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Zidane sur la réserve
Des débuts ratés, mais pas à jeter. Tel est le résumé des prémices de Zinédine Zidane sur un banc de touche. Après trois matchs sous la guérite du Castilla, le Français n'a connu que la défaite. Des résultats qui pourraient inquiéter si le fonds de jeu était absent. Ce n'est pas le cas, ouf.
Dans le courant de l’année 1975, le Real Madrid Castilla, alors Real Madrid B, a occupé la dernière place d’un groupe de Segunda Division B, la troisième division nationale. Jusqu’à aujourd’hui, c’était la dernière fois que la réserve madridista pointait en queue de peloton des championnats professionnels d’Espagne. Zinédine Zidane n’avait alors que trois ans. Il en a désormais 42 et entraîne cette dite filiale merengue. En trois matchs pour autant de défaites, Zizou a réussi des débuts médiocres sur un banc de touche. En terme de résultats, en tout cas. Car malgré ce zéro pointé au classement, la – très – jeune équipe de l’ancien meneur des Bleus envoie du jeu et laisse espérer un futur loin de la zone de relégation. Pour ce, elle devra imprimer à la lettre les consignes de l’Astro frances – l’un des multiples surnoms de ZZ dans la capitale espagnole – et se débarrasser de foutus sautes de concentration qui ne lui ont fait goûter jusqu’à présent qu’à la défaite. À l’instar de son coach, le Castilla apprend. Mais jusqu’à quand ?
Des minots en manque de padre
Alors que son nom a un temps circulé du côté du Haillan, Zinédine Zidane a préféré rester au bercail cet été. Le challenge du Castilla n’en reste pas moins compliqué. Après une descente du second vers le troisième échelon national, la réserve madrilène doit remonter à hauteur de celle du Barça. D’une, car le Real reste le Real, autrement dit un club qui se doit de figurer tout en haut du panier, question de standing. Et de deux, pour que les jeunes pousses du club s’aguerrissent dans un championnat qui laisse la part belle au jeu. Comme ce qui se fait en France, le National espagnol – divisé en plusieurs groupes selon la région du club – est un championnat dense qui regorge d’équipes de vieux briscards. Dans cette division, le toque est une inconnue, la roublardise une force. L’effectif du Z regorge de jeunes pépites de la Fábrica, mais elle a perdu ses valeurs sûres. Suite à la descente de mai dernier, les cadres du groupe se sont fait la malle. Plus que du talent ou une mise à niveau, Zidane doit apporter assurance et offrir de l’expérience à ses minots.
Dimanche 24 août, à la mi-journée, le centre d’entraînement de l’Atlético de Madrid fait salle comble. Pour ses débuts officiels sur un banc, Zinédine Zidane affronte la réserve des Colchoneros. Séduisante, l’équipe coachée par le Français aime la possession et un positionnement haut. Les latéraux sont résolument offensifs, les attaquants mobiles et les sorties de balle propres. Après une demi-heure de domination, Raúl de Tomas offre un avantage mérité au Castilla. En deuxième mi-temps, patatras : les jeunes du Real sont étouffés par la pression et le jeu plus agressif de l’Atlético. Incapables de répéter les belles phases du premier acte, les minots blancs se font bouffer tout cru. En deux coups de boutoir, ils perdent leur avantage (score final 2-1). Sur son banc, Zinédine Zidane, toujours debout, casquette vissée sur le crâne, trépigne et s’agace du manque de concentration des siens. À quelques centimètres du terrain, il semble vouloir entrer sur le pré. Trop fébriles, trop « joueurs » , ils perdent leurs moyens et concèdent une première défaite. Le premier revers de Zidane l’entraîneur.
Jeu ouvert et portes fermées
Les deux rencontres suivantes, à domicile face à Getafe B (1-2) et sur la pelouse de Fuenlabrada (1-0), connaîtront le même scénario : un stade comble pour apercevoir l’idole, une domination madrilène, des sautes d’humeur défensives et un ZZ toujours aussi actif dans sa zone technique. Bilan, trois défaites en trois matchs. Au-delà de ces résultats négatifs, tout n’est pas à jeter. Sur le strict plan du jeu, l’équipe du Marseillais a les idées claires. Trop tendre, elle doit apprendre à gérer temps fort et temps faible, à dégager loin devant s’il le faut et ne pas partir à l’abordage. Cette concentration défectueuse agace Zidane et offre au Castilla le bonnet d’âne du groupe II de Segunda B. De fait, le Real Madrid ferme les portes aux médias. Depuis le début de saison, pas un point presse, pas une zone mixte ouverte. Le club offre du temps à son entraîneur et le protège, un peu trop d’ailleurs, murmure-t-on aux alentours du club. Malgré ce début de saison pourri par les revers, ZZ garde la confiance de son président. Florentino Pérez, qui rêve que l’on se souvienne de lui comme « le président qui a ramené Zidane au Real » . Après trois petites journées de championnat, son Castilla inquiète les comptables, mais rassure les esthètes. Il s’agirait désormais de contenter tout le monde pour évacuer les quelques doutes qu’ont semés les défaites.
Par Robin Delorme, à Madrid