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Zaven Bulut : « L’Arménie n’est pas un pays reconnu pour son football »

Propos recueillis par Eddy Serres
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À seulement 22 ans, Zaven Bulut a déjà un parcours assez atypique. Né en France de parents turcs issus de la diaspora arménienne, ce jeune milieu de terrain ne s'est malheuresement jamais imposé dans l'Hexagone. Passé par Saint-Étienne puis Marseille Consolat, il a dû attendre un retour aux sources pour s'épanouir réellement. Désormais à l'Ararat Erevan, le Franco-Arménien se livre sur sa nouvelle vie et le prochain match qui attend les Bleus.

Tu as atterri en Arménie il y a quelques mois. Quelles sont tes premières impressions sur le championnat ?

Ils privilégient plus le physique et la tactique qu’autre chose. La technique passe après, ici. À mes débuts, j’avais un peu de mal à m’y adapter, même si finalement les aspects que l’on travaille aux entraînements ne sont pas si différents de ce que l’on voit en France en général. Mais petit à petit, j’ai réussi à m’y faire.

Le pays vibre pour le football ?

Les Arméniens aiment vraiment beaucoup le foot ! Concernant le remplissage des stades en revanche, c’est très variable, en fonction du terrain et du club. Pour certains matchs à l’extérieur, l’ambiance est bonne et les stades blindés. Après, nous à Ararat, on joue dans un stade énorme, d’environ 70 000 places. Donc quand tu regardes les tribunes, tu as une sensation de vide. Et puis quasiment tous les clubs sont d’Erevan (la capitale, avec près d’1,3 million d’habitants, soit environ 42% de la population totale arménienne, ndlr), donc la répartition au sein de la ville est très inégale.

Pourquoi il n’y a presque aucun Français là-bas ?

À mon avis, la peur de l’inconnu. Pour beaucoup, l’Arménie n’est qu’un vestige de l’URSS. Le pays n’est pas reconnu pour son football, on ne parle jamais du championnat. En deux mois, je me suis facilement adapté, tout comme mes coéquipiers. Il y a même un Brésilien et un Américain !

Justement, comment tu te débrouilles avec la langue ? Je connais quelques très légères bases en arménien. Je ne te cache pas qu’à mon arrivée, je galérais. À force d’efforts, on arrive toujours à comprendre et à se faire comprendre. Et puis dans le pire des cas, il reste les gestes pour communiquer.

C’est une destination que tu conseilles ? Franchement, oui ! Il y a de quoi faire ici. Il n’y a pas tellement d’autres pays qui suivent le championnat, seulement l’Ukraine, la Russie, l’Iran, l’Azerbaïdjan. En fait, là où la diaspora arménienne est bien présente, quoi.

Tu as été formé en France, à Saint-Étienne tout d’abord, puis Marseille. Tu as des regrets sur ton apprentissage dans l’Hexagone ? Peut-être mon manque de maturité de l’époque. Après mes trois années d’aspirant à l’ASSE, j’ai eu mon premier appartement à Saint-Étienne grâce à un contrat de stagiaire pro. J’étais jeune, à peine majeur, et gagner toute cette liberté d’un coup ne m’a pas fait du bien. Je sortais pas mal. Mon rythme et mon hygiène de vie n’étaient pas compatibles avec les contraintes que doit s’imposer un footballeur professionnel et les entraînements que ça implique. Au bout d’un moment, la fatigue est venue.

Ensuite, tu as une année sans contrat. Qu’as-tu fait pendant cette saison ? J’ai joué dans un club de la communauté arménienne à Marseille, l’U.G.A Ardziv. Ça m’a permis de regagner de la confiance, après mon passage au Consolat Marseille, où tout ne s’est pas bien déroulé. Mais c’était surtout l’opportunité de me faire repérer. Le club avait des contacts avec des équipes arméniennes. Du coup, un jour, des recruteurs d’Ararat sont venus me voir après un match amical pour savoir si j’étais éventuellement intéressé pour jouer là-bas.

Tu as déjà rencontré des problèmes de corruption, dans un pays où ce fléau s’intensifie ? En suivant les rencontres, tu sens que les arbitres ne sont pas toujours impartiaux. J’ai l’impression que certains clubs ont même leurs propres arbitres ! Ce sont toujours les mêmes selon l’équipe que tu affrontes. À mon avis, les pots de vin tournent, malheureusement… Ça se matérialise par des temps additionnels interminables, par exemple. La Ligue ferme les yeux là-dessus, c’est vraiment dommageable pour le football arménien.

Parlons de ta rémunération. Te permet-elle de bien vivre ? Mon salaire actuel est de 2000$ par mois. C’est énorme là-bas. Surtout que l’Ararat Erevan a mis à ma disposition un appartement de fonction. Tous les soirs, je mange dans un restaurant brésilien qui appartient à mon club, aussi. Les dirigeants me demandent sans cesse si je ne manque de rien. Ce qui change réellement par rapport à ce que j’ai connu en France, c’est l’attention que l’on porte aux joueurs.

Pour en revenir au foot, ton club n’a pas très bien débuté le championnat… On n’a pas pris le meilleur des départs. Pour le moment, on a seulement 6 points en 9 matchs. Le club est à la limite de la zone rouge (seul le dernier du championnat est rétrogradé, ndlr). On remonte au fur et à mesure en ce moment. Un nouvel entraîneur a été nommé. Maintenant, les séances sont organisées en fonction des besoins de l’équipe. Avant, on avait beaucoup trop de tableau noir, sans travailler les points forts et points faibles de chacun. On perdait la plupart de nos matchs avec une grosse différence.

Tu n’avais pas peur que cela empire lorsque ton club a brutalement changé d’entraîneur ? Non pas vraiment, parce que je me suis rapidement rendu compte qu’il s’agissait d’un coach qui savait quoi faire. Le changement sur le terrain s’est vu dès son arrivée, puisqu’on a gagné notre premier match avec lui. C’est un Arménien, Samvel Darbinyan. Il a entraîné la sélection nationale par le passé. Un coach d’expérience et apparemment un grand joueur de ballon aussi.

Tu as pour souhait de pouvoir jouer une Coupe d’Europe à court terme ? Oui, comme tous les joueurs évidemment. Si l’on arrive à se redresser très rapidement, le club peut y arriver dès cette saison. Les trois premières écuries disputent les qualifications européennes : le champion la C1, son dauphin et le troisième les tours préliminaires de Ligue Europa.

Que vaut réellement la cuisine arménienne ? Les spécialités sont assez dépaysantes à vrai dire, même pour moi. Ce qui se fait beaucoup ici, c’est un genre de barbecue qu’ils accompagnent avec de la vodka. Une bouchée de viande et ils envoient un shot de vodka. Ils aiment beaucoup cet alcool, c’est culturel. Dans n’importe quel restaurant, tu trouveras une bouteille de vodka sur la table. Tous les hommes tournent à ça.

Et toi ? Je ne sors plus maintenant. Tout ça, c’est fini. J’ai retenu les leçons de mon passage à Saint-Étienne.

Tu suis l’équipe nationale arménienne ? Je ne regarde pas tous les matchs, mais je m’y intéresse forcément, oui.

Elle peut poser des problèmes aux Bleus ? S’ils avaient la totalité de leur groupe, pourquoi pas. Mais quelques cadres ne seront pas là. L’équipe n’est pas au complet, donc ça va être compliqué pour eux d’accrocher l’équipe de France.

Tu as comme projet de jouer pour l’Arménie ? Oui. Les espoirs arméniens m’avaient déjà convoqué. À l’époque, je jouais à Saint-Étienne, et le club m’avait bloqué. Les dirigeants ne voulaient pas que je rejoigne la sélection parce qu’on avait un match le week-end… En fait, cette convocation avec l’Arménie n’était pas prévu. Normalement, lors des rencontres internationales, il y a une trêve. J’ai été appelé une semaine avant et le coach ne m’avait pas laissé partir. C’est mon objectif désormais. Les officiels de la fédé sont d’ailleurs en train de m’en parler. Ils font tout ce qu’ils peuvent pour m’avoir un passeport arménien au plus vite.

Propos recueillis par Eddy Serres

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