Tu es fan du Stade rennais, c’est ça ?
Oui, voilà. J’ai habité à Rennes pendant huit ans. Je suis venu pour les Transmusicales de Rennes, je suis resté et j’ai fait partie de la scène musicale locale (en étant bassiste de Billy Ze Kick et les Gamins en Folie, notamment). Donc c’est lié à la ville : je supporte le Stade rennais parce que j’aime Rennes. Par exemple, je suis parisien depuis treize ans et j’arrive pas à supporter Paris pour autant. Il y a une proximité entre le club et la ville que je trouve plus franche. Surtout depuis quelque temps, parce qu’il y a des animations qui se font avec des groupes de Rennes. Donc j’ai été voir les matchs de la « grande époque » fin 90-début 2000 avec Bernard Lama dans les buts. La période Le Guen, quoi. J’ai décroché pendant la période Frei et je suis revenu en 2009. D’ailleurs, je bosse pas mal avec eux : ça fait quatre fois que je fais des ouvertures de match, notamment celle en demi-finale de Coupe de France récemment. La première fois, c’était en 2010 pour Rennes-Nice, ça s’était super bien passé. La seconde fois, en 2011, un peu moins : Rennes-Nancy, Nancy gagne et Rennes ne se qualifie pas en League Europa…
En même temps, tu reviens peut-être pas au meilleur moment…
Attends, à l’époque, on avait Moussa Sow, Mickaël Pagis. On a toujours de bons joueurs, surtout de bons attaquants. On avait Nicolas Douchez, aussi. On était contents de le voir partir à Paris ! Le pauvre, ça lui a pas réussi… Mais je crois qu’à Rennes, il y a toujours eu des problèmes d’entraîneur, en fait. Guy Lacombe, c’était pas la joie, quand même.
C’est surtout que le Stade rennais se colle une indécrottable image de loser.
C’est vrai. De toute façon, maintenant, les mecs de Rennes réussissent leur saison quand ils battent Paris. L’année dernière, ils ont été tapé le PSG et, pour eux, c’était bon. Et s’ils sont en finale de Coupe de France, c’est bon aussi. Ils peuvent terminer quinzième, seizième, ils s’en foutent. L’année dernière, une finale de Coupe de la Ligue, ça suffisait. Aller faire la fête au Stade de France, c’est suffisant pour le Breton. C’est attachant. D’ailleurs, je suis un club, je suis une équipe, mais ce qui m’intéresse vraiment au Stade rennais, ce sont les supporters. C’est pour ça que maintenant, je suis très lié au RCK, le Roazhon Celtic Kop. J’ai d’ailleurs passé tout le match avec eux en tribunes pour la demi-finale contre Angers. Pour la première fois, ils m’ont dit : « OK, tu peux venir ! » (rires)
D’ailleurs, le RCK a fini par régler ses problèmes avec le club ?
Bah, il y a toujours des problèmes entre les supporters et les clubs quand les équipes ne marchent pas. Tous. Suite à l’affaire de Nantes-Rennes, il faut savoir qu’il y a un chant très populaire du côté de Nantes qui s’appelle « Mais il est où le tifo ? » Les Nantais sont taquins. Ça me fait rire, tout ça. Le RCK, un peu moins.
Romain, le bassiste des Superets, fan du Stade rennais, m’a dit qu’au Stade de la route de Lorient, le kop était noyé dans une sorte de non-ambiance. Tu confirmes ?
Malheureusement, c’est vrai. Le Breton est bourru, on va dire : donc on va plutôt entendre des « Allez bande de feignasses ! » que des vrais chants de supporters. Mais c’est un problème de chants, avant tout. La dernière fois, je suis allé à Gerland et ils ont un kop fantastique pour ça. Ça n’arrête pas pendant tout le match. À Rennes, Galette-saucisse je t’aime, c’est faute de mieux, on va dire ! (rires) C’est déjà pas mal, ceci dit, mais c’est une chanson de bus… Je suis en train de bosser sur un hymne pour le Stade rennais, d’ailleurs. Faut que je le finisse. Parce que Qui ne saute n’est pas rennais, c’est pas possible.
Attends, c’est vachement bien Galette-saucisse je t’aime ! C’est unique !
Aller au Stade à Rennes, c’est aussi pour manger une galette-saucisse. Mais c’est un peu ridicule, une chanson à boire. Remarque, c’est aussi ça, la Bretagne. Et puis vaut mieux que les gens connaissent des paroles avec de vrais couplets. C’est toujours mieux qu’un Marseillais, enculés. Au moins, il y a une chanson. Mais quand tu vois Anfield Road chanter You’ll Never Walk Alone, t’as envie de ça. C’est le meilleur chant de supporters. Il y aurait moyen de faire ça. La Bretagne, c’est une région où il y a un bagad par ville. Sauf qu’en France, on fait lôlô.
Vu que tu fais des ouvertures pour le Stade rennais, il y a de la frite entre toi et Jacky Sourget ?
Oh non, tout se passe bien ! (rires) C’est la mascotte du club avec Erminig. Il ne me voit pas comme un concurrent, étant donné que je fais ça de manière ponctuelle pendant les grands événements.
Et un remix de Galette-saucisse, je t’aime, ce serait cool, non ?
Haha ! Lors du match Rennes – Saint-Étienne de l’année dernière au Stade de France, les mecs m’ont demandé de passer la chanson et le RCK m’a dit : « Non, s’il te plaît, fais pas ça, ça va nous foutre la honte au Stade de France ! » Donc je l’ai remixé, j’ai mis des riffs de guitare, j’ai fait venir un bagad et un tromboniste avec qui je bosse. C’est devenu un thème de fanfare et ça l’a fait. Il y a quelque chose de très bien avec les fans du Stade rennais : sur le forum du club, ça parle pas mal musique et plutôt bien. Des petits concerts garage qui ont lieu à Rennes, etc. C’est une vraie tradition. En plus, Bikini Machine, qui est l’un des meilleurs groupes de Rennes, a joué plusieurs fois pour le Stade rennais ; Didier Wampas est fan du club. Et c’est logique parce qu’il y a cette même ferveur populaire qu’on retrouve dans le rock et dans le foot. Donc il y a la place pour faire quelque chose.
Ton meilleur souvenir au Stade de la route de Lorient ?
Malheureusement, je n’ai jamais assisté à un bon match au stade, plutôt à la télé. Au stade, c’étaient plutôt des fulgurances : une passe flamboyante de Féret pour Alessandrini, un arrêt phénoménal de Costil. Moi, je suis un immense fan de Costil. Il a cette flamboyance. Il peut se louper sur des matchs, mais alors quand il fait des claquettes… Il fait partie des meilleurs. La défense, c’est pas le point fort de Rennes et lui, il est derrière et il tient la baraque. Là où un mec comme Mandanda ne la tient plus ! (rires) Costil, j’ai envie qu’il lui arrive quelque chose de fantastique.
Visiblement, t’es très branché gardien de but.
C’était le poste auquel je jouais quand j’étais gamin. J’aime le fait que t’aies pas grand-chose à faire pendant le match, mais qu’il faut être prêt à tout moment. Comme le batteur qui fait son solo de batterie. Moi, j’adore ça ! Et les gens aiment bien quand le batteur a son petit moment qui tabasse bien, comme ils aiment les beaux arrêts. Encore plus quand on les passe au ralenti. Il y a un côté Superman qui s’envole. C’est encore plus beau qu’une reprise de volée.
Qu’est-ce que tu as vu le plus dans ta carrière : des solos de batterie ratés ou des arrêts de gardien ratés ?
Des arrêts ratés ! Parce que dans un solo de batterie, c’est répété, la balle, elle va dans un seul sens ! Ceci dit, j’ai déjà vu un batteur perdre sa baguette en plein solo. Il avait voulu faire son Richard Kolinka en concert à faire tourner la baguette avec ses doigts et hop ! Envolée. Mais je crois que le truc le plus drôle que j’ai vu, c’est Breakbot qui envoie Jump au Parc des Princes. Il n’a même pas fait exprès… Moi, je l’aurais fait volontairement. À Rennes, en guise de chanson d’entrée de stade, on a Keltia de EV et je crois que c’est un groupe nantais. C’est drôle, quand même. Il y a deux ans, une boîte d’événementiel engagée par les Qataris m’avait contacté pour refaire tout l’habillage sonore du Parc des Princes. Ils voulaient faire un truc à la Chicago Bulls, très péplum. Tu entres dans le Parc, t’as peur, quoi. La sono du Parc des Princes est tellement mauvaise que ça l’aurait pas fait, on entend que les aigus. Bref, j’ai écouté l’ambiance du Parc des Princes et on s’était dit qu’il fallait changer Phil Collins, Who Said I Would ? Et les mecs du club nous ont dit : « Ah non, vous pouvez pas faire ça, c’est un truc historique ! » Ils m’ont demandé un remix et j’y suis pas arrivé. Jump pour l’OM, c’est désuet. Le fan de foot semble être bloqué sur les années 80. Au sujet de Marseille, j’ai appris que Seven Nation Army était officiellement attribué à l’OM lors d’une battle de supporters avant la finale de la Coupe de la Ligue 2013.
Quel est le meilleur chant de supporters en France, à ton avis ?
Ce que fait Lyon, c’est pas mal. Je me suis pas penché sur les paroles, mais les thèmes sont intéressants. Il y a Rivers of Babylon, et même Aida de Verdi. Je les imagine dans le local de répét’ : « Les mecs, j’ai une super idée ! On va reprendre Verdi ! » Non, mais je sais qu’ils s’inspirent des grands clubs européens. Verdi, c’est le Bayern de Munich. Finalement, le Galette-saucisse, je t’aime, c’est très français ! (rires)
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