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Zlatan et CR7, ces footballeurs nez
Ce n'est pas nouveau, le footballeur est une marque, un chef d'entreprise, une machine à billets, mais un expert en senteurs ? Sérieusement ?
Le nez humain est une machine de guerre. Selon une étude de Science Magazine datant de l’année dernière, nous sommes capables de distinguer plus de mille milliards d’odeurs différentes. Distinguer, oui. Mais reconnaître, c’est une autre histoire. Et ça, c’est le job d’un parfumeur, d’un « nez » , du cerveau à la base d’une fragrance. Alors, la question qui se pose est : qu’est-ce que Cristiano Ronaldo et Zlatan Ibrahimović viennent faire dans le monde de la parfumerie ? « Moi, je pense que le footballeur a des préférences, mais aucune connaissance en parfum. Bien entendu qu’il peut donner ses goûts, se rendre au laboratoire, suivre les différentes étapes de la conception du parfum, mais les décisions de base sont prises par le « nez » qui connaît les tendances. Ça paraît logique. » Rien de très surprenant ici, mais le ton est donné par Bernard Gangler, membre du Syndicat des experts professionnels en œuvres d’art, spécialité parfumerie. En gros, chacun son métier : le football au footballeur et le parfum au parfumeur.
Lady Gaga et Cyrano
Mais tout n’est pas si simple. Quand deux mondes décident de se mélanger, il faut forcément qu’il y ait un peu de partage. À l’usine Charabot de Grasse, capitale mondiale du parfum, on avance deux types de célébrités se lançant dans le marché de l’odorat. Celles qui ne foutent rien : « Elles donnent leur nom en licence à une société qui aura tout le loisir de développer le parfum en son nom. La plupart des célébrités font comme ça, type Lady Gaga. » Et celles qui fourrent leur pif de partout : « Ils prêtent leur nom, mais participent aussi aux séances d’évaluation, écoutent les propositions qu’on leur fait. Tout dépend de leur disponibilité. » Et dans les deux cas, le résultat est le même : le nom du parfum portera leur nom.
Pour Cristiano Ronaldo, rien n’indique qu’il s’est impliqué dans l’élaboration de Legacy. Des soupçons seraient même fondés. Preuve en est avec sa présentation du jour : « C’est quelque chose que j’ai toujours voulu faire, depuis tout petit. Pour moi, avoir un parfum à mon nom est quelque chose d’unique. (…) Et puis, c’est toujours difficile de faire de la publicité après les entraînements. » Traduction : il n’a pas l’air de savoir de quoi il parle. Mais pour Zlatan, ça semble différent. Dans une interview donnée à GQ, le Cyrano de Bergerac suédois n’hésite pas à se mouiller : « Je me suis impliqué à fond ! J’ai senti des tas d’arômes et d’échantillons, sans jamais me référer à tel ou tel parfum, uniquement des matières premières. » Et avec un tel caractère, un tel tarin, on l’imagine bien humant toutes sortes de choses et donner son avis sur tout.
Cerise et Eau Sauvage
Au final, difficile de discerner le vrai du faux. En revanche, « les stars sont généralement bien présentes en fin de production. Pour parler du design du flacon et du packaging du produit » , selon Bernard Gangler. C’est d’ailleurs un aspect important, voire primordial d’un parfum. La cerise sur le gâteau. Et puis, si tous les joueurs nieront faire ça pour l’argent, il est évident que la contrepartie financière est une de leurs motivations premières : « Cristiano Ronaldo est suivi par je ne sais pas combien de personnes à la télé. Plus d’un milliard de personnes le connaissent peut-être ? Un produit signé par un joueur de foot, c’est une source de revenus certaine. Toutes ces personnes qui le connaissent vont s’identifier à lui. Et pas que les hommes. Je me souviens par exemple que pour Eau Sauvage de Paco Rabanne, de nombreuses femmes l’ont acheté. Le parfum unisexe est très en vogue aujourd’hui. » De quoi élargir le marché cible et encaisser encore plus de cash. Qui a dit que l’argent n’avait pas d’odeur ?
Par Ugo Bocchi