- Liga
- J18
- Séville-Real Madrid (1-2)
Zidane, plus dure est la chute ?
Après avoir battu le record d’invincibilité en Espagne grâce à une série de quarante matchs sans défaite, le Real de Zidane s’est incliné dans les dernières minutes de manière cruelle à Séville. Plus que le revers en lui-même, ce sont les circonstances qui pourraient faire mal.
À cinq minutes du terme, les médias avaient déjà amorcé leurs conclusions. Ce Real-là était extraordinaire, imbattable, indestructible. Ce Real-là savait parfaitement quoi faire pour détruire un adversaire, comment le faire et quand le faire. Ce Real-là profitait de l’intelligence tactique insoupçonnée de Zinédine Zidane pour rouler sur tout le monde. Ce Real-là pouvait bien sembler inférieur, sur 80 minutes, à un costaud Séville, c’est lui qui avait les clés et qui décidait de l’instant d’un but. En vérité, devant sa télé ou au stade, simple amateur de football ou réel passionné, chacun a cru à ces constats lancés à la gloire de la Maison-Blanche. Et personne n’avait anticipé cette chute, terrible et si rapide. Car en l’espace de six petites minutes, ce Real-là est tombé.
Lui qui était invaincu depuis quarante matchs toutes compétitions confondues (battant du même coup le record d’Espagne obtenu par le rival barcelonais en 2015/16), lui qui avait mis tant de forces à combattre l’échec quelques jours auparavant contre la même équipe (revenu à 3-3 après avoir été mené de deux buts à sept minutes du terme), ce Real-là s’est fait piéger en deux temps-trois mouvements. Après avoir pourtant superbement joué le coup, attendu les locaux dans un inédit 5-3-2 bien structuré et marquant sur l’une de leurs seules opportunités (Cristiano Ronaldo sur penalty un peu après l’heure de jeu), les Merengues ont lâché d’un coup. Trahis par un coup de boule de leur propre capitaine, conspué tout au long de la partie, qui envoyait le cuir dans les filets de son gardien, réalisant le rêve de tous les fans présents au stade Ramón Sánchez Pizjuán. Achevés par Stevan Jovetić, qui plantait son couteau précisément au niveau du cœur, après une perte de balle blanche sur une touche anodine. Au sol, le Madrilène ne bougeait plus. Il ne s’est d’ailleurs toujours pas relevé, tant sa fin de série intervient de manière cruelle.
« En jouant trois matchs contre Séville en dix jours, il fallait essayer de faire autre chose, a tenté de se justifier Zidane pour beIN Sports, comme s’il avait déjà des explications à donner. C’est ce qu’on a fait. On les a surpris. On n’a pas concédé d’occasions pendant 85 minutes. On a aussi marqué. On avait fait le plus dur. Après, il nous a manqué un peu de lucidité à la fin. C’est dommage, mais on a tout donné. » Évidemment, ZZ sait que sa bande va trouver la force de digérer. Après tout, ce n’est qu’une défaite et elle devait arriver. Aujourd’hui, hier ou demain. Reste qu’après avoir attiré les louanges ces dernières semaines, le coach français sait aussi qu’il va sans aucun doute devoir (re)sortir le bouclier face aux (faciles) critiques médiatiques et aux (malhonnêtes) reproches journalistiques.
Surtout, ce revers intervient contre un adversaire coriace revenu à un seul petit point (avec un match en plus) dans une Liga relancée, qui fait office de priorité pour le club de Florentino Pérez. Sans oublier Barcelone, deux unités derrière, qui se frotte les mains après avoir apprécié le spectacle. Désormais, face à un gros poisson, le Real redoutera toujours un scénario identique à ce dimanche soir, là où une raclée lui aurait fait beaucoup moins de mal. Face à la presse, Zizou a bien tenté de dédramatiser, à raison : « On méritait mieux, certainement. Mais bon, c’est comme ça. C’est le football. Je suis déçu par le résultat parce qu’on espérait mieux. En même temps, on savait que ce jour allait arriver. C’est ce soir, maintenant ça ne va rien empêcher. On doit continuer à travailler. On savait que ça serait compliqué jusqu’à la fin. » N’empêche que s’il le pouvait, il signerait instantanément pour ne jamais avoir ouvert la marque. Ou pour échanger ce score avec celui de jeudi. Record battu ou pas.
Par Florian Cadu