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Barça : et si le pire était déjà derrière lui ?
Le Barça pointe à dix-huit points d’un Real Madrid quasi champion, est éliminé de Coupe et de Ligue Europa, et a enchaîné deux défaites à domicile contre l’Eintracht et Cadix. Pourtant ces déconvenues, plus que des désillusions, peuvent laisser penser que l'enfer auquel étaient promis les Blaugrana, deuxième de Liga, est finalement moins terrible que prévu.
« Nous devons être plus humbles que jamais et penser que l’objectif est la deuxième place », lance Xavi en conférence de presse la veille d’un match « à six points » contre la Real Sociedad. Le club basque est sixième de Liga, à cinq points d’un Barça deuxième, bien loin du Real Madrid. Les Blaugrana cumulent deux défaites coup sur coup, une bien humiliante dans un Camp Nou rempli par les supporters de l’Eintracht Francfort avec une élimination de Ligue Europa à la clé, une autre contre le relégable Cadix. À en croire les médias catalans, le Barça de Xavi est en crise. Et même en « état d’urgence » selon Mundo Deportivo, qui liste huit carences actuelles de l’équipe : un coup d’arrêt après 15 matchs sans défaite, une saison blanche de tout titre, deux défaites consécutives, l’absence de leader, une défense fébrile, des fissures dans le jeu, le manque d’efficacité offensive, et la fragilité mentale. Pourtant, malgré tous ces maux, les Catalans sont deuxièmes de Liga, et ne devraient pas quitter le top 4, significatif de qualification en Ligue des champions.
Des fondations fébriles, mais encourageantes
Même si le pessimisme semble gagner certains supporters, Xavi, lui, n’oublie pas qu’il a débarqué au club « avec l’objectif d’être en Ligue des champions ». Six mois après son arrivée, le FC Barcelone est passé de la neuvième à la deuxième place, et est très loin de l’état dans lequel Ronald Koeman l’avait laissé, bien qu’à 8 points du Real, qui en compte désormais 18 d’avance. « Nous donnons tout, nous jouons un bon football, nous essayons de finir deuxièmes, même si ce n’est pas un objectif historique du Barça », plaide celui qui a permis cette belle remontada au classement. Si l’équipe actuelle manque désespérément de réalisme devant le but et que la défense se fait avoir comme des U18 contre la plupart de ses adversaires, les Culés ont retrouvé un jeu semblable à celui que l’on attend du club. « Nous ne sommes pas aussi mauvais que nous l’étions en novembre, mais nous devons nous améliorer en pensant au présent », préfère retenir Xavi, qui ne compte que 6 défaites en 31 matchs quand Koeman était à 5 en 13 parties cette saison. Et si tout n’est pas encore parfait, que le Barça de l’ancien milieu de terrain ne compte que 53% de victoires, pire ratio depuis 20 ans et le passage de Charly Rexach sur le banc catalan, les socios ont de bonnes raisons d’avoir de nouveau de l’espoir.
« Nous avons de nouveau rendu accros les supporters en gagnant des matchs contre de grandes équipes, s’enthousiasme le technicien espagnol, à qu’il reste « sept finales » pour prouver à son boss Joan Laporta qu’il a eu raison de lui faire confiance en plein chaos. Les grandes histoires s’écrivent avec un bon départ, et c’est ce que nous allons faire, faire une remise à zéro et essayer d’enthousiasmer les gens et de retrouver le bon jeu, la dynamique et la joie d’il y a deux ou trois matchs. » Tout n’est qu’une question de renaissance au Barça, qui n’a presque jamais connu la stabilité qu’a pu avoir son ennemi juré. Mais cette fois-ci, la pente était moins raide que prévu, les gamins du club, n’ayant pas toujours eu leurs chances en équipe première, étant la principale source de satisfaction de cette saison finalement réussie. Gavi, Nico, Pedri, Araújo et peut-être Ansu Fati sont déjà les piliers de l’équipe à tout juste vingt ans, alors que Xavi voit dans le trio du début ce que lui pouvait être aux côtés d’Iniesta et Busquets, toujours présent pour transmettre son savoir aux petits. L’un des plus gros travaux de l’entraîneur blaugrana réside aussi dans l’état d’esprit. Si les deux défaites consécutives ont quelque peu remis en question cet aspect, le Barça ne perd que 1-0 contre Cadix grâce aux belles parades d’un Marc-André ter Stegen au fond du trou en début d’exercice, et aux 13 sur 15 dribbles réussis (un record en Europe cette saison) par un Ousmane Dembélé plus déterminé que jamais malgré les critiques acerbes de ces derniers mois.
Une simple année de transition
La seule vraie ombre au tableau étant finalement la grosse blessure de Pedri, qui l’éloignera des terrains jusqu’en fin de saison. Avec son talisman, les Catalans n’ont jamais perdu, et pire, sans lui, ils ne comptent que 7 victoires en 19 matchs. Mais le Canarien prolongé contre une clause d’un milliard d’euros sera bien là la saison prochaine, vraisemblablement comme Gavi et Ronald Araújo, pour lesquels le club s’est enfin décidé de mettre la main au portefeuille pour prolonger leur bail.
Un peu plus d’un an après l’élection de Joan Laporta comme président, le FC Barcelone a retrouvé un semblant d’unité dans sa politique sportive, viré les stars signées à prix d’or par l’ancienne direction et assaini ses comptes en restaurant une grille salariale viable. « Nous ne traversons pas un bon moment dans le football, socialement ou économiquement, mais c’est comme ça », rappelle Xavi, alors que beaucoup semblent avoir zappé que le club était au bord de la faillite globale en début de saison. Les fameuses trois-quatre saisons de transition évoquées par Laporta lors de son arrivée semblent s’être réduites à ce seul exercice, lui-même moins catastrophique que prévu. Le plus dur reste à venir : confirmer les réussites de cette saison et recruter à bon escient pour enfin revenir sur le devant de la scène. Le tout sans laisser son « Spotify Camp Nou » être envahi à chaque match de Coupe d’Europe.
Par Anna Carreau