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Zuber, l’aile des Sauterelles
Oui, on peut avoir 21 ans et être déjà le taulier de son équipe. C’est le cas du milieu de terrain Steven Zuber, déjà plus de 100 matches avec le Grasshopper, l’actuel leader du championnat helvète.
Pas besoin d’avoir 30 ans pour avoir de la bouteille. Steven Zuber en est la preuve vivante. A 21 ans, fêtés il y a tout juste un mois, ce joueur suisse est en effet l’un des piliers de son équipe, le Grasshopper, et du championnat suisse depuis quatre saisons. Quatre saisons ? Oui oui. Le calcul est rapide à faire. Le milieu de terrain a fait ses grands débuts à l’âge de 16 ans, lors d’un match de Coupe Intertoto contre les Albanais du KS Besa. Quelques mois plus tard, il débutait en championnat. Depuis ce jour, il n’a pratiquement plus quitté l’équipe première, grappillant ici et là du temps de jeu, jusqu’à rapidement devenir un titulaire inébranlable. Ascension fulgurante ? Oui, on peut dire ça. Depuis la saison 2010-11, Zuber est intouchable, et contribue aujourd’hui grandement à la première place du Grasshopper en championnat. Ce week-end, grâce à un but sur la pelouse du FC Thoune (un club dont les supporters de Palerme font encore des cauchemars), il a participé au succès des siens (3-2), synonyme de première place maintenue, deux points devant Saint-Gall. Et si Ottmar Hitzfeld, sélectionneur suisse, ne l’a pas encore convoqué pour les prochaines rencontres de qualification pour la Coupe du monde 2014, face à la Norvège (12 octobre) et l’Islande (16 octobre), il ne désespère pas. Car son heure va venir. C’est écrit.
« L’un des plus grands espoirs du pays »
En Suisse, c’est même une surprise que Zuber n’ait pas encore été convoqué en équipe première, après avoir écumé toutes les équipes de jeunes de la sélection nationale suisse. « Ici, il est considéré comme l’un des plus grands espoirs du pays et, à chaque sélection d’Hitzfeld, tout le monde s’attend à ce qu’il y pointe son nez, nous explique Arnaud Cerutti, expert du football suisse à La Tribune de Genève. Il a été dépassé en septembre par la montée en puissance de Josip Drmic et maintenant par Nassim Ben Khalifa, son coéquipier à GC, qui a l’avantage d’être champion du monde des moins de 17 et qui est plus « tueur » devant le but, ce qui manque à l’équipe nationale » . De fait, être un renard des surfaces n’est pas franchement le point fort de Zuber.
Lui, son poste de prédilection, c’est sur les ailes. Gauche ou droite, peu importe, en fait. « Plutôt un demi de couloir très offensif, qui percute beaucoup et aime repiquer dans l’axe pour armer ses frappes » , c’est ce que l’on dit de lui chez nos voisins helvètes. S’il attendra donc encore un peu avant d’honorer sa première cape, le joueur des Grasshops est déjà en train de vivre une sacrée consécration. Avec son club, il réalise le meilleur début de saison de sa jeune carrière. Les Sauterelles (oui oui, les Sauterelles) n’ont plus été champions depuis 2003, et rêvent de redevenir l’équipe qu’elle était pendant les années 90, lorsqu’elle dominait le championnat suisse (cinq titres de champion en neuf ans). Zuber, lui, aimerait bien en être le phare. C’est bien parti pour.
Un coup de volant et des tonneaux
Pourtant, tout cela aurait pu ne jamais arriver. En novembre 2011, la vie de Steven Zuber a bien failli basculer, irrémédiablement. A bord de son Audi A1 blanche, le milieu de terrain est victime d’un terrible accident sur la route de Zurich. Un animal qui trainait sur la route, la nuit, un coup de volant pour l’éviter, et la voiture part en tonneaux avant de se retrouver sur la voie en sens inverse. Par miracle, personne ne passe par là à ce moment. Par miracle, aussi, le joueur est conscient et n’a même pas une égratignure, « à part une petite sur la main » précise-t-il aux médias locaux. En vrai, Zuber aurait pu y laisser sa vie. « Il peut remercier Dieu d’être en vie, et d’être sain et sauf » déclare également son entraîneur de l’époque – et mentor –, Ciriaco Sforza.
L’ancien joueur du Bayern Munich et de l’Inter a d’ailleurs beaucoup insisté pour que Zuber travaille son physique. Car auparavant, il était un peu frêle, ce qui l’a parfois gêné lors de ses débuts au haut niveau. Un haut niveau qu’il côtoie désormais depuis quatre ans, presque sans interruption. 10 matches en 2008-09, 20 en 2009-10, 34 en 2010-11, 31 en 2011-12 et déjà 9 cette saison, avec déjà trois buts à la clef, dont un pion décisif lors du derby contre le FC Zurich, remporté le 22 septembre dernier. Dans quelques jours, la Suisse disputera les barrages qualificatifs à l’Euro 2013 contre l’Allemagne. Zuber y sera, pour tenter d’aider son pays à se qualifier. Pas sûr, toutefois, qu’il puisse disputer cet Euro l’année prochaine. Il sera peut-être ailleurs. Quelque part avec les grands.
Par Eric Maggiori