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Zagadou, dur et dingue
Inconnu du grand public en France, le défenseur central de 18 ans Dan-Axel Zagadou a vécu deux belles premières avec le Borussia Dortmund ce week-end face à Hanovre. Son premier but et son premier carton rouge. Le tout dans le même match. Suffisamment rare pour être souligné. Zagadou, c’est encore une pépite formée au PSG qui prend son pied loin de la capitale. Un mal récurrent pour le club parisien, mais pour Zagadou, promis à tous les grands clubs, c’est un choix réfléchi et justifié.
Au cœur d’un été brûlant pour le PSG, certains départs sont passés inaperçus aux yeux du grand public alors qu’ils ont meurtri certains suiveurs du club de la capitale, et notamment les amoureux des équipes de jeunes, les « titis » comme on dit. Dans le lot du va-et-vient estival, le PSG a perdu sa charnière U19 promise à un avenir radieux. Au cœur de cette génération 1999, le capitaine de la catégorie Mahamadou Dembélé a signé son premier contrat professionnel en Autriche, au RB Salzbourg, alors que son acolyte Dan-Axel Zagadou (millésime 1999 aussi) a rejoint Dortmund pour cinq ans. Les deux centraux ont refusé de signer pros dans leur club formateur. Ce qui n’est pas une nouveauté sous QSI après les départs du prometteur central Mamadou Doucouré (génération 1998) à Mönchengladbach durant l’été 2016 où les exemples bien connus de Moussa Dembélé (né en 1996 et qui évolue au Celtic aujourd’hui) et bien entendu Kingsley Coman, parti à la Juventus avant de filer au Bayern Munich.
En attendant l’effet Luis Fernandez…
Au sein du club francilien, cet exode massif chez les jeunes les plus prometteurs est un vrai souci. L’arrivée récente de Luis Fernandez au poste de directeur sportif du centre de formation doit, en partie, stopper cette hémorragie. En attendant, alors que le club a cherché durant tout l’été un défenseur central numéro 4, son ancien stoppeur en U19 fait les beaux jours du Borussia Dortmund. Quatre mois après son arrivée dans la Ruhr, force est de constater que le choix de Zagadou est payant. Certains ont analysé ce départ sous le prisme du porte-monnaie. En fait, comme tous les jeunes partis chercher du temps de jeu ailleurs (Jean-Kevin Augustin compris), les « titis » ne veulent pas subir le sort de Callegari, Georgen ou Bernède. Des talents précoces, doués, qui perdent leur temps avec la CFA. « Je me suis décidé en toute conscience, parce que le BvB est un grand club, qui réussit toujours à intégrer de jeunes joueurs en équipe professionnelle et à les perfectionner au plus haut niveau.(…)Je me réjouis et j’ai hâte de découvrir mes nouveaux coéquipiers, le stade et les fans. Je souhaite complètement mûrir à Dortmund » , a notamment scandé Zagadou sur le site officiel de Dortmund lors de son arrivée en juillet.
Le défenseur central de demain
Même s’il demeure un immense espoir à son poste, en plus d’être une montagne physique (1,96m et un beau pied gauche), Zagadou voulait progresser et donc jouer. Quelles sont les perspectives de temps de jeu en charnière quand vous avez devant vous Thiago Silva, Marquinhos et Presnel Kimpembe ? Compliqué. À Dortmund, la concurrence est moins grande et plus abordable : Bartra, Sokratis, Toprak. Zagadou a donc fait le choix de l’étranger après un bras de fer de plus de six mois avec son club formateur. Six mois durant lesquels le natif de Créteil a été mis au placard. Privé de CFA et de Youth League en seconde partie de saison l’an dernier – ce qui est souvent la seule alternative quand un jeune refuse de signer son premier contrat professionnel –, Zagadou a finalement rejoint l’Allemagne libre. Le PSG a pris moins de 500 000 euros d’indemnités de formation pour un garçon qui pourrait, d’ici peu, rapporter bien plus.
Pilier des équipes de jeunes chez les Bleus (36 sélections réparties entre les U16, U17, U18 et U19), Zagadou est attendu comme le défenseur central de demain. Son CV a été coché par tous les recruteurs européens depuis ses débuts en jeunes. Que ce soit avec le PSG (notamment en Youth League) ou avec les équipes de jeunes en équipe de France, le gaucher impressionne. De lui se dégagent une force et une maturité fabuleuses. Avec un prénom à jouer dans un groupe de hard rock des années 1990, Zagadou a pris le chemin du pays où le combo veste en jean-pin’s est encore à la mode, histoire de s’implanter en équipe première rapidement.
Titulaire à… gauche
Avec déjà onze apparitions au compteur (dont la majorité en tant que titulaire ainsi que dix minutes en C1 à Tottenham), le natif de Créteil a validé son choix. Plus étonnant, notamment compte tenu de son gabarit, le gaucher a joué la plupart de ses matchs au poste de latéral gauche sans que cela ne semble le déranger outre mesure. À Paris, on regarde forcément son apprentissage. Alors quand Zagadou a connu un drôle d’ascenseur émotionnel contre Hanovre, samedi (défaite 4-2), en inscrivant son premier but en Bundesliga avant de recevoir son premier carton rouge, c’est toute la formation parisienne qui a eu le cul entre deux chaises. Content de voir qu’un produit maison – un de plus – s’exporte si bien ailleurs, mais déçu de n’avoir jamais réussi à lui trouver une place, au chaud, dans la rotation parisienne. Entre le cœur et la raison, Zagadou a choisi.
Par Mathieu Faure