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Zamparini s’accroche à son joujou
Alors qu'il était censé se retirer pour profiter d'une retraite dorée après quinze ans de présidence éreintants, Maurizio Zamparini a désavoué début juillet l'Italo-américain Paul Baccaglini, à qui il devait théoriquement céder l'US Palermo. De quoi créer en l'espace d'un mois un bordel monstrueux au sein du club sicilien. Et si le feu Zamparini n'était pas prêt de s'éteindre ?
Dans un autre monde, une autre réalité, Maurizio Zamparini est un homme apaisé. Un type soulagé d’avoir mis entre les mains d’un autre l’une des œuvres de sa vie, l’US Palermo, qui commençait à lui échapper alors que le club vient de descendre en Serie B. À 76 piges, Zamparini dit stop. Trop dur, trop éreintant de gérer au quotidien le club sicilien, se dit-il. Alors, lors de l’été 2017, il s’étire avec délectation, s’allonge sur un transat et profite de l’espace privé qu’il a loué une fortune sur la plage de San Vito Lo Capo, au nord ouest de la Sicile. Face à lui, une eau cristalline, une étendue de sable immaculée et, au loin, quelques créatures splendides que Maurizio se borne à zyeuter avec un petit sourire en coin. Voilà à quoi aurait pu ressembler l’été de Maurizio Zamparini : deux mois de relaxation apaisés et lascifs, à rêver au soleil. Sauf que, dans la vraie vie, Maurizio a fait exactement le contraire. De A à Z. Chronique d’un mois de juillet aussi imprévisible que Zamparini lui-même.
Summer madness
Le 2 juillet, « Zampa » a donné dans son style inimitable le coup d’envoi de l’été : Palerme n’est plus à vendre. En tout cas, plus au businessman Paul Baccaglini. Un homme pourtant présenté comme le nouveau président du club début mars via un communiqué, alors que Zamparini déclarait en parallèle être convaincu d’avoir trouvé « un président sérieux, quelqu’un de très intelligent. Je laisse Palerme entre de bonnes mains. » Problème : entre temps, le financier italo-américain n’aurait pas été capable d’offrir à Zamparini les ressources financières qu’il s’était engagé à fournir au printemps dernier. Selon Zamparini, l’écart entre l’offre théorique et celle qu’il a eue entre les mains est même énorme : « Baccaglini a proposé 20 millions d’euros payables en quatre tranches de cinq millions d’euros par an pour acquérir le club » . Un chiffre à des années-lumière de l’offre initiale qui, outre l’achat du club, garantissait à terme au moins 150 millions d’euros d’investissement au Palermo selon Zamparini : « Quarante directement injectés dans le club et 110 pour la construction d’un nouveau stade et le développement des nouvelles installations sportives. » Alors rapidement, le boss tranche: « Il y a eu des mois et des mois de fausses annonces. Maintenant, je suis certain que tout cela n’était bien que du vent. Vous savez combien d’argent j’ai mis dans Palerme ? Baccaglini et ses investisseurs, eux, n’avaient rien, tout simplement. » Affaire classée.
Poubelles, fraudes et ami de Michael Jackson
Revoilà Zamparini de retour à la case départ. Et Palerme se remet à bouillir, lassée de l’instabilité chronique qui plombe le club depuis plusieurs années. Lassée de Maurizio Zamparini, aussi, dont la gestion exubérante a fini par exaspérer les ultras. Le premier entraînement de la saison fin juillet dernier se déroule ainsi dans une ambiance plutôt détestable, ponctuée de nombreux « Zamparini va t’en » tandis que des tifosivont jusqu’à empêcher certains joueurs de rejoindre le terrain, en bloquant leur véhicule à l’aide de poubelles placées sur la route. Il faut dire qu’entre temps, Zamparini doit se farcir d’autres soucis qui ne sont pas de nature à calmer les tifosi: le 7 juillet, la Garde des finances italienne intervient plusieurs jours dans les bureaux du club, l’enquête portant, selon les journaux siciliens, sur une possible fraude liée à la comptabilité du club rosanero. Zamparini, lui, se dit parfaitement serein : « La Garde des finances est là simplement pour faire le point car je n’ai pas vendu le club à Baccaglini. Une fausse comptabilité ? Pour l’amour de Dieu, il n’y a absolument rien, tout est sous contrôle au Palermo. »
En parallèle, le vieux loup ne se démonte pas et s’active en coulisses. Quitte à entamer des négociations avec des repreneurs a priori complètement improbables. Comme l’Italo-Américain Frank Cascio, principalement connu pour avoir été le producteur et ami proche de Michael Jackson : « Oui, j’ai un accord de confidentialité avec Cascio. Pour l’instant, c’est le seul contact que je peux vous confirmer. Pour moi, il est le président désigné. Mais s’il ralentit l’affaire, cependant, je vais me bouger pour trouver un nouveau président. » En attendant, l’heure tourne, le mercato palermitain stagne et la grogne populaire grossit de jour en jour. Dans la nuit du 31 juillet au 1er août, un box de la Curva Nord du stade Renzo Barbera est retrouvé en feu, une alerte rapidement maîtrisée par les pompiers. La police n’exclut pas que l’incendie soit l’œuvre de certains ultras palermitains. Comme un ultime signe d’avertissement à un propriétaire qui a bien trop souvent joué avec le feu à leur goût.
Par Adrien Candau