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Zidane face à son destin

Par Nicolas Jucha, à Milan
4 minutes
Zidane face à son destin

À la veille de sa première finale de Ligue des champions comme coach, Zinédine Zidane est apparu sérieux mais souriant face à la presse. L'idée de pouvoir entrer dans l'histoire comme le premier entraîneur français titré en C1, c'est pour lui une expérience qu'il est « heureux de vivre ». Savoir profiter de l'instant présent, la recette du succès ?

« Non, je ne sens pas de différence, c’est la situation qui est différente, mais je suis heureux de vivre cette expérience. » Avant sa première grande finale comme entraîneur, Zinédine Zidane semble serein. C’est du moins l’image qu’il donne aux journalistes tassés dans la salle de presse d’avant-match à Giuseppe Meazza. Même s’il consent sur le ton de la boutade, « être nerveux à cause de tous ces journalistes qui(lui)posent des questions » . Visiblement, l’ancien meneur de jeu des Bleus est plus tendu d’attendre son tour. Pendant que Sergio Ramos et Marcelo font le job pour expliquer à qui veut l’entendre « que la finale va se jouer sur des détails » . Obligé d’attendre, Zizou affiche son tic traditionnel : déformer sa bouche ou se mâchouiller les lèvres pour passer le temps.

Mais une fois son tour de parler, pour évoquer le cas Cristiano Ronaldo, il sourit et se veut rassurant. Le Portugais sera de la partie. Comme à chaque fois qu’il a été à la veille d’un grand rendez-vous, il a décidé de kiffer plutôt que de cogiter. « On va bien dormir ce soir » , assure-t-il, car son équipe arrive pour la finale avec la conscience tranquille. Et il a bien insisté pour que ses joueurs l’aient : « Ce qu’ils ont fait est fantastique, ce n’est pas facile d’atteindre une finale. »

Materazzi s’est déclaré supporter du Real ? Quoi répondre à ce qu’il a dit ? C’est bien, mais je fais mon travail, c’est tout.

Une image pour illustrer comment il voit l’affrontement de demain ? « La cerise sur le gâteau » , en français dans le texte, alors qu’il répond dans la langue de Cervantès. À l’image d’un homme qui n’a jamais tremblé au moment de saisir ce que lui offre le destin, ni regretté quand il préférait répondre à une provocation tête dans le plexus de Marco Materazzi. Dans la salle, un journaliste lui rappelle que l’Italien s’est officiellement déclaré supporter du Real Madrid et de son travail depuis six mois. « Quoi répondre à ce qu’il a dit ? C’est bien, mais je fais mon travail, c’est tout. »

« On va courir, courir, courir… »

Et pour finir le travail, il va devoir déjouer les plans de Diego Simeone et d’un Atlético de Madrid dont on lui dit à l’envie que c’est l’équipe laborieuse de la finale. Quand son Real serait l’équipe des artistes délicats ? « Je ne m’attends pas à un match dur, mais à un match difficile. On va souffrir, car pour remporter une finale, il faut souffrir. Mais on sait souffrir nous aussi. » D’ailleurs, tel Churchill promettant sang et larmes, il promet des kilomètres à ses hommes. « Il faudra courir, courir, courir… » Et aussi « bien défendre avant tout, quand on n’aura pas le ballon » . Et pour être certain que ses protégés donnent le meilleur, rien de mieux que de leur passer la pommade, notamment quand on lui demande si la saison sera un échec en cas de défaite. « Non, je ne crois pas que la saison sera ratée, on ne nous enlèvera pas ce que l’on a fait jusqu’à présent. On a travaillé dur, on le mérite. »

L’Atlético de Madrid, c’est une équipe avant tout, donc cela ne sert à rien d’en enlever un joueur.

Même si ce n’est pas totalement de la loterie, il l’assure, tout a été fait pour ajouter une onzième Ligue des champions dans l’armoire à trophées : « On ne peut jamais prévoir ce qu’il se passe dans un match de football. En revanche, je peux vous dire qu’on est bien préparés. » Craint-il un joueur en particulier au sein des Matelassiers, Sergio Ramos ayant mentionné Antoine Griezmann comme le danger numéro un ? « L’Atlético de Madrid, c’est une équipe avant tout, donc cela ne sert à rien d’en enlever un joueur. » Comme dirait l’autre, dans ce cas, il n’y a plus qu’à… et qui vivra verra. Il y a deux ans, Carlo Ancelotti avait eu un début de vision prémonitoire, un soir de victoire à Lisbonne contre l’Atlético, en disant à Zizou qu’il lui souhaitait de vivre cela un jour à la tête de l’équipe première du Real Madrid. Il n’avait sûrement pas imaginé que cela pourrait arriver aussi vite pour Zinédine Zidane qui, en cas de victoire, serait le premier entraîneur français à soulever la coupe aux grandes oreilles. À seulement 44 ans et après six mois au plus haut niveau.

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Par Nicolas Jucha, à Milan

Tous propos recueillis en conférence de presse, par NJ

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