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Belgique-Maroc : Il est où De Bruyne, il est où ?
« Nous n'avons aucune chance de remporter la Coupe du monde, nous sommes trop vieux », avait balancé Kevin De Bruyne au micro du Guardian. Face au Maroc ce dimanche (0-2), le milieu belge a légèrement forcé ce destin. Le monstre de Manchester City n’est décidément pas le même avec les Diables.
Les Three Lions vendredi, l’Arabie saoudite le samedi et le Costa Rica aujourd’hui, la vérité d’hier n’est pas celle d’aujourd’hui dans cette Coupe du monde. Sauf quand on s’appelle la Belgique. Décevants pour leur entrée en lice face au Canada (1-0), les Diables rouges se sont logiquement inclinés face au Maroc ce dimanche (0-2). Au cœur de cette débâcle, Kevin De Bruyne a paru une nouvelle fois impuissant. Sans inspiration, celui qui est peut-être le meilleur milieu du monde à l’heure actuelle n’est toujours pas rentré dans ce Mondial. Ce qui ne passe pas inaperçu quand une sélection comportant de nombreuses limites compte autant sur son chef d’orchestre.
Brouillon et grognon
Il est loin, bien loin, le Kevin De Bruyne qui donne le sourire à Pep Guardiola tout au long de l’année. S’il a beau se régaler en Premier League chaque week-end et sait se montrer létal quand ses coéquipiers de Manchester City manquent à l’appel, le milieu de terrain belge de 31 ans est clairement dans une impasse depuis son arrivée au Qatar : une première période catastrophique lors de la défaite face à l’Égypte (1-2) en match de préparation, une performance en dents de scie contre le Canada, et donc un petit brouillon aujourd’hui. 75% de passes réussies, aucun ballon touché dans la surface adverse et 27 ballons perdus sur ses 76 touchés, cette copie ne ressemble en aucun point à celle d’un joueur à treize passes décisives et trois buts toutes compétitions confondues depuis le début de la saison sous la tunique des Citizens.
Moins percutant, De Bruyne se retrouve très souvent isolé dans l’entrejeu, contraint de faire une passe en retrait quand il sort souvent un geste de génie et une transmission folle en Angleterre. Le pire, c’est qu’il s’est agacé aujourd’hui en voyant Toby Alderweireld et Jan Vertonghen, à la ramasse, allonger sans grande réussite, quand le soldat au visage tout rouge souhaitait reculer pour mieux construire. Même après l’ouverture du score de Michy Batshuayi face aux Canuckssur une longue transversale du pensionnaire d’Anvers, De Bruyne avait remonté les bretelles de son défenseur. Mais il le sait, et il le dit sans complexes, le premier fautif dans cette histoire, c’est bien lui. « Nous avons une bonne équipe, mais elle est vieillissante et elle a perdu quelques joueurs clés. Ceux qui arrivent ne sont pas au niveau des autres joueurs en 2018, avait lancé le meneur de jeu dans les colonnes du Guardiansamedi, avant de s’inclure dans ce constat. Je suis tout à fait capable de faire ce que je dois faire, mais je sens la différence par rapport à il y a huit ans. J’ai besoin de plus de traitements, de plus de repos. »
Quand rien ne va… rien ne va
Déjà, il avait fait une belle grimace et esquissé un sourire – moqueur – au moment de recevoir le trophée d’homme du match il y a quelques jours : « Je ne pense pas avoir bien joué. Je ne sais pas pourquoi j’ai reçu ce trophée. C’est peut-être à cause de mon nom. Le mérite revient au Canada. » Avec seulement un taux de 60% de transmissions réussies dans le premier acte mercredi dernier, De Bruyne s’était légèrement rattrapé au retour des vestiaires en distillant quelques bons ballons. Face au Maroc, l’histoire a été bien plus compliquée. Seulement un de ses cinq centres a trouvé un coéquipier. Et encore, De Bruyne n’a même pas vu Youri Tielemans manquer son contrôle à la 71e minute de jeu puisqu’il a préféré se tourner vers Witsel, en marchant, lui reprochant de ne pas lui avoir donné le ballon plus tôt sur cette occasion. Bien cadenassé au cœur du jeu, le Citizenest parvenu à se projeter une seule fois aujourd’hui – un dribble réussi sur ses trois tentés – avant de combiner avec Eden Hazard, fauché avant même de contrôler le ballon par des Marocains bien plus au rendez-vous dans les duels. Enfin, comment être décisif quand on tente sa chance une seule fois face au Canada et à aucune reprise ce dimanche ? Loin d’être le premier responsable de cette nouvelle déconvenue des Diables, Kevin De Bruyne est méconnaissable depuis le début du tournoi. Il faudra être aussi juste face à la Croatie, dans quatre jours, qu’en interview.
par Matthieu Darbas