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Batistuta, une prothèse pour une nouvelle vie

Par Éric Maggiori
6 minutes
Batistuta, une prothèse pour une nouvelle vie

Le deuxième meilleur buteur de l'histoire de la sélection argentine a connu un après-carrière cauchemardesque à cause de douleurs aux chevilles. Il vient donc de se faire poser une prothèse à la cheville gauche. Le début d'une nouvelle vie. Sans douleur, certes, mais aussi sans football.

C’est forcément une image qui fait mal au cœur à tous ceux qui ont grandi avec ses frappes du droit et ses célébrations mitraillette. Un lit d’hôpital, un visage marqué, un pouce en l’air, un gros cappuccino et une jambe dans une attelle. Voilà l’état actuel de Gabriel Batistuta, légendaire buteur de la Fiorentina et de l’équipe d’Argentine. Batigol vient de se faire poser une prothèse à la cheville gauche. Sous la photo, postée sur son profil Instagram, une légende : « La première étape est passée, la prothèse de la cheville gauche est déjà une réalité. Il va désormais falloir passer à la récupération. Merci à tous pour votre amour et votre inquiétude. »

Douleur, Pistorius et golf

Cette pose de prothèse est censée marquer le début d’un nouveau chapitre pour Gabriel Batistuta. Car depuis l’arrêt de sa carrière en 2006, le joueur souffre.

La douleur était insupportable, à tel point que j’ai demandé au médecin de m’amputer les jambes. Je voyais Pistorius et je me disais que c’était la solution.

Une douleur insoutenable dans le bas des jambes qu’il a longtemps tenue secrète, avant de tout lâcher dans une interview choc à Tyc Sports, en 2014. « Après avoir raccroché les crampons, en très peu de temps, je me suis retrouvé dans l’incapacité de marcher, racontait-il. J’avais tellement mal que je n’arrivais même plus à me lever de mon lit, il m’est même arrivé de me pisser dessus. » En cause, ses chevilles, et plus précisément les cartilages et les tendons. « Je n’ai plus de cartilage ni de tendon, mes 86 kilos appuyaient sur les os, et cela me faisait terriblement souffrir. La douleur était insupportable, à tel point que j’ai demandé au médecin de m’amputer les jambes. Je voyais Pistorius et je me disais que c’était la solution. Le médecin m’a dit qu’il ne voulait pas, que j’étais fou, il m’a opéré la cheville droite, mais cela n’a rien amélioré. Il a fallu une série d’opérations pour que je puisse recommencer à marcher. »

Après cette traversée du désert qui a duré près de huit ans, Batistuta a recommencé à vivre, presque normalement. Il s’est mis au golf, a retapé doucement dans le ballon, « mais je choisis les gens avec qui je joue : toujours des gens de plus de 50 ans » , précise-t-il. En 2018, il a présenté un documentaire sur sa vie, intitulé El Numero Nueve et réalisé par Pablo Benedetti. Il avait évidemment choisi la ville de Florence pour cette présentation, là où il est toujours accueilli comme un roi. L’occasion pour lui d’expliquer pourquoi, outre la douleur liée à ses chevilles, il s’est tant éloigné du monde du football. « J’avais l’impression d’être arrivé à un point où je pensais ne plus avoir rien à donner au football, a-t-il déclaré lors d’une conférence organisée en novembre 2018. Comme si j’avais déjà dépensé toutes mes gouttes de sueur. Je me suis donc mis de côté, mais le football est toujours resté présent dans ma vie. »

Éliminer la douleur sans perdre sa mobilité

Un peu moins d’un an plus tard, Batigol est donc repassé sur le billard. Cette fois-ci pour passer à l’étape supérieure : la prothèse.

La prothèse de cheville est plus récente et les résultats sont moins bons. Elle permet de marcher avec moins de douleur, mais ne permet absolument pas le sport.

Un cas relativement singulier. En effet, on utilise régulièrement des prothèses pour le genou ou la hanche, beaucoup moins pour une cheville. « Une prothèse de hanche, c’est 95% de patients qui n’ont plus de douleurs et qui peuvent même reprendre des activités physiques, comme Djibril Cissé qui s’est fait opérer par exemple, nous explique Julien Even, chirurgien orthopédiste, spécialisé dans la chirurgie du membre inférieur et la médecine du sport. Le genou, c’est 90% de personnes qui trouvent que cela est efficace sur les douleurs et améliorent leur activité quotidienne. La prothèse de cheville est plus récente et les résultats sont moins bons. Elle permet de marcher avec moins de douleur, mais ne permet absolument pas le sport. »

En football, l’accumulation de micro-traumatismes peut entraîner la détérioration du cartilage de la cheville, provoquant ainsi de l’arthrose, maladie dégénérative qui affecte les articulations. C’est ce qui est arrivé à Batistuta. « Contrairement aux cas les plus fréquents d’arthrose de hanche et de genou qui viennent avec l’âge, l’arthrose de cheville survient après des traumatismes répétés sur le cartilage. Donc un footballeur qui a multiplié les entorses de cheville peut avoir rapidement des lésions du cartilage et un début d’arthrose qui va s’aggraver ensuite » , détaille le Dr Even.

Les opérations successives qu’il a subies n’ont fait qu’améliorer légèrement la situation sans jamais la régler une bonne fois pour toutes. Toutefois, selon Julien Even, la pose d’une prothèse est vraiment un recours extrême, et pas forcément le plus préconisé dans une telle situation.

L’objectif de la prothèse est surtout de diminuer les douleurs lors de la marche tranquille. Cela ne permet ni de courir, ni de faire des changements d’appui, et encore moins de tapoter le ballon.

« Le traitement chirurgical le plus courant est l’arthrodèse. On va retirer le reste de cartilage usé et bloquer l’articulation. Cela peut paraître handicapant, mais une personne ayant de l’arthrose n’a déjà presque plus aucune mobilité de la cheville et a du mal a marcher à cause des douleurs. Avec l’articulation fusionnée, on marche presque normalement, impossible dans la rue même pour un chirurgien de deviner qui en a une parmi les passants. Par rapport à la prothèse de cheville, la marche est un peu moins naturelle, mais les gens marchent en moyenne plus vite qu’avec une prothèse. L’objectif de la prothèse est surtout de diminuer les douleurs lors de la marche tranquille. Cela ne permet ni de courir, ni de faire des changements d’appui, et encore moins de tapoter le ballon. » Une chose est donc sûre : si Bati a désormais une cheville « neuve » , il ne rejouera pas au football avec. Mais il va pouvoir revivre normalement, sans douleur. Ce qui était évidemment l’essentiel pour lui après tant d’années de calvaire. Quant au souvenir de ses frappes de poney dans la lucarne, elles restent gravées dans les archives et dans les esprits des tifosi.

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