Peut-être que vous avez une explication : pourquoi le Stade Malherbe de Caen est-il troisième de Ligue 1 au bout de dix journées ?
Gautier : Cette année, ça se joue beaucoup à l’envie, j’ai l’impression. Quand on voit Angers qui est deuxième, Caen qui est troisième. Ce sont des guerriers sur le terrain, donc ils gagnent. Étienne : Et puis il y a une bonne ambiance dans le groupe. Je pense que c’est depuis l’affaire Fortin. Il y a un esprit qu’il n’y avait pas avant.
Ils peuvent tenir jusqu’au bout ?
Gautier : Ça va être dur quand même. On a déjà vu des super débuts de saison comme ça, mais au bout d’un moment, on craque toujours. Étienne : Mais les stats disent qu’avec autant de points après dix journées, on ne peut pas finir après la huitième place. On a le droit de rêver.
Vous êtes devenus supporters comment ?
Étienne : Moi, mon père m’a emmené au stade très tôt. Il était supporter messin, mais quand il est arrivé dans la région, il est devenu supporter de Caen, et il nous a emmenés mon frère et moi quand on était gamins. Aujourd’hui, je suis abonné dans le kop, sans aller forcément dans le noyau ultra.Gautier : Moi, je regarde ça à la télé. Mon frère fait partie des ultras du Mans, il a un peu moins de chance en ce moment…
C’est pas chiant de ne pas avoir de titres ?
Étienne : C’est pas facile tous les jours, mais en ce moment, on le vit bien. Et puis quand il arrive des coups de folie comme la Coupe de la Ligue en 2004-2005, au moins on apprécie. Parce que c’est rare. Bon, le problème, c’est qu’on perd toujours en finale.
Vous vous souvenez de cette finale perdue contre Strasbourg ?
Gautier : Oui, un de mes pires souvenirs de foot. J’avais pleuré à la fin, j’étais inconsolable. Mais après le but de Mazure, c’était un bon moment quand même.Étienne : Et puis on perd sur une boulette de Vincent Planté, alors qu’il fait sa première super saison. C’est con que ce soit lui qui se soit troué, c’est vraiment une grosse image de Malherbe.
Vous avez un souvenir fondateur de votre amour de Malherbe ?
Gautier : Moi, c’était Caen-Marseille, cette saison-là, où on perd 3-2. Je me rappelle un but de Grégory Dufer d’une tête plongeante, et d’un rouge de Nicolas Seube qui se pète la main contre la porte après. Je m’étais même acheté le maillot de Dufer après, alors que bon, c’était le premier et le dernier but qu’il marquait chez nous. Étienne : Moi, ça doit être la première fois où je suis allé au stade. Un Caen-Bordeaux, 1-1 avec un but de Mazure.
On appréhende la retraite de Seube. Il a fait toute sa carrière à Caen, à part une année à Toulouse. Ça gâche un peu sa fiche sur Internet.
Le foot vous inspire, musicalement parlant ?
Étienne : Pas tellement. Il y a juste un morceau qui a été sur une compilation qui s’appelait Wootball 2014, du label caennais WeWantToWigoler. C’était une compilation de groupes fans de foot à l’occasion du Mondial. Mais il n’y avait pas non plus une grosse cohérence avec le football, on avait mis une version « démo » de Days (du nom de leur 2-titres à sortir le 6 novembre, ndlr).
Ça ne vous attriste pas un peu, la pauvreté des chants dans les stades français ?
Gautier : C’est pas que ça nous attriste, c’est qu’ailleurs, ça nous fait rêver. Moi, c’est surtout Dortmund qui m’impressionne. Étienne : Et en Angleterre en général. Même en deuxième division, les publics sont plus gros qu’en France.Gautier : Moi, ce qui m’attriste surtout, c’est qu’on a tout tué en France. Par exemple, les supporters du PSG, ils étaient critiquables, mais il y avait quand même cette atmosphère au stade qu’il n’y avait nulle part ailleurs en France. C’est dommage d’avoir tué tout ça. Ils sont rentrés dans les règles, mais au passage, on a tué une partie du foot français. Je suis allé au Parc des Princes, ça m’a fait mal de voir ça.
Il paraît que vous vous inspirez de Nicolas Seube sur scène.
Gautier : Oui, parce que pour nous, Nicolas Seube, c’est un joueur qui n’a pas forcément de technique et qui n’est pas un joueur hors pair, mais sur le terrain, c’est tellement un guerrier. C’est un exemple pour tout : si tu te bats, tu y arrives. Pour moi, il est nul au foot, mais il se bat tellement qu’il transforme l’équipe. C’est le pilier. On appréhende sa retraite. Il a fait toute sa carrière à Caen, à part une année à Toulouse. Ça gâche un peu sa fiche sur Internet.
Vous en connaissez, des joueurs ?
Gautier : Il y a Felipe Saad qui est venu une fois. C’est marrant parce que je lisais une interview des Concrete Knives sur Sofoot.com où ils disaient la même chose. Je crois que c’est un habitué du Cargö (la salle de musiques actuelles de Caen, ndlr).
Étienne : Moi, le lycée où j’étais était à côté du stade Michel d’Ornano, du coup il y avait tous les jeunes Malherbistes du centre de formation, comme Thomas Lemar ou Lenny Nangis. Mais je ne les côtoyais pas plus que ça.
C’est qui vos joueurs fétiches ?
Étienne : Étant gamin, c’était Cyrille Watier, le meilleur buteur de l’histoire de Malherbe. J’avais acheté son maillot, j’étais tout content. Sinon, récemment, il y a N’Golo Kanté qui était hors norme. Il récupérait tout, il remontait tout. D’ailleurs sur FIFA, j’ai pris Leicester sur une saison, exprès pour lui. Un défenseur qui m’a vraiment fait bander, c’est Thomas Heurtaud, qui est maintenant à l’Udinese. Défensivement, il était impeccable, et des fois, il te faisait des montées incroyables.
Gautier : C’est comme Vincent Planté, il nous a sauvés tellement de matchs. C’était un putain de gardien, il faisait des arrêts spectaculaires. Il était tellement bon, et puis il n’a plus rien fait. Il est parti à Saint-Étienne, et après, va détrôner Janot.
J’aimerais bien avoir une chanson sur FIFA, aussi. Ce serait la consécration. Après ça, on arrête tout. C’est comme un but à la 90e.
Vous ne regrettez pas l’époque de Franck Dumas ? Il était quand même plus rock’n’roll que Garande.
Étienne : Pas trop, non, surtout que c’était la période où il ne s’est pas passé grand-chose. Et puis j’aime bien Garande, même s’il a toujours le même discours : « Bon, j’ai vu des choses intéressantes. » Même si on se prend 4-0. J’ai un peu de mal avec les coachs grande-gueule, comme Dupraz ou Antonetti. Je préfère les coachs discrets. Garande, il avait refusé une invitation au Canal Football Club en disant : « Non, c’est pas parce qu’on gagne que je dois venir parler. » C’est aussi bien comme ça. J’aime pas les coachs du genre Mourinho.
Gautier : Moi, j’aime bien Mourinho. Il parle beaucoup, mais il a la classe. Il y a grande gueule et grande gueule. Comme Galtier, qui a une grande gueule, mais qui reste dans la classe.
Vous avez enregistré à Los Angeles, vous en avez profité pour aller voir le LA Galaxy de Steven Gerrard et Robbie Keane ?
Gautier : Non, ça ne jouait pas à ce moment-là. On est restés que trois jours. Et puis limite, quitte à être là-bas, autant aller voir un autre sport. Le foot, c’est l’Europe, pas les États-Unis.
Vous avez gagné quelques tremplins depuis le début de votre carrière. Ça se prépare comme un match de foot ?
Étienne : Ouais, mine de rien, c’est une compète, ça nous arrive même de mettre le maillot.Gautier : Surtout l’avant-concert, en fait. Il faut se mettre dans son match. Tu vois les prestations des autres, un peu comme quand tu regardes l’échauffement, que tu te rends compte que c’est pas des peintres et que tu te dis qu’il va falloir entrer dans ton match. Et puis on est aussi une équipe. S’il n’y a pas de cohésion, ça ne peut pas marcher. Ça se ressent sur le terrain, et en musique c’est pareil.
Les scènes musicales sont comme les clubs ? C’est plus facile de s’imposer à Caen qu’à Paris ?
Gautier : Le ratio entre les dispositifs d’aide et le nombre de groupes est meilleur en province. On est plus souvent aidés pour se développer. Et on a la chance à Caen d’être bien exposés, puisque plusieurs groupes ont bien marché sur différents types de scènes : en pop, en électro, tout. La Normandie, c’est tout bénef’ pour faire de la musique. Après, en foot, je pense que c’est dur partout.
Les Concrete Knives ont composé la musique du centenaire du Stade Malherbe de Caen. Vous n’avez pas été approchés ?
Gautier : Non, pas encore, mais ça me ferait bien kiffer de composer un hymne, une chanson d’entrée de stade, ou même un truc qui passerait pendant que les joueurs s’échauffent.Étienne : J’aimerais bien avoir une chanson sur FIFA, aussi. Ce serait la consécration, après ça, on arrête tout. C’est comme un but à la 90e.
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