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Zinédine Zidane, le vrai départ
Pour la deuxième fois de sa carrière professionnelle, Zinédine Zidane quitte ses fonctions d’entraîneur principal du Real Madrid. À un an de la fin de son contrat, Zizou a décidé de mettre lui-même un terme à son aventure chez les Merengues. L’occasion de dresser le bilan de son deuxième passage sur le banc madrilène, avec plus de satisfaction qu’on peut le penser.
« Jusqu’à présent, il est entraîneur du Real, non ? Je ne le vois pas partir. Il ne va pas partir, vous verrez. S’il part, il part… Mais pour l’instant, je ne vois pas le Real sans Zidane. » Avant de rejoindre Clairefontaine pour participer au rassemblement de l’équipe de France qu’il n’avait plus connu depuis 2015, Karim Benzema s’est laissé aller au jeu du pronostic dans un entretien accordé à L’Équipe. Mais deux jours après cet échange, force est de constater que l’avant-centre indéboulonnable du Real Madrid est bien meilleur pour enchaîner les buts et les passes décisives que pour valider les grosses cotes. Ce midi, le compte Twitter du club madrilène a en effet publié un communiqué explicite : « Zinédine Zidane a décidé de mettre fin à sa charge actuelle d’entraîneur de notre club. Il est maintenant temps de respecter sa décision et de montrer notre reconnaissance pour son professionnalisme, son dévouement et sa passion durant toutes ces années, et pour ce qu’il représente pour le Real Madrid. » Le deuxième mandat de Zidane sur le banc des Blancos s’arrête donc ici. Pas une raison, cependant, pour broyer du noir.
« Je n’ai pas pu dire non à Florentino Pérez »
Si le départ du double Z suscite une émotion légitime chez tous les membres historiques du vestiaire madrilène (Sergio Ramos a notamment conseillé au boss de « profiter de la vie et de la famille »), ce départ doit aussi servir à initier une nouvelle ère dans les esprits de la Maison-Blanche. Au moment de prendre une décision aussi importante pour la suite de sa carrière à court terme, Zidane s’est probablement rappelé d’une chose : il est impossible de boucler une saison blanche avec le Real Madrid sans en payer les conséquences, quel que soit le nom de l’entraîneur affilié à l’équipe. L’écusson du club associé au prestige qu’il représente englobe une symbolique beaucoup trop importante pour ignorer cela, et même si le bilan reste tout à fait honorable (demi-finaliste de C1, dauphin de l’Atlético de Madrid en Liga), seuls les trophées sur la table comptent au Real.
Le 31 mai 2018, Zidane avait quitté le commandement du Real Madrid à la meilleure place possible : celle d’un entraîneur champion d’Europe pour la troisième fois consécutive (du jamais-vu depuis le début de la compétition initiée en 1955) et adulé par tout le peuple merengue. Ce 27 mai 2021, la donne est différente : depuis son retour aux affaires le 11 mars 2019 et l’affirmation selon laquelle il n’avait « pas pu dire non à Florentino Pérez », ZZ a remporté une nouvelle Liga avec le Real en 2019-2020 et une onzième Supercoupe d’Espagne… et puis c’est tout. La preuve que Zidane reste, toutefois, un excellent meneur d’hommes capable de maximiser le rendement de ses joueurs cadres (Ramos avait notamment terminé la saison dernière avec onze buts en Liga, et Benzema meilleur joueur du championnat espagnol devant Leo Messi). Son objectif initial de rebâtir une équipe compétitive a porté ses fruits avec les arrivées respectives d’Éder Militão, Rodrygo ou Ferland Mendy. Mais il a aussi connu quelques pommes pourries, comme Eden Hazard (160 millions d’euros, toujours dans l’effectif) ou Luka Jović (60 millions, prêté à Francfort).
Deux titres entre 2019 et 2021
S’il faut s’en tenir aux chiffres, le premier passage de Zidane sur le banc du Real (trois C1, une Liga, deux Supercoupes d’Europe, deux mondiaux des clubs et une Supercoupe d’Espagne) résonne indéniablement beaucoup plus dans la tête que le second. Cependant, Zidane aura montré un visage plus inventif dans une période très complexe de crise sanitaire où jongler avec les absences était devenu monnaie courante. Entre autres, le blocage des ailes d’un Atlético de Madrid qui marchait sur l’eau en Liga avec aucune défaite en douze journées de championnat (2-0) ou les schémas tactiques en 4-3-3 et 3-5-2 utilisés lors de sa double confrontation contre la redoutable Atalanta de Giampiero Gasperini (1-0, 3-1). Tout cela ne peut être enlevé à Zinédine Zidane. Sans oublier qu’après l’annonce de son départ, El Monje (Le Moine, en VF) reste le deuxième entraîneur le plus titré de l’histoire du Real Madrid (derrière Miguel Muñoz, avec quatorze trophées soulevés entre 1960 et 1972) et le deuxième entraîneur avec le plus de matchs au compteur (263, toujours derrière Muñoz et ses 605 rencontres). Il est peu probable qu’il y ait un jour un troisième mandat de Zidane au Real, mais une chose est sûre : le madridismo ne sera jamais contre. Même si actuellement, il est temps de lui dire au revoir.
Par Antoine Donnarieix