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Basile Palace : « Je trouve Gianni Rivera très swagg »

Propos recueillis par Gabriel Joly
9 minutes
Basile Palace : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je trouve Gianni Rivera très swagg<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Tantôt rap, tantôt chanson. Pour son premier EP intitulé « Pour vous servir », Basile Palace alterne les registres et embarque dans son univers mélancolique. Fan du Paris Saint-Germain, le jeune homme a du mal à cacher son amour pour le foot dont il explore toutes les archives à ses heures perdues. Entretien avec l'un des rares musiciens à s'afficher avec le maillot de Grêmio sur sa pochette, et à connaître les biographies de chaque Ballon d'or depuis 1956.

Tu as deux passions : la musique et le foot. Comment t’est venue la seconde ?J’ai fait du foot très tôt, dans la cour de récré. D’ailleurs, je me suis rendu compte récemment que j’étais avec Ibrahima Konaté en primaire. Après, j’ai fait deux ans de club. Mais j’ai eu des problèmes au genou, donc je n’ai jamais repris. Mon truc, ce sont les petits périmètres au city ou au five. Je n’ai jamais été très bon sur grand terrain. Sinon, mes premières émotions foot viennent de la Coupe du monde 2006. Zidane me faisait rêver, forcément. Mais le mec dont j’étais fou, dont j’ai appris la bio par cœur et acheté tous les maillots, c’est Cristiano Ronaldo. C’était déjà une révélation depuis l’Euro 2004, mais je ne le savais pas parce que je ne suivais pas encore le foot. Après le Mondial, c’était mon Dieu absolu. J’avais fait le choix de cette team face à Messi.

Comment on en vient à se trimballer avec un maillot de Grêmio sur la cover de son EP ?C’est un truc purement esthétique, parce que j’adore ce maillot avec ce bleu turquoise. En dehors du fait que Ronaldinho et Grafite – que j’adorais après sa saison avec Džeko, à Wolfsbourg – y ont joué, je ne connais pas trop ce club. C’est juste qu’un pote qui était au Brésil m’a demandé si je voulais un truc. Comme j’ai toujours trouvé ce maillot hyper beau en noir-blanc-bleu, il me l’a ramené. Il faut dire qu’il n’y a pas trop d’équipes qui jouent avec ces couleurs.

Pas même l’Olympique de Marseille, pour toi, le fan du PSG ?Ouais, c’est un peu le drame de mon enfance (Rires). Je ne pouvais pas trop le dire, mais je les trouvais chanmés, les maillots de l’OM. Très petit, j’ai eu un côté footix : j’aimais plus les joueurs qu’une équipe, mais je suis devenu mordu du PSG quand je suis allé au Parc pour la première fois. C’était en 2007 pour un PSG-Gueugnon, en Coupe de France. Une victoire 1-0, sur un but de Bonaventure Kalou. D’ailleurs, les dix premières fois où je suis allé au stade, le PSG avait gagné. Pourtant, ce n’était pas l’époque paillettes. J’avais l’impression d’être un talisman. C’étaient souvent souvent des matchs ric-rac et entre 2007 et 2012, je n’ai pas vu une défaite au Parc !

Nasser a récemment déclaré qu’il voulait mettre fin au « bling-bling » à Paris. Si on fait le parallèle avec la musique, à quel point cet aspect est préjudiciable dans une carrière ? Au départ, je viens du monde du rap qui revendique parfois ce « bling-bling ». En m’appelant Basile Palace, je joue aussi avec ces codes parce que je trouve cette image sympa. Mais évidemment, ça ne marche pas que comme ça. On veut la vie de Palace, oui. Mais derrière, il y a beaucoup de travail pour sortir un projet hyper structuré et justement renvoyer un peu d’exubérance si c’est la ligne que tu t’es fixé. D’ailleurs, c’est peut-être cette ligne directrice qui a manqué au PSG. Tu ne sais pas trop s’ils sont là pour attirer les grands joueurs, pour gagner la Ligue des champions ou pour servir de vitrine au Qatar avant la Coupe du monde. Sur le « bling-bling », je crois que toute la communication sur « Rêver plus grand » a au contraire servi au PSG. Ok, on s’est mangé des coups en C1. Mais aujourd’hui, Paris est suivi partout dans le monde. En plus, le Real qui vient selon moi de faire le plus beau parcours de l’histoire en C1 est peut-être le club du foot moderne qui incarne le plus cette idée de « bling-bling » depuis les Galactiques. Pour moi, ce n’est pas vraiment un problème.

On te compare beaucoup à Orelsan, parce que tu es aussi réceptionniste de nuit dans un hôtel.(Il coupe) Ouais, on me le rabâche souvent. Mais ça m’étonne presque qu’il n’y ait pas plus de rappeurs qui aient commencé par là, c’est l’un des rares jobs qui te permet d’avoir du temps pour ta passion. Il suffit de faire deux nuits de douze heures pour avoir un temps partiel, et un salaire passable. Derrière, tu as cinq jours de ta semaine libres.

Justement, lui est souvent associé au Stade Malherbe de Caen. Si on te propose de remplacer le « Who Said I Would » de Phil Collins par Palace, tu signes ? Chanmé ! Bon après, DJ Snake a pris une sauce l’année dernière quand ils ont remplacé Phil Collins. Il faudrait bien peser le pour et le contre avant. D’un côté, ça ferait prétentieux de dire non. De l’autre, ça dépendrait ce qu’on me propose. Mais faire un hymne de foot, c’est un rêve de malade. J’adore le côté grand refrain de variété chanté comme un seul homme dans les stades anglais, c’est aussi pour cela que j’ai fait évoluer la direction de mon projet du rap vers un style un peu plus pop.

« Ça fait rien », c’est un son de rupture pour Pochettino ou pour les futurs lofteurs du PSG ? « 1+1, ça fait 2, Toi + moi, ça fait rien et j’en ai mal au cœur. T’inquiète pas, ça fait rien ». Ouais, c’est pas mal pour Pochettino. Mais son passage est tellement court et sans âme que la chanson ferait presque trop pour lui, c’est incroyable comme on arrive à transformer des entraîneurs géniaux au moment de les choper en mecs moyens. Pour moi, Tuchel est le vrai crève-cœur du PSG. Il est drôle, tu sens qu’il est malin et ses méthodes sont totalement dans la tendance de ce qui marche aujourd’hui. En plus, la rupture ne lui a vraiment rien fait ! Il va très très bien depuis qu’il est parti choper sa Ligue des champions à Chelsea, c’est dommage que les gens pensent que c’est une pipe. Tout le monde attendait que le PSG le tej’, mais moi, j’ai bien le seum que ça n’ait pas spécialement pris.

Les premières paroles de ton EP, c’est « Basile Palace frappe depuis des débuts déments, met des buts de fou ». Quel but t’a le plus marqué ? Le but de Bergkamp avec Arsenal contre Newcastle, sur la passe de Pirès. Pas très original ! Je l’avais découvert dans FIFA 06 ou FIFA 07, parce que c’était le Top 1 d’une vidéo intégrée dans le jeu avec les plus beaux buts de l’histoire. Les types qui voient un espace ou une situation et ne l’interprètent pas comme les autres, c’est le truc qui me fait le plus kiffer. C’est sûrement l’un des joueurs qui s’est le plus rapproché d’une pratique artistique du foot, je suis fasciné par ces joueurs qui ont une sorte d’halo autour d’eux et qui renvoient l’impression d’avoir toujours une seconde de plus que les autres pour faire des choix. Iniesta avait ça aussi, on dirait qu’il ne jouait pas le même sport. Sinon, le but de Ronaldo contre la Juve n’avait aucun sens. La panenka de Zidane en finale, aussi. Mais je n’avais pas encore vu beaucoup de matchs à l’époque, donc j’ai un peu banalisé son geste.

Quand tu chantes « Ce sera Palace avec ou sans toi », c’est un hommage au Crystal Palace de Patrick Vieira ? (Rires) Pas complètement. En revanche, je me suis renseigné à fond sur tout ce qui avait le nom de Palace quand j’ai lancé le projet. Le Crystal Palace, je sais que c’est un quartier de Londres avec un bâtiment en verre créé pour une expo universelle. Mais j’avoue que je ne suis pas très au fait du club. Par contre, je connais un plus Patrick Vieira : carrément dans l’esprit, c’est un immense kiff.

Dans le clip de « Palace », tu chantes pour une fille qui joue au foot. Pourquoi ce choix artistique ? Parmi toutes les styles esthétiques que j’adore, y a le mood Angleterre des années 1990-2000. Donc forcément, tu as la référence à « Joue-la comme Beckham », un film que je regarde encore régulièrement. Quand j’étais petit, il n’y avait jamais trop de filles qui jouaient avec les gars dans la cour. Je pense que c’est une question d’éducation, et je trouve ça chanmé que ça évolue. Les clubs ont compris qu’il fallait les mettre en avant.

Il paraît que tu connais la liste des Ballons d’or par cœur, comment ça t’es venu ?Je faisais le jeu de les retrouver avec des potes et je me suis rendu compte qu’une fois remonté au premier de Ronaldo en 1997, plus personne ne connaissait les autres. Du coup, pendant le confinement, j’ai commencé à tout apprendre. Maintenant, je suis en train de me renseigner sur eux. C’est bien beau de connaître leurs noms, mais ça ne sert pas à grand-chose et c’est intéressant de capter pourquoi certains traversent les époques plus que d’autres. Un mec comme Kevin Keegan, par exemple, tous ceux qui l’ont vu jouer considèrent que c’est l’un des meilleurs joueurs de l’histoire. Mais dans ses années à lui (lauréat en 1978 et 1979, NDLR), Rummenigge en prend deux et c’est plutôt ce nom qui s’est transmis à ma génération. J’ai découvert les vainqueurs par ordre chronologique, donc le premier est Stanley Matthews en 1956. Lui a joué de dix-sept à 50 ans, à Stoke et Blackpool. Il a un surnom trop stylé : « The Wizard of the Dribble ». Il chope son Ballon d’or hyper tard, à 41 ans. Et dans sa carrière, il n’a gagné qu’une coupe d’Angleterre en 1953. Un mec qui gagne le Ballon d’or après une saison blanche aujourd’hui, ça fait marrer. J’aime bien voir l’évolution du foot comme ça, aussi.

Dans la rhétorique de ton personnage, ton Palace – à qui tu fais un clin d’œil avec ton nom de scène – désigne tes potes et les gens qui t’aident dans tes projets musicaux. Tu accueilles quel Ballon d’or, dans ton Palace ?Un mec un peu marrant… (Il réfléchit) Je trouve Gianni Rivera très swagg. Il le gagne en 1969, et fait quasi toute sa carrière à Milan. Les années 1970 en Italie, c’est très stylé avec des maillots bicolores comme ça. D’ailleurs, au lieu de Grêmio, j’aurais pu prendre un vintage de l’Inter qui joue sur les mêmes tons pour la cover. Autrement, George Best pour l’ensemble du personnage et pour ses matchs. Parce que sur le terrain aussi, c’était dingue ! J’avais fait un exposé sur lui au lycée, probablement la plus grande rockstar parmi les footeux. J’adorais United, petit. D’ailleurs, je prends Ferguson en manager tous les jours.

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Propos recueillis par Gabriel Joly

Crédits photos Basile Palace : Ella Hermé

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