- Ligue des Champions
- 8è
- Arsenal/Milan
Zlatan a les crocs
Stratosphérique au match aller, Ibrahimovic s’apprête à guider le Milan AC en terre anglaise vers les quarts de finale de la Ligue des Champions. Et le bonhomme est en forme : pour fêter son retour de suspension, il vient de claquer un triplé en championnat.
Certains le préfèrent avec. Certains le préfèrent sans. Mais tous sont d’accord : le Milan AC n’est pas le même avec ou sans Zlatan Ibrahimovic. Lorsqu’il reçoit un carton rouge contre le Napoli, il y a quelques semaines, les tifosi rossoneri tremblent. Trois matches sans Ibra, c’est dur. Surtout lorsque le calendrier prévoit deux rencontres face à l’Udinese et la Juventus. Et pourtant, non. Milan ne cale pas. Au contraire. A Udine, les Milanais remportent leur première confrontation directe de la saison, avant d’enchaîner par un succès sur la pelouse de Cesena. Puis le match nul contre la Juventus, et son lot de polémiques pour le but-fantôme de Muntari. Sept points sur neuf : l’absence du meilleur buteur du club ne s’est pas fait sentir.
Mieux, Allegri a même misé sur d’autres armes (Robinho, El Shaarawy, Emanuelson…) et a découvert une autre facette du Milan AC. Mais quand le maestro revient, c’est une autre histoire. Après avoir purgé sa suspension, Ibra fait son retour contre Palerme. Trois éclairs dans la fin d’après-midi sicilienne. Boum, pied gauche, boum, pied gauche, boum, pied droit. 3-0 en un quart d’heure. Et finalement 4-0 à la fin de la rencontre, grâce à un dernier but de Thiago Silva. Tiens, 4-0. Ce score est forcément familier à l’ami Arsène. En effet, c’est sur ce résultat que le Milan AC et Arsenal se sont séparés au match aller, à San Siro. Coïncidence, Zlatan, dont la suspension n’avait aucune incidence sur la Coupe d’Europe, était sur la pelouse. Et avait déjà été monstrueux. Parce qu’il a envie de bouffer la Ligue des Champions ?
Samouraï, tabou et sucrerie
C’est un fait. Zlatan a un grand nez. Et une coiffure de samouraï. En revanche, les grandes oreilles de la C1, il ne les a pas encore ajoutées à sa vitrine. Et c’est bien l’une des seules qui manquent. Championnats des Pays-Bas, d’Italie, d’Espagne : l’attaquant gagne partout où il passe. Il vante actuellement la plus belle série en Europe (et vraisemblablement au monde, donc) de huit titres de champion consécutifs. D’accord. Ça, c’est bien. Mais la consécration, c’est la Ligue des Champions. Et pour ce trophée-là, Zlatan a toujours été à côté de la plaque. Jamais au bon endroit au bon moment. Il rejoint le Barça après que les Blaugranas ont remporté la C1 à Rome. Manque de bol, il se fait éliminer par son ancien club, l’Inter, qui remportera l’épreuve cette année-là. Arrivé à Milan, il pensait pouvoir rompre le tabou. Mais Tottenham, l’an passé, met un terme à ses rêves, en éliminant les Rossoneri en huitièmes de finale.
Qu’à cela ne tienne. Ibra a bien retenu la leçon. Lorsque Arsenal débarque à San Siro, pour perpétuer la bonne tradition des clubs anglais contre celui de Via Turati, il devient fou. Une merveille de passe décisive pour Robinho, un but sur pénalty, et une prestation à six mètres au-dessus des autres. Ça y est, Zlatan tient son match référence en Ligue des Champions. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, ce jour-là, Milan s’impose 4-0 et met plus qu’une option sur la qualification en quarts de finale. Au fond de lui, Ibra a clairement fait de la C1 son objectif principal. Il se considère comme le meilleur joueur du monde ( « Je n’ai pas besoin d’une récompense pour savoir qui est le meilleur » ), et, forcément, le meilleur joueur se doit de remporter la plus grande compétition. S’il n’a jamais figuré dans le Top3 du Ballon d’Or, il veut au moins marquer l’histoire, autrement. Et quoi de mieux, pour ça, que de ramener à Berlusconi sa sucrerie favorite ?
L’appétit vient en mangeant
Après son match plus que costaud à Palerme, Ibra a suscité l’admiration de tous. Particulièrement celle de son coach, Massimiliano Allegri, qui juge que son buteur, déjà auteur de 18 pions en championnat, a « le niveau pour être Ballon d’Or » . Ibra n’a pas tenu à répondre par presse interposée à ce compliment. Non pas parce qu’il n’est pas convaincu que son entraîneur a raison, mais tout simplement parce qu’il est concentré sur autre chose. De fait, le match contre Arsenal, ce soir, semble ressembler à une formalité. Juste une petite visite touristique de Londres pour aller composter son billet pour les quarts de finale. Mais en réalité, c’est bien plus que ça. Milan n’a plus passé les huitièmes de finale de la Ligue des Champions depuis la saison 2006-07, année où elle a remporté le trophée, en battant en finale Liverpool (2-0). Pour une équipe avec un tel palmarès et une telle tradition dans cette compétition, c’est inadmissible. Et Zlatan se voit bien en justicier qui remettrait les choses à leur place.
Avec les absences de Cassano et de Pato (en vrai, Pato n’est pas absent, mais depuis quatre mois, c’est tout comme), Ibra est le guide de ce Milan qui n’a aucune intention de commettre un faux-pas impardonnable contre Arsenal. D’ailleurs, le Suédois se voit bien aller planter un petit but à l’Emirates, ce soir, histoire de prouver que le Milan est redevenu « Grande » . D’ailleurs, ce stade lui évoque forcément des bons souvenirs. Il y a deux ans, lorsqu’il portait encore le maillot du Barça, il était venu claquer un petit doublé, en quarts de finale de la C1, permettant à son équipe d’envisager sereinement le match retour (finalement remporté 4-1 avec un quadruplé de Messi). Ce coup-ci, Zlatan voit plus loin. S’il n’affiche pas ouvertement ses objectifs (histoire de ne pas passer pour un con si cela foire ?), il sait déjà où il veut être en mai prochain. Non : Milan n’a peut-être pas le niveau du Real Madrid ou du Barça. Mais Milan détient un joueur capable de changer le cours de n’importe quel match. Et cette année, après avoir un peu tergiversé l’an dernier ( « Je n’ai plus autant envie qu’avant » ), Zlatan a de nouveau la dalle. Et qu’on se le dise, c’est une vraie dalle de forain.
Le match en live avec SO FOOT ce soir, 20h45
Eric Maggiori