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Zambie : Une qualification historique sur fond de polémique
Qualifiée pour les premiers Jeux olympique de son histoire, l’équipe féminine de Zambie a dû faire face à des accusations d’hyperandrogénie de la part du sélectionneur du Cameroun, son adversaire lors de la finale du tournoi de qualifications de la zone d'Afrique. Faute de preuve, la FIFA n’a pas ouvert d’enquête et les Zambiennes font la sourde oreille.
Le 10 mars 2020 est une date à marquer d’une pierre blanche pour l’équipe féminine de la Zambie. Victorieuses 2-1 du Cameroun lors du match retour du cinquième tour de la phase qualificative pour les Jeux olympiques, les Copper Queens (104e nation à la FIFA) se sont qualifiées pour les premiers JO de leur histoire, grâce à la règle du but à l’extérieur (défaite 3-2 à Yaoundé à l’aller, NDLR). Si cette qualification est historique pour le pays qui n’avait que deux participations à la CAN à son actif (quart de finale en 1995, phase de poules en 2018), la fête a été gâchée par Alain Djeumfa. Après la victoire de son équipe au match aller, le sélectionneur du Cameroun, classé 52e au classement FIFA, est sorti de ses gonds en accusant les Zambiennes d’avoir « deux hommes » dans leurs rangs, en citant « la numéro 11 (Barbra Banda) et la numéro 20 (Rachael Nachula). »
La Zambie a refusé une vérification corporelle
Une accusation portée par la Fédération Camerounaise de football, puis relayée par Alain Djeumfa devant la presse. « Ils ont utilisé des éléments irréguliers. La différence s’est faite aussi avec les garçons qui sont dans cette équipe, il ne faut pas se le cacher. Ils nous ont créé beaucoup de problèmes, parce qu’ils sont plus garçons que femmes. » Une grave accusation faite sans preuve dans une vidéo publiée par la Fédération Camerounaise sur Facebook, qui rend hilare les journalistes présents et qui ne choque pas au pays.
#ROADTOTOKYO2020 Réaction du coach des #Lionnes Alain Djeumfa. Zambie Cameroun ?? Mardi 10 mars 2020 à 15h Nkoloma Stadium #AllezLesLionnes pic.twitter.com/AGNKEASafY
— Fecafoot-Officiel (@FecafootOfficie) March 10, 2020
Le Cameroun avait déjà fait part de ses doutes avant la manche aller et « la Congolaise qui était déléguée du match a demandé à procéder à une vérification corporelle » des deux joueuses en question, indiquait le site Cameroon-info en citant une source « digne de foi » à la Fédération camerounaise (Fecafoot). Toujours selon le média camerounais, « le coach zambien et son staff se sont opposés. Ils ont dit qu’ils ont disputé les éliminatoires avec elles depuis le début, et que ça n’avait posé aucun problème partout ils sont passés. » Dans ce contexte, le Fecafoot aurait déposé une réserve auprès de la Confédération africaine de football (CAF), avant de demander à la FIFA d’ouvrir une enquête. Sans succès.
Malgré ce remue-ménage, la Zambie n’a jamais fait de commentaire sur l’affaire. Les médias locaux ont rappelé que les joueuses sont reconnues pour leur talent. Un talent démontré tout au long de la campagne qualificative, où les Cooper Queens ont d’abord bénéficié des forfaits de l’Angola et le Zimbabwe pour atteindre le troisième tour des qualifications continentales, le meilleur résultat de la sélection après deux échecs au deuxième tour en 2012 et 2016. Le parcours s’est poursuivi par des succès face au Botswana (2-0, 1-0) et contre le Kenya (2-2, 1-0), avant, donc, cette qualification face au Cameroun, huitième-de-finaliste du dernier Mondial en France.
La Fédération zambienne ne s’occupe des féminines qu’ « en cas de succès »
Menées par Bruce Mwape, les 18 joueuses ne viennent pas au Japon pour faire de la dentelle. « L’équipe nationale féminine de Zambie n’ira pas faire piètre figure. Nous détenons un plan et un programme solide pour nos joueuses qui les mettront en pratique lorsqu’elles se présenteront au camp. Nous n’irons pas seulement gonfler les effectifs aux Jeux olympiques prochains. Nous allons laisser notre marque » a prévenu le sélectionneur zambien. Malgré son inexpérience au niveau international (les 11 autres équipes ont participé à la Coupe du monde 2019), la Zambie veut s’appuyer sur sa jeunesse pour faire douter ses adversaires en poules (Pays-Bas, Chine, Brésil). Malgré l’absence de la vétéran Rachel Nachula (35 ans), la sélection pourra compter sur les jambes de feu de Barbra Banda, considérée comme l’une des meilleures joueuses de l’histoire zambienne à seulement 21 ans (28 pions en 36 sélections), ainsi que sur Rachael Kundananji, la serial buteuse du BIIK Kazygurt.
Dans leur bulle depuis le mois d’avril, les Zambiennes restent focalisées sur le terrain pour briller et pour envoyer un signe fort au football féminin et à leur Fédération.« Pour l’instant, nous nous développons… nous ne pouvons pas comparer notre ligue car ici, ils se concentrent davantage sur la ligue masculine, a expliqué Banda sur le site officiel des JO. Pour nous, les filles, ils ne s’occupent de nous que lorsque nous réussissons. Nous n’avons pas de sponsor, donc il est difficile de s’améliorer, mais je sais qu’avec le temps, nous progresserons petit à petit. Les conditions s’amélioreront tant que nous jouerons bien. » Alors que de nombreux obstacles se trouvent sur leur chemin, les Zambiennes n’ont qu’un seul objectif : faire taire les critiques sur le terrain.
Par Analie Simon