Il paraît que ton père était entraîneur d’une équipe nationale féminine, c’est vrai ?
Non, ce n’est pas tout à fait ça. En fait, mon père était professeur d’éducation physique et s’investissait beaucoup dans le foot. Il s’est notamment occupé du SCO d’Angers et de la section sport études. Autant te dire que les activités familiales du week-end étaient globalement centrées autour du foot. Grâce à son métier, il a eu l’occasion d’aller bosser au Canada et d’y monter une section sport études. Et c’est là-bas qu’il s’est intéressé de plus en plus au foot féminin, jusqu’à entraîner une équipe. En revenant en France, il s’est d’ailleurs occupé de la Croix-Blanche, qui avait plutôt un bon niveau. Mon plus jeune frère a également joué deux ou trois années en D2, mais c’était dans les années 80. C’était un tout autre monde. À l’époque, tu pouvais jouer une ou deux saisons au haut niveau sans pour autant être un professionnel.
Comment décrirais-tu le monde du foot aujourd’hui dans ce cas ?
Je pense qu’il prend trop de place dans la société. Le jeu est le même qu’à l’époque, mais l’état d’esprit a changé et l’univers me semble avoir été ravagé par des agents peu scrupuleux. On fait croire aux enfants que c’est facile, que le foot est un bon moyen de s’en sortir, mais c’est très utopique. Beaucoup se voient devenir de grands joueurs, mais la sélection pour devenir professionnel est tellement rude… Heureusement, les problématiques liées à la formation ont semble-t-il été réglées : aujourd’hui, de nombreux joueurs de L1 émergent avec leur bac en poche. Ça prouve qu’avoir la tête pleine ne t’empêche pas de jouer.
Toi, par exemple, tu as longtemps joué au foot, non ? Pourquoi tu as arrêté ?
J’ai joué intensément au foot jusqu’à mes 17-18 ans. J’ai même fait deux ans de sport études. Mais la musique a pris tellement d’importance, rapidement, que ce n’était plus compatible. Mais bon, si je me bougeais les fesses, je pourrais continuer à jouer aujourd’hui. D’autant qu’il y a une grosse culture rock et foot à Angers, où on peut se retrouver tous les samedis matins pour taper dans le ballon avec les potes. Ça ne me ferait pas de mal si je veux perdre un peu de poids (rires).
Il y a une grosse culture foot, mais Angers n’a jamais été un club qui fait rêver…
Oui, c’est avant tout un club familial qui survit sans avoir de grosses subventions de la part de la municipalité. Et puis ce n’est qu’une ville de 200 000 habitants, on mise donc essentiellement sur la formation et la stabilité.
C’est peut-être la bonne saison pour monter, non ?
Pourquoi pas ! Ça fait 3 ou 4 saisons qu’on est plutôt constant, mais la montée est peut-être encore un peu précipitée. Je sais que les joueurs ne renonceront pas, et c’est normal mais l’important est d’avoir des finances saines, de former de bons joueurs et de réaliser des saisons pleines. Ce n’est pas intéressant de monter si c’est pour faire l’ascenseur. Après, s’ils peuvent y aller, qu’ils y aillent, mais le plus important est vraiment de renforcer notre stabilité et de développer encore notre jeu collectif. C’est ce qui singularise le plus le jeu du club, surtout dans un monde du football où l’on glorifie les personnalités.
Tout à l’heure, tu parlais également de culture rock à Angers, elle se mélange à la culture foot ?
Oui, quasiment tous les rockeurs d’Angers aiment le foot. À l’époque, on se retrouvait même tous sur le terrain. Parfois, on jouait même avec les Wampas et la Mano Negra lorsqu’ils étaient de passage dans la ville. C’était l’occasion de faire un après-midi merguez-football (rires).
Pourtant le rock et le foot semblent encore se tourner le dos en France…
C’est parce que le rock est arrivé après, ou alors c’était du rock à papa genre Johnny. En Angleterre, c’est carrément plus populaire. Le fait que l’on surnomme George Best le cinquième Beatles, ça veut tout dire ! J’ai l’impression qu’ils sont moins dans l’intellectualisation ou dans la classification des pratiques. Heureusement, le rap entretient ce lien avec le foot en France.
Quels sont vos souvenirs marquants en matière de football ?
Hormis le plaisir que j’avais à jouer, je vais dire le match opposant l’Angleterre et l’Italie au dernier Euro. Il n’y a pas eu de buts, mais c’était super intense. En plus, Pirlo, que j’adore, a été très bon. Je me souviens qu’il tire le troisième penalty de la séance de tirs au but. L’Italie vient de rater le précédent et lui, il tente une Panenka. Niveau psychologie, ça demande une grosse maîtrise de soi.
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