Zlatan, un numéro 10 de patron

Cher journal,

Je suis satisfait. J’ai enfin récupéré le numéro 10 du Paris Saint-Germain. J’ai fait croire aux dirigeants que c’était mon numéro porte-bonheur depuis toujours. Les types sont tellement à mes pieds qu’aucun d’entre eux n’est allé vérifier que je n’avais jamais porté le numéro 10. J’ai eu le 9 à Turin et au Barça, le 8 à l’Inter, le 11 au Milan AC. En fait, il me manquait encore le 10 pour compléter mon jeu des 7 familles. Et puis bon, je sais que cela va faire chier Nene. Je suis même à deux doigts de me foutre des écarteurs de narine floqués du numéro 10 au prochain match, juste pour me foutre de lui. Ou à porter un T-shirt : « Why Always Me (and Never Him) ? » en dessous de mon maillot. Bon, en même temps, je respecte son choix sportif. Partir à Algarafa, c’est vraiment bien, chapeau. On dirait le nom d’une planète dans La Guerre des Étoiles, putain. C’est quoi son championnat ? Le championnat de l’Empire galactique ? Avec Jar Jar Binks comme meilleur buteur, Dark Maul et son double-sabre dans les cages, et Jabba le Hutt à la place de Gignac ? N’importe quoi. Je préfère encore Rémy sans famille qui part à QPR. Au moins, il assume. C’est un loser, et il part dans un club de losers pour le fric. Zlatan apprécie.

Bon, à part ça, le week-end dernier, nous avons fait 0-0 contre Ajaccio. Par contre, mes coéquipiers avaient oublié de me prévenir qu’il s’agissait de la reprise du championnat. Vu le niveau des adversaires en face de nous, j’ai vraiment cru que l’on était encore en train de jouer en Coupe de France contre des amateurs. Or, Zlatan n’aime pas jouer contre des nuls, il ne se sent pas valorisé. Frapper les faibles, je laisse ça à Lavezzi, qui est allé à la bonne école, à Naples. Ah oui, au fait, je n’ai pas reçu de sanction pour mon coup de crampon sur la tête de Lovren. Ils ont jugé mon geste « involontaire » . Quelle bande de tocards. Depuis quand Zlatan fait des choses involontairement ? Zlatan contrôle tout ce qu’il fait. Et surtout ce qu’il fait avec ses crampons. Demandez donc à Ruffier, qui, grâce à Zlatan, s’est fait un tatouage tribal sur le torse, à l’encre indélébile, et sans payer, en plus. Je devrais peut-être ouvrir mon propre salon de tatouages, tiens. « Tatoo ce qui brille » , tatouage au crampon. Je suis sûr que Djibril Cissé serait intéressé.

J’essaie de trouver des nouvelles occupations, parce que tu sais quoi, cher journal ? Bah je m’emmerde un peu, à Paris. Du coup, j’ai déjà décidé d’acheter un cheval de course. Il s’appelle Raja Mirchi, mais je pense que je vais plutôt le rebaptiser Alaintraoré, pour qu’il ait l’aura d’un vrai étalon. Ou Charlkaboré, mais j’ai peur qu’après, il court toujours en dehors de la piste. Je m’imagine déjà le dimanche, à Longchamp, en train d’assister aux courses avec Helena et Nasser, pendant que mes coéquipiers seront en train de se farcir un déplacement en bus au stade Bonnal. Les couillons. Tiens, en parlant de couillon, j’ai vu que Ben Arfa avait déclaré que « ce serait un honneur de jouer avec Zlatan » . Très bien. Mais c’est qui Ben Arfa ? C’est celui qui a dit « ferme ta gueule » à un journaliste, ou celui qui a fait le mur pour aller se trémousser avec des gogo danseuses ? Sincèrement, je les confonds tous. J’essaie de me souvenir d’eux pendant le match France-Suède, en juin dernier, mais tout ce dont je me souviens, c’est d’une reprise de volée acrobatique de Zlatan, et du placement de Mexès. Enfin, je veux dire, du gros bide de Mexès qui l’empêche de se placer correctement. On voit ce que ça donne à Milan d’ailleurs. Septième avec deux points d’avance sur Catane ? Wahou, costaud.

Il faut croire que les gens aiment parler de Zlatan. Cette semaine, Rolland Courbis a déclaré que j’étais « ingérable tactiquement » . Euh, Rolland Courbis ? De la part d’un type qui n’a jamais rien gagné en tant que coach, je trouve ça bizarre. Attends, on parle bien du mec qui est inculpé d’infraction à la législation sur les jeux ? Et celui de l’affaire de la caisse noire de Toulon ? Et celui de l’affaire des comptes de l’OM ? Effectivement, côté tactique, il a l’air d’être une pointure. Si Zlatan est ingérable tactiquement, lui est incapable de gérer une tactique, visiblement. Ou alors une tactique qui mène à la case prison. Un as du Monopoly, sûrement.

Bon, je vais te laisser, cher journal. Dimanche soir, nous jouons à Bordeaux. On m’a dit que Bordeaux était une équipe adepte du 0-0. Ils peuvent être adeptes du 0-0, mais s’il y a Zlatan en face, ils feraient mieux d’être adeptes du zéro tout court. Comme le nombre de points avec lesquels ils vont repartir. Allez, à bientôt.

Z.

NB : J’ai vu que Lance Armstrong avait confessé s’être dopé pendant sa carrière. Je ne savais pas qu’il avait joué au Barça.

PS : Visiblement, mon nouveau pote Kanye West n’a pas encore compris que quand Zlatan a des besoins urgents, sur la pelouse, il ne faut pas venir l’emmerder. D’ailleurs, à en croire la position cambrée du joueur d’Ajaccio, derrière, cela ne va pas tarder pour lui non plus.

Ceci est évidemment une fiction. Toute ressemblance avec des faits réels et avérés serait fortuite. Enfin, pas tant que ça.