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Zozulya, l’héritier de Schevchenko ?
Ce week-end, et c’est un événement, le Shakhtar Donetsk s’est incliné, lors de la 7e journée du championnat d’Ukraine. Le bourreau du champion en titre ? Le Dnipro Dnipropetrovsk, et son jeune buteur-maison, Roman Zozulya, 23 ans, auteur d’un doublé décisif.
Il ne faut pas se tromper. Il y a actuellement trois Zozulya en activité. Oleksy, défenseur, qui évolue à Poltava. Dmitriy, milieu de terrain, qui joue à Bukovyna. Et Roman, attaquant, qui porte le maillot du Dnipro Dnipropetrovsk. Là aussi, attention aux confusions. Roman Zozulya, c’est également un célèbre gymnaste ukrainien, qui a participé aux Jeux olympiques de 2000 et 2004. Celui qui nous intéresse, donc, c’est le Roman qui évolue au Dnipro. Un attaquant de 23 ans qui, ce week-end, a littéralement fait trembler le football ukrainien. En effet, avec un doublé, ce joueur issu du centre de formation a terrassé à lui seul l’invincible Shakhtar Donetsk. Ce Shakhtar invaincu cette saison, et qui n’avait pas encore perdu le moindre match lors de l’année 2013. Zozulya est passé par là, a claqué deux buts et a fait tombé le multiple champion d’Ukraine. Or, c’est tout sauf une surprise, pour ceux qui s’intéressent de prêt à la Premier League ukrainienne. Zozulya est en effet un élément qui monte en puissance depuis plusieurs saisons, et qui, selon les prévisions, devrait exploser cette année. Le doublé décisif face au Shakhtar pourrait bien être le point de départ d’une saison qui pourrait le mener au Mondial 2014. Encore faudra-t-il s’y qualifier.
Une expulsion en guise d’electrochoc
Dernièrement, Roman Zozulya s’était pourtant fait remarquer d’une drôle de façon, en Ukraine. 7 juin 2013. L’Ukraine se déplace au Monténégro pour un match capital dans la course à la qualification au Mondial 2014. À ce moment-là, le Monténégro est en tête du groupe, avec 14 points. L’Ukraine est troisième, avec 8 points. En cas de défaite, les Ukrainiens peuvent quasiment dire adieu à leurs espoirs de qualification. Le match est disputé, mais à la 45e minute, c’est le tournant. Zozulya, titularisé par Mikhail Fomenko, est expulsé pour un coup de coude sur Vladimir Božović. L’Ukraine doit jouer toute la seconde période à 10 et Zozulya sait qu’il va peut-être devenir le vilain petit canard. Mais en deuxième période, miracle. Unis dans la souffrance, les Ukrainiens sortent un match dingue et s’imposent 4-0, relançant complètement la course en tête de ce groupe H. À la fin de la rencontre, Denis Garmash, premier buteur ukrainien de la soirée, en rigole : « Nous devons remercier Roman. Son expulsion a créé un électrochoc. Nous nous sommes dit :« Tous les éléments sont contre nous, alors nous allons gagner. » »
Du haut de ses 10 sélections, Zozulya n’imaginait certainement pas être héros de cette façon-là. Le sélectionneur ukrainien le considère comme le futur grand attaquant de la sélection nationale, et, au pays, on n’hésite d’ailleurs pas à le comparer à l’illustre Schevchenko. Un peu tôt ? Peut-être, oui. Mais force est de constater que le gaillard a d’indéniables qualités. Ce n’est pas pour rien que Juande Ramos, le coach du Dnipro, en a fait un titulaire quasi-indiscutable depuis le début de la saison, aux côtés de Seleznyov et du Brésilien Matheus Nascimento. Une vraie montée en puissance pour ce joueur qui, la saison dernière, n’avait disputé que 17 matchs en tant que titulaire, mais qui avait terminé l’année par un triplé, lors du carton du Dnipro contre Ilychivets, 7-0. Zozulya avait également scoré en Europa League sur la pelouse du Napoli (victoire 4-2 des Napolitains grâce à un quadruplé de Cavani) et contre l’AIK Stockholm, un doublé lors du succès 4-0 du Dnipro. « S’il accumule du temps de jeu, Zozulya va devenir l’un des meilleurs attaquants du championnat » , annonce d’ailleurs Juande Ramos, qui, au cours de sa carrière, a tout de même entraîné des mecs comme Luís Fabiano, Raùl, Van Nistelrooy ou Berbatov.
Dynamo-3, Dynamo-2 et Dynamo
Le doublé inscrit contre le Shakhtar a une saveur toute particulière pour Zozulya. En effet, le joueur a été formé au Dynamo Kiev, le grand rival sportif du club de Donetsk. Le natif de Kiev intègre les jeunes du Dynamo dès l’âge de 13 ans et intègre le Dynamo-3 en 2005, alors qu’il est âgé de 16 ans. Il ne dispute toutefois qu’un seul match avant d’être promu chez le Dynamo-2, l’équipe réserve du Dynamo Kiev. De 2005 à 2008, il dispute 59 matchs et inscrit 12 buts. Au terme de la saison 2007-08, alors qu’il n’a pas encore fêté ses 20 ans, il intègre l’équipe première du Dynamo, où on le considère comme un futur prodige du club. Mais chez les grands, le temps de jeu est limité pour le jeune Roman. Belle histoire, le 17 octobre 2008, alors qu’il ne compte que 60 minutes d’expérience en première division, il inscrit son premier but pro contre le Zorya Lugansk, lors d’une victoire fleuve 5-0. Mais la confirmation tarde. Lors des trois saisons qu’il passe au Dynamo Kiev, Zozulya ne dispute que 1292 minutes, soit une moyenne de 430 minutes par saison, l’équivalent d’à peine 5 matchs complets.
Conscient qu’il ne pourra pas totalement éclore dans la capitale, il décide, lors de l’été 2011, d’aller voir ailleurs. Il s’engage avec le Dnipro Dnipropetrovsk, valeur montante du football ukrainien. Ses statistiques sont alors exponentielles. La première année, 15 matchs, 3 buts (0,2 but par match). La seconde, 27 apparitions, 8 pions (0,3). Et depuis le début de la saison qui vient de débuter, déjà 3 buts en 7 rencontres (0,42). Ce ne sont pas encore les stats de Cristiano Ronaldo ou de Cavani, mais, comme on dit, petit à petit, l’oiseau fait son nid. D’autant que cette année, le Dnipro pourrait bien jouer un vrai rôle de protagoniste en championnat d’Ukraine. Après la victoire de ce week-end face au Shakhtar, l’équipe de Dnipropetrovsk est troisième, à un point du Shakhtar, et à deux longueurs du nouveau leader, le Metalist Kharkov. Et la semaine, Zozulya retrouvera son passé, avec un déplacement toujours compliqué sur la pelouse du Dynamo Kiev. L’occasion de prouver à ses anciens dirigeants qu’ils n’ont pas franchement eu du flair de le laisser partir ?
Par Eric Maggiori