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Zidane, le pompier de Florentino
Appelé en urgence pour prendre la relève de Rafa Benítez, Zinédine Zidane rend un immense service à Florentino Pérez en lui ramenant un semblant de paix sociale. Un pari déjà gagnant auprès de l’aficion madridista qui doit désormais se traduire par un jeu envoûtant. Et des titres, forcément.
Les mimiques restent les mêmes, seuls l’audience et le théâtre diffèrent. Et le message, aussi. « Zidane sera l’entraîneur du Real Madrid, mais il ne remplacera pas Rafa Benítez » , clame ainsi Florentino Pérez sur les ondes de la Cadena Ser en ce 18 décembre. Une affirmation dont il faut, deux semaines plus tard, supprimer la seconde partie. Car après deux succès moribonds face au Rayo Vallecano et la Real Sociedad, puis un dernier faux pas sur la pelouse de Mestalla, Rafa Benítez n’occupe plus le poste d’entraîneur du Real Madrid. Depuis ce lundi, et une officialisation aux alentours de 20h, Zinédine Zidane prend sa relève sous la guérite du Santiago Bernabéu. En soi, la fin d’un secret de Polichinelle qui commence dès le licenciement de Carlo Ancelotti en mai dernier. Déjà en pole pour prendre les commandes de l’équipe première, l’adjoint de l’Italien reçoit alors une fin de non-recevoir de la part du président merengue. Un principal mandataire aujourd’hui contesté par ses propres socios qui, en intronisant la légende Zidane, espère retrouver une certaine paix sociale auprès de son aficion. En attendant mieux.
Florentino Pérez : « Aujourd’hui encore, on me remercie de l’avoir recruté »
Ce climat apaisé, Florentino Pérez en rêve chaque nuit. Et il le sait mieux que quiconque, son meilleur allié pour rendre au Madridismo son unité s’appelle Zinédine : « Aujourd’hui encore, dans la rue, des gens m’arrêtent pour me remercier d’avoir recruté Zidane. Il a été mon joueur le plus emblématique, sur lequel j’ai misé, et a changé l’histoire. » Dans le dictionnaire merengue, l’histoire tourne autour des Ballons d’or et de la Ligue des champions. Une compétition que le Marseillais offre dès sa première saison blanche d’une reprise insensée face au Bayer Leverkusen. Treize ans plus tard, pour la conquête de la Décima, il n’est qu’à quelques mètres du pré, lui l’adjoint de Carlo Ancelotti. Bref, dans l’esprit des supporters madridistas, Zinédine Zidane renvoie à des heures glorieuses et est le digne héritier de sa majesté Alfredo Di Stéfano, fer de lance des cinq premières Coupes d’Europe madrilènes. Autrement dit, une figure quasi divine que personne, ou presque, n’ose critiquer. Et ça, Florentino Pérez, chafouin comme jamais avec une presse si influente, le sait.
Avant ce 4 janvier 2016 et son intronisation sur le banc merengue, Florentino Pérez laisse pourtant son temps au double Z. Pour preuve, il ne retrouve le Real Madrid que trois ans après sa retraite sportive. En 2009, alors sans casquette dans l’organigramme de Chamartin, il devient conseiller spécial du président. Un rôle flou qui lui permet de reprendre pied dans l’institution favorite des Espagnols. De même, il peut suivre les matchs de Ligue des champions depuis le banc de touche, ce qui presse l’omnipotent José Mourinho à le renvoyer dans les offices. La suite de son apprentissage l’emmène des salles de cours de Limoges aux terrains de Clairefontaine. Pour autant, tel un aimant, il revient toujours dans sa casa madrilène. Certain de vouloir faire carrière sur le banc de touche, Florentino Pérez lui offre alors le poste de second adjoint de Carlo Ancelotti derrière Paul Clément. L’Italien, qui a déjà eu sous ses ordres le Marseillais, en fait son relais auprès d’un groupe dont il connaît tous les anciens. Idem, il sert de passerelle entre cette vieille garde et la jeunesse dorée emmenée par Jesé et Varane.
Zidane et le fol espoir d’un Guardiola merengue
Son apprentissage d’un an auprès de Carlo Ancelotti effectué, Zinédine Zidane décide de sauter le pas. Aux bruits de couloir qui l’envoient du côté de Bordeaux, lui préfère prendre son temps et relève le défi de prendre en main la réserve madridista. Une mission que le quidam estime facile, mais qui se retrouve bien plus complexe. À la tête d’un Castilla rajeuni et descendu au troisième échelon national, il propose un jeu ambitieux qui ne trouve grâce aux yeux des fous de mathématiques. A contrario, son début de second exercice est une franche réussite : avec un effectif toujours plus juvénile, il fait de la réserve merengue un candidat à la montée. Ce, jusqu’à sa nomination sous la guérite du Bernabéu. Plus qu’une paix sociale déjà acquise, Florentino Pérez rêve follement d’une réussite à la Guardiola pour sa poule aux œufs d’or. « Entraîneur, je veux que mon équipe joue au ballon. Je veux la possession et un jeu basé sur des passes rapides, à deux, trois touches. L’idée est d’arriver très vite devant le but adverse, mais d’arriver en nombre. » Un discours de ZZ qui plaît, reste à savoir s’il permet de gagner.
Par Robin Delorme