- CAN 2015
- 3e journée
- Gr. B
- Zambie/Cap-Vert (0-0)
Zambie et Cap-Vert se noient
Plus entreprenants, les Zambiens n'ont pas réussi à se défaire de Cap-Verdiens attentistes et peureux sous un déluge incroyable, et donc un terrain complètement détrempé. Les deux équipes ne passeront pas les poules.
Selon les données de la Banque mondiale, on note 228 mm de précipitations par an au Cap-Vert, contre 1 020 mm en Zambie, soit presque autant qu’en Irlande. Pourtant, aucune des deux équipes n’a su s’en sortir face à une pluie diluvienne, transformant le Nuevo Estadio de Ebebiyin en véritable piscine. Malheureusement, personne n’avait son petit pull marine, et donc, malgré la sortie du kick’n’rush, personne n’a réussi à marquer. C’est d’autant plus rédhibitoire que sur les quelques rares occasions, les joueurs des deux bords ont tout simplement manqué de justesse et d’adresse pour ne serait-ce qu’inquiéter les portiers, pourtant pas forcément sereins. Ce qui pousse les deux équipes vers la porte.
Robert Rainford
Conscientes de l’enjeu, les deux équipes entament la rencontre tambour battant, même si on entend plutôt des instruments à vent et que la pluie n’aide pas à maîtriser un ballon capricieux et fuyant. Dans ces conditions, difficile de mettre le pied dessus ou de construire quoi que ce soit. La Zambie, condamnée à la victoire, s’en sort dans un premier temps le mieux, en passant principalement par les côtés, mais les centres ne trouvent personne. Certes, tout le monde court, tacle, se donne, en revanche les passes et les contrôles, c’est une autre paire de manches, pas vraiment nécessaire avec cette chaleur. Bref, pas un match à mettre un esthète dehors, encore moins devant sa télévision. Signe qui ne trompe pas, les deux premiers ralentis proposés sont une frappe très largement au-dessus et un centre dans les bras du gardien.
La première véritable occasion est finalement une frappe de loin de Kalaba, que Vozinha Dias, fidèle à la tradition des portiers portugais, relâche dans les pieds d’un Kangwa finalement hors-jeu. Kalaba, capitaine zambien, qui est donc à peu près le seul joueur un tant soit peu dangereux, notamment sur coup franc. En même, il s’appelle Rainford, ce qui peut vouloir dire approximativement « Pleutdur » , « Robert » ou « cranson » . Sinon, niveau Cap-Vert, on est pas mal flingué par la mauvaise aventure de Calu, le milieu central, abonné aux enchaînements propres-passes ratées. On se remet alors aux coups de pied arrêtés, sans succès. Juste avant la pause, Valera, seul au point de penalty, rate complètement sa tête, avant que sur un nouveau coup franc, le ballon passe devant tout le monde avant de finir juste à côté.
Rien, toujours rien
En deuxième période, la pluie se transforme en déluge, rendant à peu près toute tentative de passe complètement inutile. À temps britannique, jeu britannique, avec un bon vieux kick’n’rush des familles, bien aidé par un vent en rafale. Chaque appui, chaque rebond soulève une jolie gerbe d’eau, plus d’une fois, le ballon est stoppé dans sa course, le tout dans un flou artistique total. Impossible évidemment de jouer au football. C’en est trop pour Ryan Mendes, remplacé par Djaniny, pendant que Mweene change de gants, soucieux de son adhérence. Le meilleur, c’est quand même les tacles dans les flaques, qui nous ramènent au temps béni de notre enfance.
Heureusement, la pluie finit par cesser à l’heure de jeu, ce qui permet au jeu de reprendre légèrement ses droits. Rien de bien fou, on va pas se mentir. Seul fait notable, l’entrée en jeu de l’autre mec connu du Cap-Vert, le Rémois Odaïr Fortes, jusqu’à ce que Kangwa ne rate une balle de match. Sinon, toujours niveau remplacement, le Cap-Vert continue dans la blague avec Kuca, qui a perdu la racha. La fin de match est complètement décousue, les deux équipes se rendant compte qu’il faut marquer, mais les joueurs étant tout simplement cramés. Comme un symbole, la Zambie, plus entreprenante, a une dernière balle de match, mais ça passe à côté. Comme ce match, qu’on peut oublier.
Par Charles Alf Lafon