un jeune attaquant courageux, très fort. Il court tellement, il est puissant et il a le flair du buteur, il sait marquer dans toutes les positions. Il peut lui aussi devenir un champion un jour, je lui souhaite. » Pour revenir sur le devant de la scène, l’attaquant de 24 ans pourra déjà s’appuyer sur un collectif retrouvé. Sous Mazzarri, les Grenats sont invaincus depuis cinq journées et n’ont encaissé que deux petits buts. Belotti, lui, a signé un retour fracassant sur le devant de la scène la semaine dernière, en marquant un but sensationnel face à l’Udinese, à la suite d’un rush qui l’a vu parcourir plus de la moitié du terrain. Et retrouve enfin le sourire : « C’était la réponse que j’attendais après avoir travaillé si dur à l’entraînement. Nous sommes dans la course à l’Europe, nous avons toujours dit que c’était notre objectif, donc nous faisons tout ce que nous pouvons pour y parvenir. Nous n’abandonnerons jamais, car nous y croyons. » Y croire, pour finir la saison en boulet de canon avec le Toro. Et peut-être définitivement se relancer dès ce dimanche après-midi, en encornant le rival turinois, lors du derby della mole.
Par Adrien Candau