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Baden Baden : « Il m’arrive d’être nostalgique d’un joueur comme Francis Llacer »

Propos recueillis par Maxime Delcourt
7 minutes
Baden Baden : « Il m’arrive d’être nostalgique d’un joueur comme Francis Llacer »

Éric Javelle est un gars bien. En plus de sortir de bons albums de pop en français avec Baden Baden, il voue une admiration sans faille à Francis Llacer, est prêt à « tout pardonner » à Pastore, croit en la victoire du PSG face à Chelsea et a presque failli écrire un titre en hommage à Salvatore Schillaci.

Tu supportes le PSG depuis combien de temps ?

Mes parents se sont installés en région parisienne alors que je devais avoir 10 ou 11 ans. Plus jeune, j’étais plutôt porté sur le tennis et le basket, mais j’ai toujours été passionné de sport en général. Comme je suis quelqu’un de très logique, je me suis attaché naturellement au PSG. Aujourd’hui encore, quand je regarde les résultats ou le classement, c’est pour savoir ce qu’a fait l’équipe. En cela, je suis très différent de Gab (le batteur, ndlr) qui est un fervent supporter du HAC et espère chaque saison la remontée du club. Il a même acheté le maillot de cette saison en affirmant que c’était selon lui le plus beau, Ligue 1 et Ligue 2 confondues. Un vrai supporter, c’est pas toujours très clairvoyant, et c’est ça qui est beau.

Vous êtes tous les deux nés au Havre, pourquoi ne pas supporter cette équipe également ?

La différence, c’est que je suis très vite arrivé à Paris, contrairement à lui qui n’est arrivé dans la capitale qu’il y a quelques années. Je l’admire, car ça doit être un peu déprimant de supporter le HAC : ils sont dans le ventre mou du classement de L2 depuis des années. Jamais une petite fin de saison à suspense… Dans le groupe, il y aussi Julien (le guitariste, ndlr) qui, pour participer parfois à nos très pointues discussions footballistiques, essaie de nous faire croire qu’il est supporter de Valenciennes sous prétexte que c’est sa ville d’origine. Mais c’est faux : il ne connaît aucun joueur et n’y connaît rien non plus en foot. C’est exactement le mec à qui on tente d’expliquer pourquoi un but à l’extérieur compte double, même si ça n’est pas forcément visible au tableau d’affichage (rires).

Dans votre entourage, il y a également Simon, votre manager, qui est fan de foot, non ?

Ouais, c’est un supporter inconditionnel de Montpellier. Il est tellement peu objectif que ça n’a très vite aucun sens de discuter foot avec lui. Par exemple, il nous affirme sans cesse qu’ils auraient été champions de France il y a trois saisons… C’est difficile à croire (rires).

Ça t’arrive d’aller au Parc ?

Je n’ai jamais eu l’habitude d’aller voir un match de foot au stade quel que soit le niveau. Je crois que je n’aime pas l’ambiance sulfureuse où l’on insulte l’arbitre et les joueurs adverses, où l’on conteste toutes les actions de jeu défavorables alors qu’on est à 150 mètres de l’action… L’anonymat d’une foule rend souvent les gens idiots. Ça me gâche vraiment mon plaisir. Je crois que la seule fois où je suis allé voir un match du PSG au Parc, c’était pour un classico, sans doute un des plus horribles PSG-OM de l’histoire. C’était l’année où Anigo n’avait pas voulu que l’équipe première fasse le déplacement pour des raisons de sécurité, je crois. Du coup, c’était l’équipe réserve de l’OM, et le match avait fini par un soporifique 0-0, tandis que les supporters du PSG sifflaient leurs propres joueurs. Il y avait une ambiance presque malsaine et violente… Alors quand on dit aujourd’hui que l’ambiance a changé et est devenue plus familiale, je trouve ça très bien. Ça a été une décision courageuse.

 Vibrer au stade pour son équipe, c’est tout de même un sentiment important, non ?

Bien sûr! Quand tout se passe bien et que la passion est quelque chose de positif, l’ambiance d’un stade comme le Parc des Princes est magnifique. L’ambiance dans les stades anglais comme à Liverpool donne également des frissons. Mais je n’ai juste pas baigné dans cette culture. Et puis toute ma jeunesse, je jouais moi-même des matchs (de basket) en compétition à mon très humble niveau, avant qu’une stupide blessure au poignet ne me freine dans une carrière qui s’annonçait très prometteuse. Dans mon esprit, en tout cas (rires).

Quel est ton meilleur souvenir de match ?

Un de mes meilleurs souvenirs est le quart de finale de Coupe d’Europe PSG-Real Madrid avec le but de Kombouaré à la 93e minute après avoir encaissé un but à la 92e (!), qui nous éliminait. J’avais suivi le match à la radio et je crois que, sans les images, c’était plus stressant que jamais. Un autre souvenir fort est le 5-0 face au Steaua Bucarest pour remonter le 0-3 de l’aller. C’était euphorisant. Voir Florian Maurice voler au-dessus de la pelouse et marquer en contre le 4e but… c’était quelque chose. Ça lui a même un temps ouvert en grand les portes de l’équipe de France pour le Mondial 98. C’est là où on comprend que tout était possible ce soir-là. Finalement, tout est revenu à la normale dans le courant de la saison et Florian Maurice n’a pas fait le Mondial…

Le PSG des années 90 te rend nostalgique ?

J’étais ado à l’époque de Rai, Bravo, Ginola, Weah, puis Léonardo, Maurice, Djorkaeff. Ça marque forcément ! Et puis c’étaient de belles équipes, élégantes. Il m’arrive même d’être nostalgique d’un joueur comme Francis Llacer, et sa manière de tout donner en taclant les deux pieds décollés du sol dans le coin de corner. 15 ans de bons et loyaux services, ça se respecte. Il faut avouer aussi que l’ère Ronaldinho était très excitante également. J’adore ce genre de joueur « artiste » comme peut l’être Pastore aujourd’hui. Peut-être qu’ils ont tendance parfois à choisir leurs matchs, mais c’est pour ce genre de joueurs que j’ai envie d’allumer ma télé. Ce sont des artistes, des joueurs romantiques, créatifs, qui peuvent te sortir des actions qui sortent de nulle part. Les premiers matchs de Pastore au PSG, j’étais comme un fou. Je l’ai tout de suite aimé et j’ai presque envie de tout lui pardonner.

 Le PSG est un peu devenu le symbole d’un football démesuré, dépensant sans compter et cherchant avant tout à créer une marque plutôt qu’un collectif. Qu’en penses-tu ?

Ils ont créé une marque, c’est vrai, qui est un peu déconnectée de l’histoire du PSG, tant les choses ont pris une dimension folle. On peut toujours se poser la question de la moralité financière, mais c’est aussi une chance de voir jouer au Parc des joueurs hors du commun. Seul l’argent permet ça aujourd’hui. Et puis une interview d’Ibra face aux journalistes français, ça n’a pas de prix. Ce mec est un génie de la com !

 Pour le moment, tu penses quoi de la saison du PSG ?

Elle est sans grand relief en dehors du match aller contre le Barça. L’équipe a l’air un peu endormie. Mais j’ai bon espoir.

Tu penses que Laurent Blanc est l’homme de la situation ?

Peut-être pas. Quand un entraîneur n’inspire plus totalement une forme de crainte ou de respect, il vaut mieux changer. J’ai l’impression que ce n’est plus totalement le cas. Mais l’équipe a peut-être tout simplement besoin d’un déclic, comme une qualification face à Chelsea !

Aller chercher Chelsea, c’est possible ?

Évidemment ! Le propre d’un supporter est d’être toujours positif, même contre toute logique. Alors c’est sûr, on va battre Chelsea cette année. L’année dernière, c’est passé à trois fois rien, et en même temps, c’était tellement prévisible. Il y a une part de mental dans le sport qui est tellement importante. Je suis sûr que les joueurs savaient au fond d’eux qu’ils allaient craquer, alors qu’en réalité, il s’en est fallu de peu. Le soir du match, j’étais en pleine écriture de notre album dans ma maison au bord de la Manche. Cette défaite m’a déprimé toute la journée suivante, qui avait été du coup totalement improductive. C’est peut-être pour ça qu’il n’y a que onze morceaux sur l’album. Si Paris avait gagné, il y en aurait eu douze.

Ça veut dire quoi ? Que tu te verrais écrire une chanson sur le foot ?

Pourquoi pas. Mais ce serait de manière très imagée ou codée… On a d’ailleurs failli appeler un morceau Toto Schillaci. Tout simplement parce que la Coupe du monde 90 est l’un de mes premiers grands souvenirs de foot et parce que sa carrière se résume à ce mois de juin 90. Il est lui-même très lucide là-dessus. Il a atteint un niveau incroyable pendant trois semaines qu’il n’a jamais pu retrouver par la suite. On aime bien ces trajectoires éphémères, où la frontière entre le sublime et le tragique est infime parfois. Un sportif comme Dennis Rodman, par exemple, aujourd’hui fauché à cause de ses multiples divorces et frasques en tout genre alors qu’il avait tout gagné et, entre autres, des millions de dollars, est un de mes grands héros.
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