Zebina : « La Juve doit toujours viser le titre »

La Juve va-t-elle détrôner l’Inter cette saison selon toi ?

On l’espère, on a déjà fait une belle démonstration contre la Sampdoria (5-1). Ça a montré à tout le monde que la Juve était bien là, en embuscade derrière l’Inter, et qu’on avait pour ambition de dépasser les Milanais. On ne peut pas avoir d’autre ambition que de gagner.

L’Inter semble moins bien en ce moment…

Oui, la différence de niveau est en train de se réduire progressivement avec l’Inter. On est de plus en plus proche et on espère les dépasser en fin de saison. On doit prendre les matchs sans pression et sans voir trop loin non plus : il y a Naples samedi, c’est la deuxième rencontre consécutive à la maison et nous devons prendre 6 points sur les deux matchs. La moitié du chemin a déjà été effectuée.

Comment le club gère-t-il la transition Del Piero/Diego ?

Alessandro, au-delà du joueur d’exception qu’il est, est très intelligent, il sait qu’il n’a plus 20 ans mais il peut nous apporter encore énormément. Il est un peu blessé actuellement mais il va revenir très vite et on a besoin de lui. Après, les deux peuvent cohabiter sur le terrain sans problème, Del Piero peut jouer en pointe comme ces dernières années, au cours desquelles il a été exceptionnel. Personne ne l’attendait à ce niveau à presque 35 ans. Il a montré le chemin à tout le monde.

Concernant ta situation personnelle ?

Je reprends un rythme de croisière et une régularité qui me permettent de revenir tout doucement à mon meilleur niveau, même si au bout de deux ans, ce n’est pas forcément évident. On ne peut pas non plus demander au corps de repartir comme ça d’un coup, il faut faire des réglages. Mais en tout cas, les tendons vont bien et je suis très content de ce que j’ai réussi à faire depuis le début de l’année. Il me reste à gérer la répétition des entrainements. Il faut continuer comme ça et je retrouverai la totalité de mes sensations. J’ai la confiance du club, de l’entraineur et de mes coéquipiers donc tout va bien.

Tu penses que David Trezeguet va retrouver une place de titulaire ?

Je pense qu’en attaque, il n’y a pas vraiment de titulaires. David a joué quelques matchs depuis le début de l’année et il fait partie des titulaires en puissance dans la tête de l’entraineur au même titre qu’Amauri ou Iaquinta. Il a démontré qu’il était présent, en grand professionnel qu’il est.

Le niveau du championnat a-t-il baissé selon toi ? On voit que les clubs italiens ont par exemple de plus en plus de mal à accéder au dernier carré en Ligue des Champions.

Ce n’est pas spécialement une question de niveau, mais plutôt une manière de jouer qui fait que le Calcio est très difficile sur toute une année, il faut gérer une pression énorme, rencontrer des équipes supposément plus faibles mais qui ont malgré tout progressé au niveau de leur jeu. Il n’y a qu’à voir le Milan AC : il fait partie des clubs qui ont eu les meilleurs résultats en Europe ces dernières années car ils ont développé un jeu qui est basé sur la conservation du ballon, un peu à l’espagnole, et le fait qu’ils se heurtent à des schémas plutôt défensifs au niveau national les empêche d’être réguliers dans le championnat. L’Inter a le problème inverse : ils écrasent le championnat depuis plusieurs années car ils sont très réguliers, notamment contre les équipes italiennes moins huppées, mais font rarement la différence en C1. En championnat, il faut savoir gagner contre toutes les équipes, et pas seulement les grosses, l’Inter a très bien compris ça. Le niveau d’ensemble a tendance à s’équilibrer, même si les clubs anglais où le Barca sont encore au-dessus et font jouer leur expérience et leurs qualités. C’est pour cela qu’on ne se fixe pas d’objectifs précis en Ligue des Champions, on va déjà se qualifier pour le tour suivant.

L’objectif est donc le championnat.

Cette année, c’est en tout cas le but le plus accessible. On a une très très bonne équipe, on est en train d’assimiler une nouvelle manière de jouer, en renonçant progressivement au 4-4-2 qui était notre marque de fabrique pendant des années. On s’adapte aux nouveaux choix tactiques de Ciro (Ferrara), et ça pourrait porter ses fruits et apporter de belles surprises.

Renoncer au 4-4-2 pouvait passer pour un pari risqué au départ…

Oui, mais c’est aussi les mouvements de l’effectif qui ont orienté ce choix. Après l’ère Moggi, une grande partie des meilleurs joueurs ont quitté le club, et c’est sûr que quand vous perdez un Vieira, un Mutu, un Ibrahimovic, un Cannavaro, ça fait une énorme différence et il y a un fossé à combler en très peu de temps. Il a donc fallu être patient.

Tu suis l’Equipe de France ?

Oui, bien sûr, mais je ne regarde pas vraiment les listes, si je suis convoqué on me passera un coup de téléphone. Parmi les défenseurs il y a eu Evra et Gallas au-dessus du lot ces dernières années mais sinon, ça se vaut. Chacun peut avoir sa chance, c’est surtout une question de régularité : quand on voit que des garçons comme Escudé ou Squillaci font de très bonnes choses en club et sont appelés, c’est porteur d’espoir. Si je retrouve mon meilleur niveau et que je joue régulièrement, on verra bien…

Tu regardes toujours la L1 ?

Oui, autant que je peux, mais en France, on joue le samedi soir et c’est souvent le jour de la mise au vert ici, et on n’a pas Canal + dans les hôtels italiens donc je ne vois pas souvent les matchs, sauf parfois le dimanche.

Ça ne pose pas problème aux tifosi que le président de la Juve soit un Français ?

Non, il y a une vraie tradition francophile à la Juve. La famille Agnelli reste très présente dans la gestion de la Juve et elle a voulu récompenser le très bon travail de Jean Claude Blanc au club pendant toutes ces années. Et ça semble correspondre aux attentes de résultats fixés par la famille. M. Blanc a eu l’occasion de devenir le président et c’est l’homme de la situation aux yeux de tout le monde. Il est très efficace, ambitieux et plein d’idées et il sait ce qui est le mieux pour la Juve, pour améliorer les choses au quotidien. Après qu’il soit français, ça passe vraiment au second plan…

Il avait choisi de se séparer de Didier Deschamps…

Oui, c’était sa décision, mais il a reconnu par la suite qu’il s’était peut-être trompé et qu’il avait fait ce choix un peu trop rapidement. On s’est contenté de respecter ce choix. Je n’étais pas dans la tête de Didier à ce moment-là, il avait rempli les objectifs, fait remonter le club, mais on ne sait pas tout non plus…

Juventus-Naples, ce soir à 18h

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