- International
- Barrages CDM 2014
- Ukraine/France (2-0)
- Notes
Zozulya et Yarmolenko concrétisent, Matuidi et Nasri plombent
Dans un match musclé, les Bleus ont failli collectivement avant de se perdre individuellement. En face, les Ukrainiens ont opéré en deux temps : ils ont agressé l'adversaire pour l'achever une fois fatiguée. Ses héros du soir se nomment Edmar, Zozulya et Yarmolenko.
France
Lloris (5) : Pour ceux qui en doutaient encore, Lloris a retrouvé connaissance et oublié le genou de Lukaku. Tout ce qu’il avait à faire, il l’a bien fait, pour une défaite 2-0 dans laquelle il ne peut pas se reprocher grand-chose. Une rencontre au ph neutre.
Debuchy (3) : Après un bon début de match offensivement, La Bûche s’est effacé et a coulé avec l’ensemble. « Allo Maman Bobo » .
Koscielny (6-6 = 0) : Toujours cette coupe de lycéen en jogging Kappa, mais encore un match propre pour le Kosc’. Une mi-temps durant. Avant de finir par terre sur le but ukrainien. Et de concéder un pénalty sévère. Et de prendre un rouge.
Abidal (3) : Un match difficile pour Éric Abidal, un ton en dessous ce soir sur le ring. Vous l’aurez compris : ce match était bien pour Mamadou Sakho.
Évra (4,5) : Roland Tournevis, Michel Fernandel, Bixente Lizarazu, Pierre Ménez, tous assis dans leur fauteuil ont pu observer Patrice Évra entrer le match comme un minime : avec beaucoup de fautes, mais avec la dalle. L’excitation, un peu, l’envie de bien faire, forcément, après le clash. L’un des rares à rentrer dans le lard des Ukrainiens. Il pourra toujours se rattraper dimanche dans Téléfoot.
Pogba (5) : « La Pioche » a pioché ce soir. Il a distribué, certes, mais souvent dans le vide, et rarement vers l’avant. Une histoire de compatibilité sans doute. Le 4-2-3-1 n’a pas l’air fait pour lui et l’empêche de se projeter. En revanche, quand il l’a fait, il l’a bien fait. Peu importe que les Bleus aillent à Rio, il est déjà dans le turfu. Aux côtés de Booba.
Matuidi (3,5) : Dans le combat, il aurait dû sortir du lot, ça n’a pas été le cas. Sa relation avec Pogba a été beaucoup trop stérile. Pire, il a donné l’impression que Cabaye aurait beaucoup plus apporté à sa place sur les séquences offensives. Un constat terrible après un match de cette importance.
Rémy (4,5) : On attendait de Rémy qu’il soit le contrepoids de Ribéry à droite et qu’il aère le jeu français en lui donnant verticalité et profondeur. Pas une mince affaire. Le revenant s’est montré à son avantage sur les ballons qu’il a touché. Ils ont été en revanche trop peu nombreux. Remplacé par Sissoko (2). C’est dur à dire, mais c’était sans doute un match pour l’ancien puncher de l’Île du Ramier. Or il n’a rien apporté. Vous pouvez donc en conclure ce que vous voulez. Un point pour sa feinte de corps, sûrement un conseil refilé par Ben Yedder.
Nasri (3,5) : Des accélérations, des passes (parfois ratées), des kilomètres avalés, des frappes cadrées, ce soir Samir Nasri a donné de la consistance à l’expression consacrée : « faire son match » . Une façon de dire aussi qu’il n’est pas sorti du lot. Ce que Deschamps attendait pourtant de lui. Autopsie d’une fausse bonne idée. Remplacé par Valbuena entré pour dix minutes au pire moment.
Ribéry (4,5) : Francky s’est démultiplié, mais n’a pas pesé autant qu’espéré. Aussi parce que les Bleus n’ont pas eu la possession souhaitée. La faute à lui ? Un peu, mais aussi à l’animation offensive et à la compo du jour. Au moins, on devrait passer une soirée sans débattre sur son futur Ballon d’or.
Giroud (4) : Giroud s’est battu, Giroud a remisé, Giroud a couru. Olivier Giroud a raconté une histoire qu’il connaît bien ce soir à la pointe de l’équipe de France : l’histoire de l’attaquant qui fait un bon match, mais ne marque pas. N’attendait-on pas plus de lui dans un barrage ? Remplacé à vingt minutes du terme par Benzema (4) qui s’est vu offrir la chance de sa vie pour tout effacer : la galère et la série noire. On va dire qu’il se réserve pour le match retour ou l’Euro 2016.
Ukraine
Pyatov (5) : Le vieux Pyatov n’a pas eu peur ce soir. Et n’a pas trop été mis à contribution. Un homme qui peut donc remercier sa défense. Ou l’animation de Didier Deschamps.
Fedetskiy (6) : Le joueur s’est démené dans son couloir et a su tenir Ribéry. Il ne jouera pas le match retour. Pas grave, il a rempli sa mission.
Khacheridi (6) : Un homme de base du système défensif. Un système défensif qui a encaissé seulement quatre buts lors des qualifications. « Nugh Said » comme disent les américains.
Kucher (7) : À mi-chemin entre Ashton Kutcher et Bernard Kouchner, Kucher a joué avec Giroud et donné le tempo à sa défense. Solide, comme on dit. Il s’est sacrifié en fin de match et a pris un rouge. Le sens du devoir.
Shevchuk (6) : Un latéral de 34 ans avec une bonne gueule des nineties pour un match d’ancien donc, efficace et sans fioriture. Le genre de prestation qu’on ne remarque pas et à qui une victoire ou une défaite donne une toute autre allure.
Rotan (7) : L’homme avait un couteau entre les dents ce soir. Le guerrier a montré l’exemple dans le combat et le pressing imposé par les siens aux Bleus. La fameuse histoire du capitaine courage marche encore.
Stepanenko (5) : Comme Radek Stepanek, un homme qui fréquente parfois les grands rendez-vous sans pour autant les marquer. Sauf que Radek a Martina Hingis à son tableau de chasse.
Yarmolenko (7) : L’ailier inversé, le gaucher qu’on cale à droite et qui repique a mis en danger la défense bleue avant de l’achever sur un pénalty. Le genre de joueur qui contentera aussi les conversations de hipsters la semaine prochaine. Devrait donc en toute logique signer au Borussia Dortmund sous peu.
Edmar (7) : Une identité de joueur PES sans licence, une vraie dégaine de seconde zone, et une envie décuplée d’aller jouer la Coupe du monde chez lui, au Brésil. Décisif sur le but ukrainien, le joueur de Metalist Kharkiv a donc été plus rentable que son vis-à-vis Samir Nasri.
Konoplyanka (6) : Un nom de James Bond girl et le rôle qui va avec : du frisson occasionnel, une présence remarquée pour une importance que l’on ne sait toujours pas évaluer. Remplacé par Gusev dans les arrêts de jeu, entré trop tard pour être noté.
Zozulya (9) : La belle histoire. Le joueur a longtemps traversé le match comme Llewin Davis traverse le dernier film des frères Coen : seul. Avant d’ouvrir le score et d’entrevoir avec son équipe une Coupe du monde au Brésil. Remplacé par Seleznyov (5) qui a aidé ses coéquipiers à tenir la balle en fin de match.
par Antoine Mestres