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Zé Roberto joue toujours… et sûrement mieux que vous
De ses premiers matchs en 1994 au Palmeiras version 2015 en passant par le Bayer 2002 et le Bayern qui suit, Zé Roberto a désormais plus de vingt ans de carrière professionnelle derrière lui. Itinéraire d'un quadra passé du statut de loser magnifique à celui de grand champion.
Pour beaucoup d’amateurs de foot, la saison de référence de Zé Roberto est sans conteste celle du Bayer Leverkusen perdant magnifique. En 2001-2002, les hommes de Klaus Toppmöller vont ainsi passer du paradis à l’enfer en quelques jours. Alors qu’ils avaient les cartes en main pour réussir une saison historique, les sociétaires de la BayerArena vont se vautrer totalement en dix jours. Avec cinq points d’avance à trois journées de la fin du championnat, le Bayer perd d’abord le championnat au profit de Dortmund à une journée de la fin. En finale de DFB Pokal, c’est Schalke 04 qui explose le TSV. Enfin, quatre jours plus tard, c’est une nouvelle défaite en finale de la Champions League face au Real Madrid de Zidane où il n’y a pas besoin d’en dire plus. Mais au-delà de l’humiliation d’avoir tout perdu sur le fil, le Bayer Leverkusen pourra se targuer d’avoir révélé au monde entier son milieu offensif Michaël Ballack, mais également son explosif ailier brésilien Zé Roberto, décisif au point que son absence pour suspension en finale de la Ligue des champions a certainement eu son importance dans le résultat final.
Première pige madrilène
Fin 2002, Zé Roberto boucle sa quatrième saison au Bayer 04 Leverkusen. Mais ce que beaucoup de gens ignorent, c’est que l’Allemagne n’a pas été son premier point de chute européen. Après des débuts prometteurs à 20 ans à Portuguesa, Zé Roberto honore sa première sélection nationale en 1995 contre la Corée du Sud. L’année suivante, il termine deuxième avec son club en Campeonato Brasileiro Serie A, ce qui lui ouvre les portes du grand Real Madrid où il débarque en janvier 97. Mais celui qui est alors encore latéral gauche ne s’acclimate pas aux côtés de Hierro, Redondo et Mijatović. Il remporte bien ce titre en 97 mais, après à peine quinze matchs joués, il retourne quelques mois à Flamengo histoire d’assurer sa place parmi les 23 Brésiliens sélectionnés pour la Coupe du monde en France.
C’est devant les supporters de la Beaujoire que Zé Roberto disputera ses deux uniques minutes du tournoi contre le Danemark en 1/4 de finale (victoire 3-2). Et c’est peut-être ces 120 secondes qui séduisent définitivement les dirigeants du Bayer. Quoi qu’il en soit, Zé Roberto rejoint Leverkusen dans l’été qui suit. « La partie la plus difficile (de son passage au Bayer, ndlr) fut la période d’adaptation à la vie à Leverkusen. Je suis arrivé en été, mais trois ou quatre mois plus tard est apparu un hiver très dur, avec de la neige et des températures sous -10°C. Rien que cela est difficile pour un Brésilien, et après vous avez la barrière de la langue » , expliquera par la suite l’intéressé au site FIFA.com. Le temps d’adaptation passé, s’ensuit donc une ère de superbe football. Épaulé par Ballack, Kirsten, Neuville, Ramelow, Lúcio, Schneider, etc, Zé Roberto délivre caviar sur caviar, marque subtilement ou en puissance et abasourdit son monde en arpentant sans lassitude ni fatigue son flanc gauche. Le problème, c’est qu’après quatre ans sur place, le Brésilien ne collectionne pas les titres, mais les deuxièmes places (cinq au total).
La frustration du Mondial, le réconfort bavarois
Après sa finale de LC ratée, Zé Roberto prend un deuxième coup sur la tête en apprenant quelques jours plus tard qu’il ne fera pas partie du noyau brésilien pour le Mondial 2002. « Felipão Scolari m’a appelé pour les deux derniers matchs de qualification, se souvient Zé Roberto sur le site FIFA.com. Le premier, c’était en altitude à La Paz et on avait pauvrement perdu (3-1). Et bien que nous ayons gagné notre dernière rencontre contre le Venezuela et que j’étais presque certain de faire partie de l’équipe, le coach a opté pour d’autres joueurs… » À 28 ans, Zé Roberto est parfaitement bien parti pour figurer dans tous les dictionnaires des losers du football, mais il change la donne en rejoignant le Bayern Munich à l’été 2002.
Avec les Bavarois, le défenseur reconverti depuis longtemps en ailier enchaîne trois doublés Coupe-championnat en quatre saisons. Son année 2006 est faste au possible : titulaire en Coupe du monde avec le Brésil, il est élu homme du match lors du 8e de finale contre le Ghana (oui oui, celui-là même où Ronaldo devient meilleur buteur de l’histoire de la CM). Il est également élu dans l’équipe FIFA de l’année, mais il quitte le Bayern Munich à cause de sa mauvaise relation avec le coach Felix Magath. En partant, il n’hésite d’ailleurs pas à égratigner le style de jeu de son futur ex-club qui ne parvient plus à dépasser les ¼ de finale de la CL depuis sa dernière victoire en 2001.
Énième jeunesse
Zé Roberto retourne donc un an au Brésil le temps de glaner un titre avec Santos… puis de revenir aussi vite au Bayern une fois Magath parti. Âgé alors de 33 ans, le Brésilien prend un rôle plus central aux côtés de Mark van Bommel. Après un nouveau doublé Coupe-championnat, le Bayern refuse de lui offrir un nouveau contrat de deux ans, il déménage donc à Hambourg. Au Nord de l’Allemagne, Zé Roberto ne remporte plus de titre, mais en profite pour déclarer vouloir devenir pasteur à la fin de sa carrière – il déclarera au magazine Bunte sentir « un appel à aider les gens. Ce qui m’est arrivé dans la vie n’est pas un accident. Dieu m’a donné une chance » -, mais il prendra également le temps d’aller défoncer Guingamp en Ligue Europa (1-5) et de battre un record en devenant le premier joueur étranger à dépasser les 331 matchs en Bundesliga (il en disputera 336 au total).
Après un an d’ennui à Al-Gharafa au Qatar – « La compétition, la pression et même les insultes des fans me manquent. C’est trop tranquille ici » , lâchera-t-il à Spiegel – Zé Roberto rentre au Brésil, à Grémio. Deux saisons qui devaient boucler la boucle, mais que nenni ! « Je peux dire que je suis dans la meilleure période de ma carrière » , déclare-t-il en novembre 2014 à Globoesporte, alors qu’il est sans club. C’est finalement à Palmeiras que le désormais quadragénaire s’est recasé depuis janvier. En cinq mois, il s’est déjà permis de marquer contre Corinthians, assurant du même coup un succès à Palmeiras, le premier depuis 2011 face aux rivaux de São Paulo. Mais ce qui reste comme l’événement le plus marquant de son passage à Palmeiras est cette incroyable et interminable causerie d’avant-match prononcée en février dernier avant une rencontre contre Audax. Parce qu’on a peut-être tendance à l’oublier, mais derrière ses coups de patte et sa vision du jeu hors pair, Zé Roberto était avant tout un leader, celui qui indiquait la voie. Un pasteur, quoi.
Par Émilien Hofman